Prolétaires en jupes: photographies des femmes ouvrières d’URSS

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Il existait en URSS une égalité des sexes quasi utopique. Les femmes occupaient de hauts postes au gouvernement, étaient d’éminentes scientifiques, combattaient au front, mais œuvraient également dans les usines et sur les principaux chantiers du pays, aux côtés de leurs homologues masculins.

 Des batelières tirent une barge sur la rivière Soura (affluent de la Volga), 1910

En réalité, la main d’œuvre féminine était utilisée en Russie bien avant la Révolution. Il s’agissait principalement de travaux agricoles difficiles. Des accouchements étaient même fréquemment effectués dans les champs, sans s’éloigner des lieux de plantation ou de récolte des cultures.

Par la suite, est apparu le travail sous contrat, et les gens d’origines modestes n’ont laissé passer aucune opportunité de gagner de l’argent. Vous souvenez-vous du tableau d’Ilia Répine, Les bateliers de la Volga ? Voici son incarnation dans la réalité, en version féminine.

« Sur appel du Komsomol – à la mine ! », 1930

Des générations entières de Soviétiques ont été éduquées dans l’aspiration et l’amour du travail. Les enfants pouvaient commencer à travailler à 16 ans, mais la jeunesse formait également fréquemment des détachements d’étudiants-bâtisseurs, pour participer aux récoltes et aux autres labeurs d’intérêt général, la plupart du temps gratuitement. Sur cette photographie, de jeunes travailleuses dans une mine du Donbass.

Construction du métro, 1933

Participer au chantier du métro était un véritable privilège, voire même un rêve. On considérait en effet qu’il serait ensuite possible de mentionner fièrement son implication devant enfants et petits-enfants.

Construction d’une voie de chemin de fer dans la région de Moscou, années 1930

Les jeunes filles étudiaient en grand nombre dans les écoles professionnelles et recevaient des diplômes techniques. Le cinéma soviétique romançait d’ailleurs fortement le portrait de la jeunesse féminine travailleuse.

Usine de briques, 1930

Industrialisation, plan quinquennal, compétitions de performances, durant l’époque stalinienne l’industrie s’est développée à un rythme incroyable. À l’horizon 1940, le taux de femmes parmi les employés de ce secteur se portait à 41%, alors qu’il ne constituait en 1929 que 28%.

« Ouralmachstroï » (Constructions mécaniques de l'Oural), 1931

La construction mécanique exigeait une formation spécifique et était considérée comme un domaine prestigieux. Ouralmachstroï est encore aujourd’hui l’une des plus importantes usines de Russie et y sont conçus de complexes équipements pour les secteurs économiques les plus divers, de l’industrie à la métallurgie, en passant par l’énergétique et l’extraction minière.

Chantier du canal Dniepr-Bug, 1940

Il s’agit probablement ici d’une mise en scène. Il est en effet difficile d’imaginer des ouvrières en robes et foulards aussi propres. De célèbres photographes et écrivains étaient en réalité souvent conviés ou envoyés sur divers chantiers pour immortaliser comment l’URSS construisait un nouveau monde. L’exemple le plus connu est la glorification par de nombreux artistes de la construction du canal de la mer Blanche par des détenus du Goulag. Sur cette photo, il est toutefois question d’un autre canal, celui de Dniepr-Bug, en actuelle Biélorussie.

Femmes dans un atelier d’usine fabriquant des munitions, 1942

Après le début de la Seconde Guerre mondiale, le nombre de femmes en activité professionnelle a crû de 50%. Elles devaient en effet prendre la relève des hommes partis au front.

Brigade d’isolation de l’usine « Ouralelektroapparat » (Appareils électriques de l’Oural), 1950

En URSS il n’existait pas de concept de métier « pour hommes » et l’attitude envers les travailleuses n’était aucunement une attitude envers un sexe « faible ». Comme vous avez déjà pu le constater, les femmes évoluaient à des postes difficiles, manuels et pointus.

Les hommes témoignaient du respect à l’égard de leurs collègues femmes. Tous s’adressaient les uns aux autres de manière neutre, au travers du terme « camarade ». Et à l’époque, cela ne serait venu à aucun esprit de dire « Aujourd’hui elle a juste un mauvais jour » ou de mentionner des détails physiologiques, telles que les menstruations, pour justifier des sautes d’humeur. Du féminisme ? En veux-tu en voilà !

Dans cet autre article, nous nous penchons sur la place des femmes dans la science en Russie contemporaine.

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