Crédit : Viktor Vassenine / RG
RBTH : Les événements comme le Forum économique de Krasnoïarsk sont-ils purement intérieurs ou s'adressent-ils également aux investisseurs étrangers ?
Sergueï Belyakov : L'attractivité pour les investisseurs n'est pas notre seul objectif, mais l'une de priorités, c'est sûr. On essaie de porter sur l'économie de notre pays le même regard que les spécialistes étrangers. En communiquant avec eux, nous élargissons notre vision du monde, et le gouvernement fédéral comme les pouvoirs régionaux bénéficient de l'expertise complémentaire dont ils ont besoin.
De l'argent est injecté dans l'économie russe, même si nous souhaiterions que le niveau des investissements soit plus élevé. Notre pays reste en effet intéressant pour les investisseurs.
RBTH : Lors des Forums de Saint-Pétersbourg et de Sotchi en 2014, qui comptent parmi les plus importants du pays et qui sont organisés par votre fonds, très peu de participants ont fait le déplacement des États-Unis et d'Europe. Surtout, l'administration présidentielle américaine a déconseillé aux dirigeants des grandes corporations des États-Unis de participer au forum. Comment, dans ce contexte, continuer d'attirer les investissements ?
S.B. : Le nombre de participants n'a pas diminué, mais il est vrai que les plus grandes compagnies internationales avaient envoyé des représentants secondaires. Mais malgré tout, toutes les compagnies qui travaillent sur le marché russe ont envoyé quelqu'un.
Au final, nous avons même réussi à améliorer la qualité des interventions car les représentants envoyés par les compagnies se sont révélés meilleurs orateurs que les directeurs généraux – car ils sont plus concernés par le secteur financier et le développement des affaires en Russie.
Enfin, cette recommandation de ne pas venir au Forum nous a fait de la publicité, au contraire. Nous préparons le programme du forum de cette année et espérons que les représentants des grandes compagnies internationales feront le déplacement, quelles que soient les pressions qu'ils subissent.
En général, dans nos forums, on ne constate pas de réduction significative du niveau des intervenants : toutes les compagnies qui sont représentées sur le marché russe ou prévoient de s'y implanter viennent nous voir. Et pour les experts, il est également intéressant de participer à des discussions de haut niveau.
RBTH : Vous dites que les forums continuent d'attirer des investisseurs américains et européens, mais en 2015 la quasi-totalité du Forum de Krasnoïarsk était orienté vers l'Asie. N'est-pas une contradiction ?
S.B. : Pas tout à fait. Le Forum de Krasnoïarsk a duré trois jours, et chaque journée avait sa spécialité. La première était dédiée à la jeunesse, la deuxième au travail avec l'Asie – en lien avec le lieu où se déroule le forum. La coopération avec les pays asiatiques est l'une des priorités de notre économie nationale et de celle du kraï de Krasnoïarsk, où se déroule le forum.
Enfin, le troisième jour était consacré à l'agenda du gouvernement russe, l’évocation des mesures anticrise et des moments de brainstorming. Le forum n'était donc pas consacré exclusivement à la thématique asiatique.
RBTH : Est-ce que la division entre les principaux forums de Russie (Saint-Pétersbourg, Sotchi et Krasnoïarsk) s'est bien passée ?
S.B. : Oui, surtout au niveau des thématiques. Le plus global reste le Forum de Saint-Pétersbourg, qu'on appelle parfois le « Davos russe », car il est consacré aux défis de l'économie mondiale. Ce forum permet également d’évoquer l'ordre du jour russe, mais principalement sous l'angle de « La Russie vue par les yeux des étrangers » – ce qui, du point de vue des investisseurs étrangers, est d'actualité dans notre économie.
Le Forum de Sotchi, quant à lui, est davantage consacré au développement du climat d'investissement dans le pays. Les participants du Forum de Krasnoïarsk débattent de questions intérieures, avant tout en analysant les actions du gouvernement et en élaborant des recommandations qui peuvent être importantes pour le travail de l'exécutif. Enfin, le quatrième forum est « L'innovation ouverte », consacré exclusivement aux innovations.
RBTH : Vous avez longtemps travaillé au gouvernement. Si l'on compare cette expérience avec celle visant à attirer les investisseurs sur le marché russe, laquelle était la plus compliquée?
S.B. : Au gouvernement, certainement, car tout ne dépend pas de vous. Ici c'est la même chose, mais la marge de manœuvre est un peu plus grande. Au sein de l'exécutif certaines choses nécessitent plusieurs approbations: ministérielles, puis au niveau du cabinet des ministres. Cela ne signifie donc pas que mon travail actuel est moins intéressant.
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