Les colonies de vacances, un secteur de plus en plus lucratif en Russie

À la fin des années 1980, il y avait en URSS près de 40 000 centres de vacances, accueillant annuellement jusqu’à 10 millions d’enfants. Sur la photo, la colonie de vacances Artek, en Crimée. Petrusov / RIA Novosti

À la fin des années 1980, il y avait en URSS près de 40 000 centres de vacances, accueillant annuellement jusqu’à 10 millions d’enfants. Sur la photo, la colonie de vacances Artek, en Crimée. Petrusov / RIA Novosti

Le marché de l’animation socioculturelle pour enfants étant en forte croissance en Russie, plusieurs grands investisseurs préparent actuellement un projet estimé à près de 73 millions d’euros. Dès 2014, les parents russes et étrangers pourront pour 730 euros environ envoyer leurs enfants dans un centre où ils recevront une formation approfondie dans différents domaines et seront servis par un chef étoilé au Michelin.

Crédit : Petrusov / Ria Novosti

Les centres de vacances et de loisirs sont apparus en Russie à l'époque soviétique. Organisés pour accueillir les enfants durant les vacances scolaires, les premiers établissements de ce genre ont été créés encore durant les années 1920 sous l’égide du bureau russe de la Croix-Rouge. Selon le programme conçu par le bureau, les écoliers des grandes villes passaient l’été dans des camps installés dans des zones rurales, en aidant parfois les résidents locaux et en instruisant leurs enfants. Le premier camp de vacances fondé dans le cadre du programme fut Artek, qui a ouvert ses portes en 1925 et est rapidement devenu international, accueillant des enfants étrangers. À la fin des années 1980, il y avait en URSS près de 40.000 centres de vacances, accueillant annuellement jusqu’à 10 millions d’enfants. Toutefois, durant les années 1990, la plupart des camps ont fait faillite et ont fermé leurs portes.  

En chiffres

En 2013, plus de 45.000 colonies de vacances russes ont accueilli au total 5,208 millions d’enfants. D’après la vice-première ministre russe Olga Golodets, le nombre des centres de vacances et de loisirs devrait atteindre en 2014 53.000, et ils accueilleront cette fois 8,5 millions d’enfants. Au total, le nombre d’enfants de 6 à 15 ans se chiffrait en 2013 dans le pays à 14 millions, ce qui signifie que près de la moitié des écoliers passent leurs vacances dans des centres de loisirs.

Ces derniers temps, les colonies de vacances ont commencé à réémerger en Russie, mais sous une forme nouvelle. En juin 2014, le nouveau centre de vacances artistique Selo (« village ») devrait ouvrir ses portes dans la petite ville de Borodino, dans les environs de Moscou. Durant les premiers jours après le début des inscriptions, le camp a reçu trois mille demandes d’admission. La particularité du projet : il conjugue les efforts de plusieurs célèbres activistes, bloggeurs et journalistes russes, dont l’ancien rédacteur en chef de la version russophone d’Esquire Philippe Bakhtine. Durant le séjour, les enfants pourront découvrir chaque jours un domaine des arts (cinéma, musique, peinture, etc.). Le chef du camp est Anatoly Komm, le seul chef russe étoilé Michelin. Le coût d’un séjour de deux semaines se chiffre à 37.000 roubles (près de 775 euros), ce qui est tout à fait accessible. Cependant, il ne s’agit pas d’un projet caritatif : le centre bénéficie du soutien d’un groupe d’investisseur qui envisagent d’ouvrir avant 2018 près de 25 établissements de ce type à travers toute la Russie. Chaque camp coûtera 77,5 millions d’euros d’environ; les projets seront largement financés par des prêts.

Le coût d’un séjour de deux semaines se chiffre à près de 775 euros. Crédit : service de presse

D’après le groupe russe d’investissement Finam, le nombre de colonies de vacances augmente en Russie de 10 à 15% annuellement. Il existe même actuellement un portail de réservation dans les centres de vacances à travers le monde, qui ressemble beaucoup à Booking.com. Le projet présente de l’information sur 800 programmes de vacances divers et aide les utilisateurs à trouver le centre idéal en matière de prix, d’âge et de thème.

Une autre tendance du marché russe du tourisme pour mineurs : les colonies de vacances à thème. Parmi les exemples figurent notamment l’École écologique d’été, organisée annuellement depuis 1990 pour les enfants âgés de 10 à 13 ans dans divers régions de la partie européenne de la Russie ; un camp dédié à l’étude de la nature nordique qui se trouve au bord de la mer Blanche, en Carélie ; et une colonie pour les danseurs, installée près du lac Seliger dans la région de Tver (environ 4 heures de route de Moscou). 

Attrait général

Selon Roman Grintchenko, analyste du groupe russe d’investissement Investcafé, les projets de ce genre ont un grand potentiel pour les investisseurs, car la concurrence est actuellement très faible dans le domaine. Ils peuvent en plus attirer des enfants étrangers. « Compte tenu du nombre actuel de clients étrangers, qui est très bas, un bon projet dans le domaine pourrait attirer des enfants en provenance d’autres pays », estime M.Grintchenko. Pour l’instant, les étrangers jouent plutôt dans les camps russes les rôles d’animateurs. Ainsi, le centre de vacances et de loisirs In Orange, situé près de Saint-Pétersbourg, embauche des enseignants d’anglais. D’après la direction du centre, le salaire n’est pas très élevé, 510 euros seulement pour deux semaines, mais le séjour et les repas sont offerts aux employés gratuitement.

Le centre de vacances et de loisirs In Orange, situé près de Saint-Pétersbourg, embauche des enseignants d’anglaisCrédit : service de presse

Il existe cependant un obstacle qui freine le développement des colonies de vacances en Russie, les lois qui prévoient de nombreuses exigences comme une limite du nombre d'employés dans un camp et même un certain type de contrat de location, dit Galina Dehtiar, professeur de l’Académie russe d’économie nationale et de service d’État. Néanmoins, le secteur attire de plus en plus d’investisseurs ces dernières années, note pour sa part Maksim Kliaguine, analyste de la société de gestion Finam Management. « Un nouveau facteur d’attractivité du marché, c’est sa forte demande chez les consommateurs. Un prix relativement bas avec une qualité plutôt haute et des services additionnels conçus pour les enfants rendent assez attrayants les projets de ce genre », estime l'expert. En outre, il existe des projets spéciaux pour les enfants d'expatriés, axés sur l’adaptation et l’étude de la langue et de la culture russes.

Cependant, c’est la volonté des parents de dépenser de l’argent pour leurs enfants qui est appelée à devenir le principal facteur de croissance de ce marché. D’après l’Association russe de l’industrie des produits pour les mineurs, la consommation de produits destinés aux enfants se chiffre actuellement à 729 euros par enfant en Russie, contre 1.458 euros aux États-Unis. Un écart qui toutefois se réduit rapidement.

 

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