Le conseiller pour la sécurité nationale Tom Donilon se rendra en mission spéciale à Moscou, où il sera chargé de remettre à Vladimir Poutine une lettre dont l’objet reste confidentiel. Crédit : Getty Images / Fotobank
Fin janvier, Barak Obama a prévu d’envoyer un émissaire à Moscou pour une rencontre avec le président russe. Ce sera la première tentative de Washington de sortir de l’impasse ses relations avec la Russie. Objectif : exposer la vision de l’avenir des relations russo-américaines durant le deuxième mandat d’Obama et de persuader que le « redémarrage » n’est pas enterré.
Au mois de janvier, après l’investiture à la Maison Blanche de Barak Obama, son conseiller pour la sécurité nationale Tom Donilon se rendra en mission spéciale à Moscou, où il sera chargé de remettre à Vladimir Poutine une lettre dont l’objet reste confidentiel. Seuls le secrétaire d’Etat à la défense Nikolaï Patrouchev et l’ambassadeur des Etat-Unis Michael McFaul, assisteront à cette rencontre.
Une source diplomatique américaine a déclaré que « Barak Obama veut signifier qu’il ne faut pas faire une croix sur le « redémarrage » et, malgré les désaccords, tenter de trouver les points de convergences pour renverser la tendance actuelle de déterioration des relations entre les deux pays ». Par ailleurs, selon la source, pour la Maison Blanche, l’espace post-soviétique n’est pas une priorité en politique étrangère. Elle dirige davantage son attention sur l’Asie (« dissuasion de la Chine »), sur le Moyen-Orient et l’Europe.
Cette dernière question est fondamentale pour le Kremlin. Elle est préoccupée, en effet par les tentatives des Etats-Unis d’éloigner la Russie des ex-républiques soviétiques, qu’elle considère pourtant comme sa sphère d’intérêts. La déclaration d’Hillary Clinton, en décembre dernier, qui promettait de prendre des mesures contre « la resoviétisation de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale » avait provoqué une vive réaction. En réponse, le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a même accusé Mme Clinton d’incompétence. Tandis que Vladimir Poutine a déclaré devant le Conseil Fédéral que la Russie ne permettrait pas aux forces extérieures de porter atteinte à ses intérêts nationaux.
Dans sa dernière « Conception de la politique étrangère de la Russie », l’espace postsoviétique figure comme la priorité de la Russie. La source diplomatique américaine a précisé que la déclaration d’Hillary Clinton reflète « son avis personnel et non pas la position officielle des Etats-Unis ».
Cette position devrait sûrement se refléter dans le message d’Obama. Si la réaction de Moscou est positive, cette visite de Donilon devrait préparer le terrain pour une visite de Barak Obama. Le Kremlin souhaiterait accueillir le président américain dans la première moitié de l’année pour éviter qu’elle ne soit trop proche du sommet du G20 qui se tiendra à Saint-Pétersbourg en septembre prochain.
Evoquant cette visite en novembre dernier avec le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov, Hillary Clinton a précisé qu’elle devrait avoir un contenu sérieux, c’est-à-dire amener à la signature d’accords concrets. Samuel Charap, expert à l’Institut international de recherche stratégique de Washington considère que « la visite d’Obama avant le G20 n’est envisageable qu’en cas d’une avancée sur le contrôle des armements et la non-prolifération ».
« Je ne dirais pas que les pourparlers sur le bouclier anti-missile sont dans l’impasse, et si les deux parties arrivent à trouver un compromis, les négociations sur la réduction des armements nucléaires pourront reprendre. D’ailleurs, les deux pays travaillent sur un document visant à remplacer l’accord de Nunn-Lugar, qui arrive à terme. Ce « panier nucléaire » est une priorité d’Obama dans les relations avec Moscou. »
Les Russes restent plus sceptique quand aux possibilités d’un progrès dans ce domaine. Etant donné les désaccords qui subsistent sur l’ABM, Ïouri Rogoulev, directeur du Fond de recherche Franklin Roosevelt sur les Etats-Unis de l’Université de Moscou, considère que les seules avancées possibles concerneront l’Afghanistan et les relations économiques.
« Sur un événement d’aussi grande ampleur que le retrait des troupes d’Afghanistan, les Etats-Unis ne peuvent se passer de la Russie. Son aide en Afghanistan après 2014 reste également un élément indispensable. Obama est intéréssé par un renforcement de la collaboration dans ce domaine », affirme Rogoulev.
Selon lui, la coopération économique peut prendre le dessus sur la politique car « Moscou n’est pas la seule intéressée et le président Obama ne peut pas ignorer les intérêts du milieu des affaires américain ».
Article original (en russe) disponible sur le site de Kommersant.
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