L'extraction de pétrole à Vankor (région de Krasnoïarsk), le plus gros gisement d'hydrocarbures en Russie.
RIA Novosti/Ramil SitdikovMardi 8 décembre, les contrats à terme de Brent s’échangeaient à $40,44 le baril, mais au cours de la journée, le prix a chuté à $39,85. Le pétrole se déprécie pour la deuxième session consécutive : lundi, les cours ont dégringolé de 5,3%, mardi - de 0,7% supplémentaire (à 19h00, heure de Moscou). La raison en est le refus de l’OPEP, exprimé vendredi dernier, de fixer un niveau de production dans le cadre des quotas, traditionnels pour le cartel. Cette absence de quotas peut signifier que l’année prochaine, davantage de pétrole affluera des pays de l’OPEP, notamment d’Iran, désormais libéré de ses sanctions, écrit Bloomberg.
Le prix moyen du baril d’Urals depuis le début de l’année se situe à 52,16 dollars le baril, mais le 8 décembre, il a chuté à $38,34. D’après le ministère russe de l’Énergie, la structure des compagnies russes leur permet de rester rentables même avec un pétrole sous les 50 dollars le baril. Mais avec le système actuel d’imposition, ces prix ne leur laisseront pas de fonds ni d’incitations à investir dans l’exploration de nouveaux gisements.
Prévisions des pétroliers russes
Les grandes compagnies ont déjà pris la décision de geler certains projets. Ainsi, le plus gros producteur de pétrole russe Rosneft repousse l’exploration de neuf gisements.
Au Forum de Saint-Pétersbourg, qui s’est tenu en juin, le président de Rosneft Igor Setchine annonçait que les prix du pétrole (le baril de Brent s’échangeait alors à 63 dollars) n’assuraient pas aux pétroliers un retour sur investissement stable. Pour éviter un nouveau choc des prix et des pertes financières critiques, les cours devaient, selon lui, remonter à $80 le baril. Fin novembre, Setchine a déclaré qu’il ne s’attendait pas à un rétablissement du marché avant le second semestre 2017. Mardi dernier, Setchine n’a pas précisé le prix retenu par sa compagnie pour élaborer le budget de l’année prochaine.
Pour son budget 2016, Lukoil se base sur des « prévisions conservatrices » de 50 dollars le baril, indiquait fin novembre le vice-président et copropriétaire de la compagnie Leonid Fedoun. Cependant, les pétroliers ne pourront maintenir leurs investissements et explorer de nouvelles parcelles, notamment dans l’Arctique, que si les prix remontent à $65-90 le baril, expliquait l’été dernier le PDG du groupe Vagit Alerperov.
Gazprom neft adopte également une approche prudente et retient le prix de 45 dollars le baril pour trois ans à venir, annonçait le directeur financier de la compagnie Alexeï Iankevitch en novembre. Rusneft émet les mêmes prévisions - $45 le baril et un dollar à 70 roubles, déclarait mardi dernier le principal actionnaire de la compagnie Mikhaïl Gourtsiev dans un entretien avec la chaîne de télévision Rossiya 24. « L’évolution du change et une manœuvre fiscale nous permettent presque d’atteindre le point de rentabilité. Nous espérons faire des bénéfices après 2018 », a-t-il averti.
La compagnie Bashneft est celle qui émet les prévisions les plus optimistes. La compagnie établit son budget en se basant sur un baril à 60 dollars, annonçait son directeur financier Alexeï Lissovenko à l’issue du troisième trimestre.
Les pétroliers russes bénéficient du cours du rouble, qui chute en même temps que le pétrole, et de taux d’imposition flexibles : en moyenne, les compagnies du secteur évitent le déficit avec un prix proche de 30 dollars le baril, mais pour Rosneft et Bashneft, ce seuil est encore plus faible – moins de 20 dollars le baril, écrivaient les analystes de Merrill Lynch dans leur rapport du mois de novembre. Pour les majors étrangers, tels que BP, Total et Eni, le niveau critique se situe en dessous de 60 dollars le baril, d’après les estimations de la banque.
Prévisions du gouvernement
Le scénario de base du ministère russe du Développement économique pour 2016 table sur un baril d’Urals à 50 dollars, alors que le scénario prudent parle de 40 dollars. Par ailleurs, dans ce scénario prudent, le prix se maintiendra à 40 dollars jusqu’en 2018. La chute des prix du pétrole est une tendance à long terme qui s’explique par la perte du principal moteur du marché de pétrole – la demande chinoise, estime l’ancien ministre des Finances et chef du Comité des initiatives civiques Alexeï Koudrine. Il estime que le pétrole se maintiendra en dessous de 50 dollars le baril après les élections présidentielles de 2018, ce qui stimulera la mise en œuvre de nouvelles réformes.
Article complet en russe disponible sur le site de RBC Daily
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