Selon le ministre russe des Affaires étrangères, la Russie ne compte pas fournir d'armes à la Syrie en plus des contrats déjà conclus. Crédit : Reuters
La Russie ne compte pas fournir d'armes à la Syrie en plus des contrats déjà conclus. C'est ce qu'a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov vendredi à Varsovie, où il a rencontré ses homologues allemands et polonais, Guido Westerwelle et Radoslaw Sikorski.
« La Russie n'a pas l'intention d'en vendre ultérieurement. Les livraisons ont eu lieu il y a longtemps, le pays a signé des contrats et achève actuellement la livraison de matériel conformément à ces derniers. Ce sont des systèmes antiaériens, qui ne sont pas interdits par les normes internationales, a déclaré M. Lavrov. Il s'agit d'une arme défensive, destinée à ce que la Syrie (...) ait la possibilité de se défendre contre les attaques depuis les airs. Et comme nous le savons, cela ne tient pas de la science-fiction ».
A la veille des consultations dans la capitale polonaise, certains médias occidentaux ont affirmé que Moscou livrerait à Damas des systèmes de défense antimissile S-300. La réaction a été instantanée : le Premier ministre britannique David Cameron a soulevé la question le 10 mai lors de pourparlers avec Vladimir Poutine à Sotchi, et le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a interrogé sur ce point M. Lavrov à Varsovie.
Moscou veut créer d'ici 2015 une base aérienne en Biélorussie voisine, qui accueillera des chasseurs russes. Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a visité Minsk le 23 avril à cet effet. Selon les accords préliminaires, la première unité de chasseurs sera déployée en 2013. Deux ans plus tard, un régiment d'aviation russe apparaîtra en Biélorussie. En outre, en 2014, la Russie fournira quatre divisions de S-300 pour protéger l'espace aérien de la Biélorussie. Les propositions de M. Choïgou n'ont pas suscité d'objection de la part du président biélorusse Alexandre Loukachenko. Mais trois jours plus tard, le chef de l'Etat biélorusse a affirmé qu'aucun accord n'avait été conclu au sujet de la base.
A Varsovie, M. Lavrov a répondu à la question de La Russie d'Aujourd'hui cherchant à savoir si l'on pouvait considérer la création d'une base aérienne russe en Biélorussie comme une réponse de Moscou au système de défense antimissile en Europe.
« D'un point de vue militaire, les forces aériennes n'ont aucun rapport avec la défense antimissile, a déclaré le ministre russe. Pour neutraliser les risques potentiels, il y a d'autres moyens ». Il a rappelé que la Russie et la Biélorussie étaient des alliés, y compris dans le domaine militaire. « Nous avons un Traité sur l'État de l'Union, dont les mécanismes fonctionnent. Les missions défensives sont réalisées de manière harmonisée. Je ne vois aucune raison de s'inquiéter à ce sujet », a déclaré M. Lavrov.
Répondant à la réaction possible de l'Allemagne et de la Pologne à la mise en place d'une telle base aérienne, M. Westerwelle a déclaré : « La principale chose que nous devrions viser est le renforcement de la confiance ». La réponse de Sikorski s'est avérée plus précise: « La Pologne ne veut pas s'engager dans une course aux armements dans son voisinage ». L'apparition de la base aérienne russe en Biélorussie « nous préoccupe, et nous souhaiterions que cela n'ait pas lieu », a-t-il ajouté.
Il est clair que l'Union européenne ne souhaite pas avoir d'avions de chasse russes supplémentaires à ses frontières orientales. À cet égard, M. Lavrov a dû réaliser quelques précisions : « J'ai souvent évoqué le rapprochement de l'infrastructure militaire en direction des frontières de l'Etat russe. Lorsque le Pacte de Varsovie a disparu, on nous a assuré que l'OTAN ne s'étendrait pas vers l'Est, puis l'Alliance s'est élargie. On nous a également assuré que le territoire des nouveaux membres de l'OTAN n'accueillerait pas de forces de combat permanentes de taille importante: tout cela a été violé, rien n'a été tenu. L'infrastructure militaire de l'OTAN s'est réellement déplacée vers l'est, près des frontières russes. Nous n'en faisons pas une tragédie ».
Selon M. Lavrov, Moscou, Berlin et Varsovie ont une compréhension générale du fait que la Russie et l'OTAN ne sont pas des ennemis : ceci est inscrit dans les documents adoptés au plus haut niveau. « En ce sens, la Pologne et la Russie ont il y a quelque temps soutenu l'initiative allemande de projet visant à renforcer la confiance dans la zone euro-atlantique. Nous sommes co-auteurs du document pertinent au sein du Conseil Russie-OTAN. J'espère que les autres membres du Conseil soutiendront notre initiative conjointe », a-t-il dit.
Dans l'ensemble, les ministres se sont abstenus de dramatiser la situation. La rencontre de Varsovie constituait la troisième à ce format : en 2011, les consultations ont eu lieu à Kaliningrad, et en 2012 à Berlin. MM. Lavrov, Sikorski et Westerwelle ont convenu que la prochaine réunion annuelle aurait lieu à Saint-Pétersbourg, ce format ayant prouvé son efficacité et sa fiabilité.
Selon M. Lavrov, le format Russie-Allemagne-Pologne au niveau des ministres des Affaires étrangères est utile à la recherche de nouvelles idées pour renforcer la coopération pratique entre les trois pays et le développement du partenariat stratégique entre la Russie et l'UE. Un tel « brainstorming » pourrait éventuellement aider la Russie et l'Union européenne à conclure les négociations sur le régime sans visas. A Varsovie, aucun calendrier concret n'a été cité par les ministres, qui ont toutefois déclaré que les pourparlers allaient dans la bonne direction.
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