À quoi ressemble Sotchi un an après les Jeux olympiques ?

Les médias internationaux affirmaient que Sotchi deviendrait une ville fantôme après les JO. Mais un an plus tard, cette prévision n’est pas devenue réalité. Paradoxalement, la crise financière actuelle en Russie a permis aux stations de ski construites pour les Jeux de se développer. Bryan McDonald vous en dit plus sur la situation de cette ville au bord de la mer Noire.

Crédit : Mikhaïl Mordassov

Le Treougolnik Rock Club, dans le quartier Sud d’Adler, non loin de l’aéroport, est si rempli qu’il faudrait être une sardine pour s’y sentir à l’aise. On est au mois de janvier, Sotchi a vu ses premières neiges tomber dans les zones côtières, et les longues vacances de Nouvel An en Russie touchent à leur fin.

La faiblesse du rouble, l’appel du président Vladimir Poutine à passer les vacances au pays, et les nouvelles installations de sports d’hiver de Sotchi – qui n’ont pas d’égal –, sont les facteurs qui ont permis d’attirer davantage de touristes. Les foules s’amassant sur les 40 kilomètres de pentes et pistes de ski tirent ainsi la capacité quotidienne maximale de 10 500 personnes à ses limites.

Les commerçants de Sotchi ne croient pas en leur chance, du moins ceux qui n’ont pas perdu leur maison ou propriété suite aux rachats obligatoires et controversés de terrains durant les travaux de construction préolympiques.

Il n’y a pas si longtemps, les médias du monde entier prévenaient que Sotchi deviendrait une « ville fantôme » après que le cirque des JO ait plié bagages. Il semble que ce soit tout le contraire qui se produise aujourd’hui.

La situation n’est cependant pas simple. La zone côtière, pièce maitresse lors des Jeux, reste étrangement calme durant les journées sans événements, et la construction de certains immeubles d’appartements a été arrêtée en cours de route. 

Dimitri Bogdanov, directeur du centre hôtelier de Sotchi « Znanie », estime que la ville ne pourrait pas gérer plus de visiteurs. « Le pays dans son ensemble a besoin de nouvelles installations touristiques. Hélas, la ville manque d’expérience dans la gestion d’infrastructures aussi importantes, ce qui cause des problèmes en termes de capacité et de rentabilité », affirme-t-il.

« Je me souviens qu’à l’époque soviétique, plus d’1,5 million de touristes venaient annuellement. Il y a quelques années, ils n’étaient plus que 50 000. Nous disposons donc clairement d’une marge de progression ».

Éléphant blanc

Le stade olympique, critiqué pendant sa construction comme étant un futur éléphant blanc, semble être désert la plupart du temps. Mais Andreï Ponomarenko, propriétaire de la société de services linguistiques G8 et largement impliqué dans la promotion des relations internationales avec Sotchi, souligne que ces apparences sont trompeuses.

« Le Palais des glaces Bolchoï attire entre 7 000 et 9 500 fans à chaque match des Léopards de Sotchi [l’équipe de hockey sur glace professionnelle locale, ndlr]. La Channel One Cup y a même été organisée en septembre avec des équipes de monde entier, indique-t-il. L’Arène de glace Chaïba accueillera le Cirque du soleil en février et le centre de patinage artistique Iceberg a reçu la visite d’une comédie musicale pendant six mois avec cinq représentations pas semaine ».

Il précise aussi que « le Centre de patinage de vitesse est désormais une académie de tennis fonctionnant toute l’année, et d’autres évènements y sont organisés comme le Championnat du monde d’échecs, des forums économiques et différentes expositions. Il est également intéressant de noter que les hôtels côtiers n’étaient pas remplis pour les Jeux olympiques, mais ils l’étaient l’automne dernier pour le Grand Prix de Russie de formule 1 ».

Marque internationale

Cet hiver, la « surpopulation » a été le principal problème à Krasnaïa Poliana. Des hôtels étaient déjà réservés bien avant les vacances du Nouvel An. Les autorités ont été obligées de prendre des mesures pour décourager de nombreux visiteurs.

Les forfaits de remontées mécaniques de ski pour six jours ont vu leur prix augmenter de 13 500 roubles (173 euros), avant d’être finalement limités aux résidents des hôtels. En décembre, la mairie de la ville a même fait diffuser à la télévision des publicités conseillant vivement aux habitant locaux de rester hors de la zone montagneuse en janvier pour éviter les foules. 

Bogdanov ajoute que la chute récente de la valeur du rouble par rapport au dollar, à l’euro et à la livre est vue comme un cadeau du ciel, même s’il reconnaît que cela ne durera pas. « Cet hiver, nous avons eu la chance que la situation financière influence les plans des vacanciers. Il est donc important que nous leur fournissions un niveau de services qui les encouragera à revenir. C’est ça le défi ! »

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