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Getty ImagesRBTH : Quel est l’objectif de votre centre de formation ?
Magomed Abakarov : Nos cours s’adressent à des personnes déjà qualifiées, qui souhaitent compléter leur formation, mettre à jour leurs connaissances ou bien exercer d’autres activités. Il existe très peu de centres privés, comme le nôtre, au Daghestan.
Pourquoi avez-vous signé lors du forum RIF-Kavkaz un accord avec ROCIT, organisation publique en charge des technologies de l’Internet ?
L’un de leurs projets, Budu Guru, vise à former des spécialistes pour les entreprises du secteur qui font partie de RAEK (association rassemblant les principaux acteurs russes de l’Internet, ndlr). Grâce à cet accord, nous allons mettre en place un programme commun, en tenant compte des besoins des employeurs, de l’expérience des sociétés IT les plus développées du pays. C’est très important pour nous. Les connaissances évoluent vite dans ce domaine. Nos étudiants suivront une formation accélérée, de six mois, constamment mise à jour. Ils auront la possibilité d’effectuer des stages dans les entreprises les plus avancées du domaine.
Pourquoi se concentrer sur l’IT ?
Au Daghestan, des universités forment aux métiers de base, dans l’agriculture ou le commerce, mais pas suffisamment à ceux liés aux technologies de l’information. Aujourd’hui, chaque entreprise doit avoir son site web, utiliser des programmes automatiques de gestion, etc. D’où un besoin énorme de spécialistes. Or le Daghestan en manque cruellement. Nous comptons former 40–50 personnes par semestre, cela ne réglera pas tout le problème du chômage, mais celui des entreprises locales en quête de main-d’œuvre.
Le portail touristique Spoutnik, facilitant la recherche d’itinéraires et de lieux de séjour, a été lancé lors du forum. Le tourisme est-il aussi une piste ?
Effectivement. Nous avons 240 kilomètres de plages de sable et de très belles montagnes. Mais contrairement à la mer Noire, les autorités soviétiques n’ont pas développé ici de stations balnéaires, considérant la région comme stratégique. Certaines villes étaient d’ailleurs fermées. En outre, à cause d’une situation compliquée désormais avec le terrorisme religieux, le flux touristique est assez faible. C’est principalement un tourisme intérieur, de nos voisins – d’Ingouchie, de Tchétchénie, de Kabardino-Balkarie… Au final, le Daghestan dispose de peu de ressources. C’est l’une des régions les plus subventionnées de Russie : 70% de son budget environ est financé par l’État fédéral.
Pourquoi l’économie du Daghestan est-elle sinistrée ?
De manière générale, la situation est difficile aujourd’hui en Russie, sous le coup des sanctions occidentales et d’une crise économique qui perdure… Quant au Daghestan, son économie était intégrée dans le complexe militaro-industriel durant la période soviétique. Les professionnels de ces usines sont restés sans emploi après la chute de l’URSS. Ils ont dû se reconvertir dans le commerce, les services, ou partir. Les deux guerres de Tchétchénie ont empiété à plusieurs reprises sur notre territoire. L’argent aime le calme… C’est pourquoi nous recevons peu d’investissement intérieur, pas plus de quelques milliards de roubles par an, et quasiment pas d’investissement étranger.
Les problèmes économiques favorisent-ils la radicalisation et l’attrait croissant exercé par des organisations terroristes ?
Je ne suis pas un spécialiste des religions ou de psychologie. Mais, à mon avis, la base du problème de l’extrémisme religieux réside précisément dans le faible niveau de l’économie. Les jeunes sont nombreux au Daghestan, car le taux de natalité de notre République est l’un des plus élevés de Russie (18,2 pour mille en 2015, ndlr). Des personnes qui ne peuvent pas se réaliser, trouver un travail digne, qui voient en plus la corruption et l’injustice en matière d’emploi… Ce sont des cerveaux prêts à subir une certaine influence psychologique.
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