Crédit : Alexandre Petrossian
Depuis 2007 et l’ouverture du Flamand Rose, les restaurants et bars à bière belges ont poussé comme des champignons dans la ville de Saint-Pétersbourg. On en dénombre aujourd’hui à peu près une quinzaine, dont les plus fréquentés sont la brasserie Kriek et le restaurant Kwakinn.
Phénomène paradoxal, les propriétaires de tous ces établissements « belges » n’ont rien à voir avec le Plat pays. Ce sont tous de véritables russes.
Faut-il en conclure qu’un véritable tropisme pousse les Pétersbourgeois à s’intéresser à la Belgique ? Certes, la bière est un lien qui unit le Royaume à Saint-Pétersbourg car l’usine de Baltika, le premier brasseur russe, est située en périphérie de la ville, mais il s’agit plutôt d’un simple effet de mode.
En effet, les habitants de la ville sont très heureux de pouvoir s’essayer à d’autres plaisirs gustatifs que ceux procurés par les échoppes spécialisées dans les sushis qui trustent le segment moyen de gamme de la restauration.
Main d’œuvre bon marché
« La bière et le chocolat ne sont pas soumis à l’embargo russe sur les produits alimentaires européens », confie, amusé, un observateur averti des intérêts de la Belgique basé dans la plus européenne des villes de Russie et pour qui, les relations commerciales avec la Belgique sont « principalement liées aux activités portuaires ».
En effet, en dépit des ports voisins de Kaliningrad (mer Baltique) et de Mourmansk (mer de Barents), celui de Saint-Pétersbourg (mer Baltique) reste la principale porte d’entrée des marchandises provenant d’Anvers à destination de la Russie.
Produits chimiques, plastiques, machines, métaux et denrées alimentaires constituent l’essentiel des exportations belges dans cette région qui se caractérise par ses activités industrielles.
De grands constructeurs automobiles tels que Toyota, General Motors, Hyundaï ou encore Nissan y disposent de sites de production.
Pour Stefan Van Doorslaer, directeur général pour la CEI et les pays baltes du logisticien belge Ahlers, cela s’explique par les nombreux atouts de la région de Saint-Pétersbourg.
« Les autorités soutiennent les entreprises efficacement, avec la création de zones économiques spéciales ou l’établissement de subventions pour certaines activités, le coût de la main d’œuvre est moins élevé qu’à Moscou et la qualité de vie y est bien meilleure que dans la capitale », explique le directeur général d’Ahlers qui emploie 250 personnes dans la région administrative de Saint-Pétersbourg.
Des incitations sur le long terme
4ème pôle économique de Russie derrière Moscou, la région de Moscou et celle de Tioumen, Saint-Pétersbourg n’entend pas en rester là. Depuis l’an dernier, les autorités de la région ont mis en place un programme de développement économique à long terme baptisé « Stratégie 2030 ».
Concrètement, ce programme prévoit notamment un impôt foncier préférentiel pour les entreprises, des incitations fiscales pour les acteurs du secteur IT et l’industrie du tourisme. L’idée étant d’attirer davantage d’entreprises étrangères qui participeront à la modernisation du parc industriel de la région de Saint-Pétersbourg où la productivité de la main d’œuvre reste 2 à 3 fois inférieure à la moyenne des pays développés.
Reste qu’aujourd’hui la très mauvaise perception de la Russie au plan international en lien avec la crise ukrainienne constitue un frein important à l’investissement étranger. Et le développement de la gastronomie belge dans la Venise du Nord n’est pas de nature à inverser la tendance baissière des échanges de la Belgique vers Saint-Pétersbourg et sa région.
Un contexte difficile
Au premier semestre de cette année, les importations dans la région administrative de Saint-Pétersbourg venant de Belgique ont diminué de 28%, à 177,3 millions de dollars par rapport à la période sous revue en 2013. La faute à l’embargo russe décrété contre les produits agricoles, notamment européens, dont la Belgique fait les frais.
En revanche, grâce à l’augmentation des exportations russes vers la Belgique, principalement du gaz et du pétrole, le total des échanges a progressé de près de 29% à 310,2 millions de dollars entre janvier et juillet 2014.
Mais ce contexte difficile n’est pas de nature à remettre en cause l’engagement des entreprises qui sont déjà actives dans la région.
Ahlers est par exemple à la recherche de terrains supplémentaires pour ses activités de stockage et n’entend pas renoncer, même si son directeur avoue que les décisions d’investissement seront peut-être prises de manière un peu plus « minutieuse » qu’il y a quelques années.
« Nous avons investi 35 millions d’euros durant les 10 dernières années et nous allons continuer compte tenu de l’importance du marché russe sur le long terme », conclut Stefan Van Doorslaer.
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