La Russie et l’Europe bataillent pour commercer avec les pays du Partenariat oriental

Le second conflit impliquant la Lituanie a éclaté suite à l’embargo de septembre sur les produits laitiers en raison de leur teneur en antibiotiques. Crédit photo : Maxim Blinov / RIA Novosti

Le second conflit impliquant la Lituanie a éclaté suite à l’embargo de septembre sur les produits laitiers en raison de leur teneur en antibiotiques. Crédit photo : Maxim Blinov / RIA Novosti

Depuis le début des années 2000, plusieurs disputes d’ordre commercial sont survenues entre la Russie et les pays de l’Union européenne. Ceci n’est pas surprenant, étant donné que la Russie est en ordre d’importance le troisième partenaire commercial de l’UE, après les USA et la Chine, tandis que l’UE est le premier partenaire commercial de la Russie.

Les principaux griefs de Moscou concernent essentiellement la qualité des produits alimentaires, qui représentent une part importante des exportations européennes (leur volume pour l’année 2012 s’élevait à près de 10 milliards d’euros).

Les interdictions d’importation de produits agricoles en provenance d’Europe ont souvent été causées par telle ou telle maladie :

- 2003, Belgique et Pays-Bas (maladie de la vache folle), Allemagne, Norvège, Suède (la peste aviaire).

- 2004-2005, Pays-Bas, Suède, Italie, France (la grippe aviaire).

- 2006, Allemagne (peste porcine), Suède (maladie de la vache folle).

- 2007, Lituanie, Finlande, France, Allemagne (infection du bétail). 

- 2008, Belgique et Danemark (listériose).

- 2011, Allemagne et Espagne (infection bactérienne de légumes).

L’an dernier, une interdiction d’importer du lait maternisé belge a été introduite en raison d’une infection de salmonelle ainsi que l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et d’autres pays du fait d’une infection virale touchant le bétail. En règle générale, ces interdictions n’ont pas débouché sur des conflits majeurs.

Dans certains cas cependant, les interdictions prononcées par les organes de contrôle ont entrainé des réactions politiques des gouvernements européens.

Ainsi, du fait de l’imposition en 2005 de restrictions à l’importation de viande en provenance de Pologne pour une durée de trois ans, Varsovie a empêché l’ouverture des négociations entre l’UE et la Russie concernant le nouvel accord de partenariat.

Les conflits les plus sérieux dans le domaine commercial se sont toutefois produits au cours des dernières années. Désormais, l’UE dispose d’un nouveau levier d’influence sur Moscou : l’OMC, à laquelle la Russie a adhéré en 2012. La Commission européenne n’a pas tardé à saisir cette opportunité.

L’Union européenne a récemment demandé à l’OMC de mettre en place un groupe d’arbitrage chargé d’examiner le différend concernant la taxe recyclage des véhicules automobiles en Russie. L’UE estime que cette taxe pénalise les véhicules importés. 

Deux autres conflits avec la Fédération de Russie ont été initiés par la Lituanie. Il y a de cela deux ans, Vilnius a accusé Gazprom de fixer des prix iniques à sa production. L’enquête s’est étendue aux activités du géant du gaz en Bulgarie, République Tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie et Pologne. La Commission européenne a annoncé il y a peu qu’une action en justice contre Gazprom était en cours de préparation et devrait débuter au printemps 2014.

Le second conflit impliquant la Lituanie a éclaté suite à l’embargo de septembre sur les produits laitiers en raison de leur teneur en antibiotiques. La classe politique lituanienne estime que Moscou tente par ce biais de mettre la pression sur la Lituanie avant le sommet de Vilnius au cours duquel l’Ukraine devrait signer un accord d’association avec l’Union européenne et a suggéré la possibilité d’instaurer un blocus de Kaliningrad.

La Commission européenne s’est saisie de l’affaire, ayant plus d’une fois déjà reproché à Rospotrebnadzor [le service fédéral russe en charge des contrôles sanitaires et de la certification, ndlr] ses normes trop strictes, et a évoqué vendredi à l’OMC la question des mesures « discriminatoires » prises par la Russie.

Auparavant, outrée par les embargos portant sur l’exportation vers la Russie d’un certain nombre de produits moldaves et ukrainiens, l’UE a déclaré qu’elle envisageait de compenser les pertes de ses partenaires orientaux occasionnées par les actions de la Russie.

Les experts estiment toutefois que Moscou n’a rien à craindre des menaces émanant de l’UE. « Il est peu probable que la Lituanie joue un rôle dans la signature de l’accord d’association », a déclaré l’expert de l’Université nationale de recherche « Ecole des hautes études en sciences économiques », Sergueï Karaganov.

Les déclarations de la Commission européenne au sujet d’une éventuelle compensation de l’Ukraine et d’autres pays des pertes induites par l’embargo ont été qualifiées par l’expert de « mensonge flagrant ».

Selon lui, l’UE tente par ce biais de tirer la couverture vers soi et de contrecarrer les efforts de la Russie visant à renforcer la coopération avec les anciennes républiques soviétiques, ainsi que de faire la démonstration que l’UE reste un acteur puissant.

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