Les participants au sommet discuteront en outre du programme de développement de missiles balistiques et d’armement nucléaire de la Corée du Nord. Crédit : Kommersant
L’hôte du sommet, le Premier ministre britannique David Cameron, souhaite que les leaders du G8 qui se rendront à Lough Erne se rappellent des origines du forum. En 1975, une « rencontre au coin du feu » rassemblant les dirigeants de sept États avait été organisée au château de Rambouillet à l’initiative du président français. Ses conclusions avaient été reprises dans une déclaration d’à peine 15 points.
Voilà que presque 40 années plus tard, le Royaume-Uni, qui présidera le sommet, propose un forum fondé sur ces principes d’origine. Il ne devrait donc pas y avoir de communiqué prolixe, de longs cortèges de voitures ou d’armée accompagnant les représentants des États. Les leaders du G8 comptent appeler chacun à ses responsabilités pour que les bonnes intentions se transforment en actes concrets afin de renforcer la paix et la croissance de l’économie mondiale.
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Les mesures visant des objectifs à moyen terme, le Royaume-Uni devra collaborer de manière plus active avec la Russie, qui reprendra la présidence du G8 en 2014. C’est pourquoi il n’est pas surprenant que la première rencontre « en marge » du sommet rassemble autour de la table Cameron et le président russe Vladimir Poutine.
Selon David Cameron, le programme économique du sommet se concentrera sur les « trois T » : trade, tax and transparency (commerce, fiscalité et transparence). « Il s’agit de trois facteurs de croissance indispensables », a ainsi expliqué le chef du gouvernement britannique. Il espère que le G8 réalisera des avancées significatives dans les négociations concernant le commerce international, en particulier dans les domaines du commerce transatlantique, du partenariat dans le cadre de l’UE et de la levée des formalités douanières bureaucratiques aux frontières.
Cameron attachera cependant une importance plus grande encore à la coordination des mesures des pays du G8 dans la lutte contre l’évasion fiscale, notamment en créant un système d’échange d’informations sur les entreprises respectives. « Il faut des mesures véritablement efficaces de lutte contre la fuite des capitaux. C’est pourquoi il est nécessaire de développer un système d’échange de renseignements et de mettre en place de nouvelles règles de contrôle sur les sociétés », a déclaré le premier ministre britannique aux journalistes à la veille du sommet.
L’agenda politique du sommet comprend quant à lui les questions relatives à la lutte contre le terrorisme international, à la non-prolifération des armes de destruction massive, au commerce illégal d’armes conventionnelles et aux conflits régionaux. Le gouvernement britannique souhaite également profiter de ce G8 pour mettre en avant le besoin de combattre les violences sexuelles sur les femmes et les enfants en temps de guerre.
La Russie est d’accord sur la nécessité d’une réaction déterminée et de graves sanctions contre les violences sexuelles. Mais selon le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ce problème doit avant tout être résolu sur la base des résolutions relatives à la violence déjà adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale de l’ONU. « Il est important d’accorder une attention tout aussi forte à l’ensemble des crimes qui persistent dans le cadre des conflits armées », a indiqué Lavrov.
Le sommet abordera également la question de la guerre en Syrie, qui dure depuis plus de deux ans et a déjà coûté la mort à plus de 80 000 personnes. Malgré une série de différends, Moscou et Washington proposent de faire le maximum pour organiser une conférence internationale sur la Syrie et instaurer un dialogue entre le gouvernement du pays et l’opposition. L’utilisation d’armes chimiques en Syrie sera un des sujets de la rencontre entre Vladimir Poutine et le président américain Barack Obama « en marge » du sommet, selon une déclaration de l’ambassadeur des États-Unis en Russie Michael McFaul datant du 13 juin.
Les participants au sommet discuteront en outre du programme de développement de missiles balistiques et d’armement nucléaire de la Corée du Nord. « Si la Pyongyang effectue à nouveau des tirs de missiles et des essais nucléaires, nous sommes prêts à prendre des mesures sérieuses pour l’isoler davantage », a prévenu le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague.
La Russie s’oppose néanmoins fermement à ce que les actes de la Corée du Nord soient utilisés comme prétexte pour renforcer la présence militaire dans la région, réintroduire des armes, déployer le système de bouclier antimissile ou tout autre décision sortant du cadre de la neutralisation de la menace que représente réellement le programme nucléaire de Pyongyang. Pour Moscou, la solution se trouve sur le terrain politique et diplomatique et la reprise des pourparlers à six (avec la participation de la Russie, de la Chine, de la Corée du Nord, de son voisin du Sud, des États-Unis et du Japon).
Un dialogue politique étape par étape fondé sur la réciprocité pourrait aussi servir de modèle afin de régler le problème du programme nucléaire de l’Iran. En Russie, on estime que les récentes négociations à Almaty et Istanbul entre le « G6 » des médiateurs internationaux (cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne) et l’Iran démontrent qu’un tel dialogue offre de réelles perspectives. Cependant, l’Occident explique l’absence de progrès dans les discussions par le fait que Téhéran gagne du temps en continuant de perfectionner ses technologies nucléaires.
Le sommet visera également à développer une approche commune en ce qui concerne la situation au Proche-Orient. Les ministres des Affaires étrangères des États membres du G8 reconnaissent que l’impasse sur la question palestinienne s’est clairement renforcée et qu’il faut absolument débloquer le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens. Ils souhaitent notamment que des médiateurs internationaux chargés du conflit au Proche-Orient se rencontrent au plus vite. De plus, Moscou insiste sur l’implication des États arabes, ainsi que des Israéliens et des Palestiniens au processus du Quartet pour le Moyen-Orient (Russie, États-Unis, Union européenne et ONU).
Toutes ces propositions seront-elles reprises dans le communiqué final du sommet ? Cela dépendra du déroulement des négociations entre les participants.
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