La Russie doit enrayer l'inflation provoquée par l'embargo américain et européen

Crédit : Alexeï Droujinine/RIA Novosti

Crédit : Alexeï Droujinine/RIA Novosti

La Russie va renforcer sa coopération avec les BRICS, mais conservera ses relations avec l'Union européenne, selon le président russe Vladimir Poutine qui s'est exprimé à Moscou sur l'économie du pays au forum de l'investissement Russia Calling. Les ministres estiment, par ailleurs, que le principal défi pour la Russie est d'enrayer l'inflation provoquée notamment par l'embargo alimentaire contre les Etats-Unis et l'UE.

Dans son discours du 2 octobre à Moscou, au forum de l'investissement Russia Calling organisé par VTB Capital, le président russe Vladimir Poutine a énuméré les principaux axes de développement de l'économie russe. « Contrairement à certains pères fondateurs de l'OMC, nous partageons les principes de l'organisation et ferons tout pour que Russie se développe comme une économie de marché ouverte. Nous allons réaliser les objectifs que se fixe notre pays avec conséquence. Les contraintes externes ne font que renforcer notre détermination », a déclaré le président russe.

Il a expliqué que l'action de l’État est guidée par une politique budgétaire équilibrée, et que les événements de cette année ont conforté le gouvernement russe dans ses choix stratégiques. La Russie restera, notamment, fidèle à sa règle budgétaire selon laquelle une partie des bénéfices exceptionnels de la vente du pétrole est versée dans les fonds spéciaux : le Fonds de stabilisation et le Fonds de prospérité nationale. Le montant global des réserves de ces fonds est déjà supérieur à 9% du PIB national.

Principaux axes

Par ailleurs, Vladimir Poutine a reconnu, pour la première fois, que l'inflation en Russie a dépassé le seuil prévu et a atteint 7,6%, principalement à cause de la hausse des prix des biens alimentaires. Cette hausse est due à l'embargo alimentaire russe contre les pays ayant introduit des sanctions après la crise en Ukraine. Toutefois, le président a rappelé que l'inflation monétaire se maintient au niveau de 5%. « Nous nous sommes positionnés contre la hausse de la pression fiscale et nous n'avons pas l'intention d'introduire des restrictions sur les mouvements  de capitaux. Les facteurs fondamentaux qui assurent la stabilité de l’économie russe sont un budget et une balance des paiements équilibrés, ainsi que l’introduction du taux de change flottant du rouble par la Banque de Russie », a déclaré Vladimir Poutine.

Le chef de l'État a expliqué que la Russie souhaite rapidement renforcer ses relations avec les pays d'Amérique latine et les pays des BRICS, et que c'est dans ce cadre-là que le contrat record de vente de gaz a été signé avec la Chine. La création de l'infrastructure pour ce projet sera l'un des plus importants chantiers au monde, selon Vladimir Poutine.

Pour les transactions avec leurs partenaires clés, les entreprises russes souhaitent recourir aux devises nationales. Gazprom Neft a notamment réalisé son premier contrat de vente de pétrole en Chine en roubles. Vladimir Poutine a déclaré que la Russie encouragerait la création de formations d'intégration régionale, mais poursuivra son activité dans le cadre de l'OMC et sa collaboration avec son premier partenaire commercial, l'Union européenne.

L'absence de frontières

La directrice de la Banque centrale Elvira Nabioullina a déclaré lors de ce  forum que le ralentissement économique en Russie est principalement structurel, alors que les prévisions d'inflation élevée conduisent à la hausse des taux d'intérêt. Aussi, l'un des principaux objectifs de la Banque centrale est la maîtrise de l'inflation et de la hausse des prix. Mme Nabioullina estime qu'en 2014, l'inflation russe atteindra environ 8%, mais qu'elle pourra être réduite à 4% dans les prochaines années.

L'inflation élevée n'est pas le seul problème auquel est confrontée l'économie russe. « D'une part, les risques géopolitiques ont affecté les attentes des investisseurs, d'autre part, les prix du pétrole sont en baisse. Si, au premier semestre 2014, le prix du baril de Brent s'élevait à $101, il s'approche désormais des $91 », a déclaré le ministre russe des Finances Anton Silouanov au forum. Il a expliqué que, dans cette situation, l'État a décidé de ne pas accroître les dépenses pour stimuler artificiellement l'économie, car cela aurait conduit à la hausse de l'inflation. « Nous avons également décidé contre l'augmentation des impôts, mais avons lancé la restructuration des dépenses », a précisé le ministre. Une partie des économies sera redirigée vers l'infrastructure, notamment pour le développement des aéroports de Moscou et la mise en œuvre de projets en Extrême-Orient. 

Toutefois, le dirigeant de la plus grande banque russe, Sberbank, Guerman Gref (qui est aussi l'ancien ministre du Développement économique), s'est prononcé contre les solutions proposées par le gouvernement. Il estime que la lutte contre l'inflation menée par la Banque centrale n'est pas efficace et que la hausse réelle des prix est bien plus importante. L'ancien ministre considère que les principaux problèmes de l'économie russe sont la mauvaise qualité de la gestion publique et la fuite des capitaux. Guerman Gref s'est, par ailleurs, opposé à l'embargo alimentaire contre les pays ayant introduit des sanctions à l'encontre de la Russie, ainsi qu'à la politique de substitution des importations adoptée par le gouvernement. « Nous devons considérablement améliorer la qualité de la gestion et obliger les entreprises privées à être plus compétitives. Pour le moment, c'est impossible : la moitié de notre économie est monopolisée », a déclaré le dirigeant de Sberbank.

 

Réagissez à cet article en soumettant votre commentaire ci-dessous ou sur notre page Facebook


Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies