Le chantier du réacteur de fusion nucléaire ITER à Cadarache, en France. Crédit : AFP/EASTNEWS
Les perspectives de développement des recherches dans le domaine de la fusion atomique ainsi que les possibilités technologiques et d’investissement nécessaires à la mise en œuvre de cette source d’énergie : tel est le thème du sommet de Saint-Pétersbourg.
Le projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor ou en français « réacteur thermonucléaire expérimental international ») regroupant 35 pays, dont ceux de l’Union européenne et la Russie, sera au centre des débats. Il a pour objectif la réalisation d’un réacteur thermonucléaire expérimental dans la ville française de Cadarache, et l’établissement de ses capacités d’usage commercial. Dans le cadre de la conférence, l’entreprise publique Rosatom détaillera la participation du camp russe au projet.
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Malgré la situation tendue sur la scène internationale, la réalisation se poursuit activement. Anatoli Krassilnikov, docteur ès sciences et directeur du bureau russe d’ITER, attribue cette progression à l’intérêt capital de l’entreprise pour l’ensemble de la planète. « Ce projet est tellement significatif pour toute l’humanité que les désaccords du moment perdent du coup de leur importance », a indiqué M. Krassilnikov dans un entretien avec RBTH, ajoutant que « les pays impliqués dans le projet produisent 80% du Produit intérieur brut mondial et abritent près de la moitié de la population de la Terre ».
Un apport russe hautement apprécié
D’après Anatoli Krassilnikov, le camp russe participe très activement à ITER et cet apport est apprécié. « Lors de la dernière réunion du Conseil d’ITER, organe collégial à la tête du projet, les graphiques des travaux de sept pays membres ont été présentés, et la Russie a été désignée leader du projet ».
Les propos du physicien russe sont confirmés au sein d’ITER. Michel Claessen, porte-parole, a ainsi expliqué à RBTH que suite à une récente visite d’un groupe de travail à l’Institut Efremov (Saint-Pétersbourg), où sont menées les études sur le projet, les examinateurs en sont repartis « avec une impression très positive ».
M.Claessen a également souligné qu’à la différence de « certains autres partenaires », la Russie n’avait jamais été en retard sur les délais de réalisation du projet. Elle a pris sur elle la responsabilité de produire 20 systèmes destinés au réacteur international. L’usine mécanique Tchepetski fournit plus particulièrement une grande partie des matériaux supraconducteurs. Les spécialistes nucléaires russes sont également chargés de mettre en œuvre la première enceinte du réacteur thermonucléaire à partir de béryllium, un des éléments les plus importants. L’institut de recherches en hautes technologies sur les matériaux non organiques Andreï Botchvar (VNIINM selon l’abbréviation russe) en élaborera 40%. Les entreprises russes devront en outre mettre en place neuf systèmes de diagnostic du réacteur.
ITER constituant un gigantesque projet international dans lequel collaborent les entreprises de plusieurs pays, on note évidemment des retards d’exécution, souligne Michel Claessen. Mais les travaux vont bon train. Évoquant les incertitudes liées au projet, il précise que le seul facteur significatif à cet égard reste l’aspect financier.
L’historique d’ITER
Au milieu du XXème siècle, des physiciens de pointe, travaillant au niveau mondial à la recherche de nouvelles énergies, se sont tournés vers la source de vie sur Terre : le Soleil, dans les tréfonds duquel, sous des températures de près de 20 millions de degrés, se déroulent des réactions de fusion des éléments légers dégageant une énergie colossale. Ce sont les spécialistes russes qui ont le mieux réussi à reproduire ces réactions de fusion nucléaire sur Terre. Les connaissances et l’expérience cumulées en Russie dans le domaine de l’énergie de fusion ont également été à la base du projet ITER.
L’idée est née en Russie. En 1985, le scientifique soviétique Evguéni Velikhov a proposé aux chercheurs d’Europe, des États-Unis et du Japon de créer ensemble un réacteur thermonucléaire fondé sur le dispositif Tokamak mis en place par les scientifiques de l’URSS. Et dès 1986, un accord a été signé à Genève sur la conception des installations qui recevront plus tard le nom d’ITER.
En 2011, le projet a enfin « franchi le Rubicon » et sa construction effective a pu commencer.
Le réacteur thermonucléaire est présenté comme nettement plus sûr que le réacteur atomique en matière de radiation. La quantité d’agents radioactifs qu’il contient est comparativement fiable. L’énergie pouvant s’échapper à la suite d’un accident serait peu élevée et ne pourrait entraîner la fusion du réacteur, estiment les spécialistes qui notent en outre que plusieurs dispositifs faisant obstacle à la propagation des éléments radioactifs ont été conçus et intégrés au chantier du réacteur.
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