Sibérie : plongée dans une mine de diamants

La carrière Oudatchni. Source : Service de presse

La carrière Oudatchni. Source : Service de presse

Pour la deuxième année consécutive, l'entreprise ALROSA occupe la première place du classement des producteurs de diamant. Elle bat ainsi ses célèbres concurrents : le Sud-Africain De Beers et le Canadien Rio Tinto. On estime aujourd'hui que le groupe extrait 28% de la production mondiale de diamant. Evguenia Nikolaeva, journaliste à RBTH, a été envoyée dans la ville au doux nom d'Oudatchni afin de voir sur place comment se déroule l'extraction du précieux minerai.

La ville d'Oudatchni se situe au nord de la Sibérie, à 17km du Cercle polaire arctique. C'est actuellement l'une des principales villes d'extraction de diamant du Grand Nord.

Le premier gisement de diamant y fut découvert en 1954 par la géologue soviétique Larisa Popougaeva. Deux ans plus tard, en 1956, la mine de kimberlite Oudatchnaya devint le point de départ de la nouvelle exploitation, et donna son nom à la ville d'Oudatchni.

Aujourd'hui, la carrière Oudatchni atteint 2,1 kilomètres de long et 1,8 kilomètre de large. Atteindre le fond de la galerie nécessite une heure entière à bord d'un moyen de transport spécial. Dans la mine, l'important est de toujours rester à proximité de son accompagnateur, car il est très facile de se perdre dans les couloirs et les boyaux.

C'est précisément à cet endroit que commence la première étape de l'extraction de diamant que les géologues résument par « où creuser? ». Les artificiers font alors exploser la roche afin de déblayer « l'horizon » - la couche précise de la carrière où a lieu l'extraction du minerai.

Ensuite, c'est sur les chantiers ainsi formés que débutent les travaux de forage : des camions à benne prévus spécialement pour travailler sous terre récoltent la roche et la conduisent jusqu'à une cage de remplissage d'où le minerai est d'ores et déjà transféré à la surface, puis envoyé dans une usine d'enrichissement.

En octobre 2013, ALROSA a réalisé avec succès son entrée à la bourse de Moscou pendant laquelle 16% des actions de l'entreprise ont été vendues et près de 41,3 milliards de roubles récoltés (environ 900 millions d'euros).

Rien qu'en 2013, 4 891 500 carats ont été extraits ici. Les diamants ainsi mis à jour sont ensuite confiés à des ateliers qui les débarrassent des impuretés présentes dans leur composition chimique.

Un trajet de plus de 500 kilomètres attend ensuite le minerai ainsi nettoyé qui est transporté jusqu'à la ville de Mourni, la capitale du « Kraï de diamant », le surnom de la République de Iakoutie. Les diamants sont alors triés en fonction de leur taille et de leur pureté.

Puis, la précieuse cargaison est envoyée à l'Organisation de vente unifiée de l'entreprise ALROSA, où elle est déjà préparée à être vendue. En tout, l'entreprise compte près de 40 clients, soit le nombre de contrats de long terme conclus jusqu'à aujourd'hui.

On trouve parmi ces clients l'entreprise belge Laurelton Diamonds (qui achète des bijoux pour Tiffany & Co) avec laquelle ALROSA a entamée un partenariat en 2012, ainsi que la société de vente aux enchères Sotheby’s. D'après les termes d'un mémorandum conclu en 2013 avec cette dernière, ALROSA pourra vendre aux enchères des diamants massifs de première classe, ainsi que les articles de joaillerie les accompagnant.

« Entre 2012 et 2017, nous allons augmenter le nombre de contrats jusqu'à 50 », affirme Evguennia Kozenko, représentant officiel d'ALROSA. « Mais nous allons soigneusement faire notre choix, en nous basant non seulement sur les ressources financières du client, mais également sur les expériences professionnelles acquises avec lui et sur les volumes de ses achats en période de contraction du marché ».

Les diamants d'exception sont envoyés au facettage dans la filiale de l'entreprise Brillianti ALROSA (Alrosa Diamants).

Toutefois, selon Mme. Kozenko, le commerce des diamants n'est pas une priorité pour l’entreprise dont l'intégralité des efforts déployés pour se développer se concentre sur l'extraction du minerai. « ALROSA demeure une entreprise minière. Il n'est pas prévu que nous développions notre réseau commercial, bien que notre entreprise collabore avec de nombreuses maisons de joaillerie ».

D'après les normes IFRS, les bénéfices nets d'ALROSA ont atteint 31, 837 milliards de roubles en 2013 (environ 700 millions d'euros) pour un chiffre d'affaire de 168,5 milliards de roubles (environ 3,7 milliards d'euros). Suivant la politique des dividendes pratiquée au sein de l'entreprise, pas moins de 35% des bénéfices annuels sont distribués aux actionnaires.

Les principales capacités de production d'ALROSA se concentrent actuellement en Iakoutie de l'Ouest, dans l'oblast d'Arkhangelsk, mais également en Afrique (en Angola et au Botswana). Au total, l'entreprise exploite 22 gisements.

Fin juin 2014, il est prévu de lancer la première phase d'exploitation d'une mine Oudatchni dont les travaux de construction sont bientôt terminés. Selon le directeur du combinat minier d'Oudtachni, Alexandre Makhratchev, l'entreprise place beaucoup d'espoirs dans cette mine.

« Si aujourd'hui nous extrayons 132 tonnes de minerai par an, l'année prochaine, avec l'ouverture de cette mine, le volume d'extraction devrait atteindre les 480 tonnes. D'ici à 2019 nous devrions déjà avoir extrait 4 millions de tonnes. Le travail se fait ici sur la longue durée : la capacité de rendement d'un gisement se compte en soixantaine d'années. Ainsi, les réserves estimées s'élèvent aujourd'hui à 159 millions de tonnes ».

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