Le premier adjoint du maire de Moscou, Marat Khousnoulline. Crédit : L'agence "Moskva"
Quelle influence sur le développement de la ville ont eu la dégradation de la note de la Russie par l'agence Standard & Poor's et le départ des investisseurs étrangers ?
La baisse de la note de la Russie n'a eu aucune conséquence directe sur le volume global des investissements à Moscou, cependant elle aura une certaine influence sur les investissements en Russie. En 2014, on a construit à Moscou 9 millions de km² d'immobilier, 100 km de routes, on a accordé des permis de construire pour encore 40 millions de km², toutefois, il est possible que ces chiffres diminuent dans un futur proche. En 2015, il n'y aura probablement pas de « chute », même si nous n'excluons pas la possibilité que le volume d'immobilier construit ne recule à 8 millions de km². Cela dépend beaucoup du financement bancaire : si on maintient le prêt immobilier, les gens continueront de prendre ces crédits. Ainsi, on a construit en 2014 à Moscou 3,2 millions de km² de logements. A titre de comparaison, en 2010, durant la crise précédente, on en avait construit moins de 2 millions de km² dans la capitale russe.
La mairie de Moscou prévoit-elle de couper dans le budget à cause de la chute du rouble, et quel impact a la dévaluation de la monnaie nationale sur la préparation de Moscou afin d’accueillir la Coupe du monde de football de 2018 ?
La réduction budgétaire dépend du futur taux d'inflation. Si l'inflation atteint 10%, on fera face à une certaine situation, si elle atteint 15%, ce sera différent. Nous avons recalculé les programmes de développement de la ville, selon le scénario type de développement de Moscou, nous évaluons l'inflation à 10% par an, compte tenu de ce facteur, nous avons décidé de ne pas commencer à construire certains sites pour l'instant. À cause de l'inflation, nous avons dû accélérer de nombreux projets d'infrastructures. Par exemple, nous devions finir en 2017 la rénovation du stade de foot « Loujniki », qui doit accueillir l'ouverture de la Coupe du monde de football de 2018, mais nous avons décidé de finir les travaux pour 2016. Si l'inflation est de 15%, une année supplémentaire de travaux nous coûterait près d'un milliard de roubles (12 millions d'euros). À cause de la forte inflation, nous avons décidé de réduire les délais d'exécution des travaux de construction du métro : si quelqu'un veut réaliser en deux ans un projet de trois ans, nous sommes prêts à trouver des financements supplémentaires.
A quel point la dévaluation du rouble a-t-elle augmenté le coût des grands projets moscovites, notamment l'organisation de la Coupe du monde de 2018 ?
Pour la Coupe du monde à Moscou, l'un des dix plus grands stades de football du monde, le stade « Loujniki », sera totalement modernisé. Nous constatons aujourd'hui que le coût du projet a déjà augmenté de 5-10%, toutefois ce n'est pas un chiffre définitif. Pour le projet, nous utilisons des matériaux importés, par exemple nous aurons un toit en polycarbonate, et nous allons installer un écran sur le toit à partir duquel sera diffusée la cérémonie. En raison du grand nombre de matériaux importés, nous dépendons beaucoup du cours du rouble, et il est pour l'instant difficile de prévoir le surcoût réel. Ce que je peux vous dire, c'est que nous sommes déjà en train de changer de fournisseurs. Historiquement, nous avions des fournisseurs européens, maintenant nous cherchons comment on pourrait les remplacer, par exemple par des produits russes, et quand ce n'est pas possible, nous nous adressons à des partenaires asiatiques. Ce que je peux vous dire aussi, c'est que les sous-traitants espagnols que nous avons engagés pour la construction du métro ne rentrent déjà plus dans le budget cause de la hausse du cours du rouble.
A quel point Moscou est-elle parvenue à se rapprocher des fournisseurs chinois, notamment pour la construction du métro ?
Le métro est le principal moyen de transport à Moscou, c'est la même chose dans les autres mégapoles, comme Pékin ou Tokyo. Il ne se passe pas un mois sans qu'une délégation de Chine ne vienne à Moscou ou bien qu'une délégation de Moscou n'aille en Chine. Le métro moscovite a une particularité : la fréquence de circulation, une rame toutes les minutes. Personne n'a réussi à faire mieux que cette fréquence, seules les entreprises chinoises viennent de se rapprocher de ces intervalles entre les rames et c'est en cela que l'expérience moscovite les intéresse. La Chine, elle, a la plus grande vitesse de construction de nouvelles stations.
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