La Russie est montée dans les classements mondiaux du climat des affaires, en passant de la 112ème à la 92ème place au Doing Business. Crédit : RIA Novosti
Ralentissement économique
Tout le mois de décembre, la Russie a affiché une révision à la baisse de ses indicateurs économiques.
Si les interprétations de ce ralentissement sont diverses, tout le monde s’accorde sur le fait que les raisons sont internes au pays. Ce qu’a confirmé le président Vladimir Poutine lors de son discours devant l’Assemblée fédérale.
Les deux principales raisons sont :
- La baisse des investissements des entreprises, surtout des grands groupes d’Etat, notamment dans le secteur énergétique. Pour Alexeï Balaev du Groupe d’Expertise économique, c’est la raison essentielle du ralentissement économique.
- La baisse de la consommation, notamment à cause de l’endettement de la population. Selon la Banque Centrale, le poids du crédit sur le salaire mensuel moyen est environ de 3,7%.
Pourtant, beaucoup considèrent que, malgré la baisse de certains indicateurs, la situation n’est pas si critique. « Cette tendance à la stagnation a commencé en 2012. La question était de savoir si on allait en rester à la stagnation ou tomber dans la crise ? Mais nous avons évité le pire », commente Sergueï Poukhov, analyste du Centre de développement de la Haute Ecole d’Economie.
Dans le même temps, la Russie a grimpé dans les classements mondiaux du climat des affaires, en passant de la 112e à la 92e place du Doing Business. « Ce qui veut dire que malgré toutes les particularités de la politique du pays, le gouvernement est capable de se mobiliser et d’atteindre une amélioration dans les domaines visés », considère Maxime Petronevitch, analyste du Centre de prévision économique de Gazprombank.
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Un moment très important pour les investisseurs étrangers a été la création de la Banque centrale comme organe méga-régulateur visant à superviser l’ensemble des institutions financières du pays. « C’est important pour contrôler les risques de crédit et de dépôt et surveiller l’activité de ces établissements », précise Maxime Petronevitch. En juillet, Elvira Nabioullina et sa nouvelle équipe ont pris en main la Banque centrale en imposant une politique très ferme envers les banques et en lui donnant le statut de méga-régulateur des marchés, avec une nouvelle devise : il n’y a plus d’ « intouchables ». Depuis, 25 banques ont été privées de leur licence, c’est-à-dire davantage que durant toute l’année 2012. L’histoire la plus retentissante est celle de Master Bank qui entrait dans les 100 plus importants établissements bancaires du pays qui a été accusé de fraudes par la Banque centrale, ce qui murissait depuis déjà longtemps, selon certains experts. « Le gouvernement a déclaré à plusieurs reprises vouloir se débarrasser des « centaines » de banques qui servent les intérêts de certains bénéficiaires ou bien de groupes d’affaires, mais le processus traînait trop », souligne Chris Weafer, associé-senior de la firme de conseil Macro Advisory.
Cap vers la CEI et l’Asie
En 2013, l’objectif économique de la Russie était d’équilibrer la balance commerciale avec les autres pays pour réduire la dépendance au marché européen. La Russie s’est tournée vers les pays de la CEI et l’Asie. D’une part avec le développement de l’Union douanière dans le but de créer un espace économique commun d’ici 2017. « La lutte pour l’Ukraine s’est enclenchée. La Russie est passée à l’offensive, mais cela reste de la politique. Si l’Ukraine opte finalement pour l’union douanière, on pourra parler de victoire », affirme Sergueï Poukhov.
On remarque un rapprochement avec l’Asie, notamment des projets de collaboration avec la Chine, la Corée du Sud et le Japon autour de l’accès au pétrole et au gaz avec des débuts d’investissements de ces pays dans les régions pétrolifères, comme la Sibérie orientale.
« Les formes les plus efficaces de collaboration entre la Russie et la Chine pourraient devenir des entreprises conjointes sur l’extraction des ressources naturelles sur le territoire russe, avec à la clef son exportation vers la Chine », raconte Sergueï Loukonine, chef scientifique du Centre des études d’Asie et du Pacifique de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales à l’Académie des sciences. Quant à la Chine, elle pourrait être intéressée par certains projets de développement des infrastructures.
Pour ce qui est de la Corée du Sud, la Russie, dont la priorité reste la modernisation de son économie, s’intéresse à une collaboration dans le domaine des hautes technologies. Loukonine considère que la Corée du Sud pourrait délocaliser une partie de ses productions technologiques en Russie en échange des métaux précieux russes.
Les grandes avancées
2013 a été marquée par la création de la première compagnie aérienne lowcost et du premier smartphone russes.
Aeroflot a lancé sa compagnie aérienne à bas prix Dobrolet. L’entreprise est en phase de recrutement. S’il est trop tôt de parler de son efficacité, il est certain c’est que son apparition entrainera des transformations sur la marché du transport aérien : les prix vont baisser et les vols seront plus accessibles aux voyageurs russes.
Mais le succès incontestable aux yeux des experts reste la lancée du smartphone russe : le YotaPhone. « Nous avons démontré que nous sommes capables de finaliser un concept, sans aide de l’Etat. Bien des start-ups avaient proposé ce concept de smartphone avec un couvercle à encre liquide. Mais pas un projet n’a atteint la phase de production. L’équipe de Yota a démontré sa capacité à résoudre des problèmes d’ingénierie, que les starts-ups des autres pays n’ont pas pu dépasser. Ce qui est une preuve de notre motivation, de notre talent et de nos capacités », assure Maxime Petronevitch.
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