« Les investisseurs comprennent très bien ce qui se passe dans le pays »

Andreï Kouriline, directeur exécutif de Citibank Russie. Source : service de presse

Andreï Kouriline, directeur exécutif de Citibank Russie. Source : service de presse

Andreï Kouriline, directeur exécutif de Citibank Russie, parle de la classe moyenne et de ce que doit faire Moscou pour devenir un centre financier international.

Que représente la Russie dans l’activité du groupe Citibank?

Les résultats et le potentiel de la Russie la classent au rang des marchés prioritaires de Citibank. Le revenu de Citibank a dépassé le milliard de dollars l’année dernière pour un bénéfice de 300 millions. Ceci compte tenu que le chiffre d’affaire global de Citigroup Inc., présent dans plus de 100 pays, constitue près de 70 milliards de dollars. Nous assistons à la meilleure période pour les euro-obligations russes : notre pays est émetteur de plus du tiers des CEEMEA (Europe Centrale de Est, Afrique, Moyen-Orient).

Quelles sont les raisons d’une telle activité sur le marché des euro-obligations ?

Bio

Andreï Kouriline, directeur exécutif de Citibank Russie, président du Conseil d’administration, a débuté sa carrière en 1996 dans cette banque comme consultant. De 2003 à 2006, il est responsable du service aux entreprises de Citibank au Kazakhstan et de 2006-2008 a travaillé au siège de Citibank à New-York. A partir de 2008, il est nommé gestionnaire de risques de Citibank en Russie, Kazakhstan et Ukraine.

Tout d’abord, une forte demande des investisseurs étrangers pour les  actifs des sociétés russes. D’autre part, des taux très attractifs, stimulant l’émission de nouvelles obligations remplaçant les anciennes, plus coûteuses, et enfin, la présence sur les marchés internationaux de liquidités, résultat de l’ « assouplissement quantitatif ».

Comment qualifierez-vous le système bancaire russe ?

Dans l’ensemble, le secteur bancaire russe doit se porter assez bien : les actifs, la capitalisation et les revenus de nombreuses banques continuent de croître. Le taux des réserves a certes également augmenté mais les impayés restent à des niveaux acceptables, ne dépassant pas en moyenne les 5%. Le système bancaire russe est en phase de stabilisation et beaucoup comptent sur un renforcement du rôle des banques dans l’économie du pays, par le biais notamment de financements à long terme.

Pour la Russie, quel équilibre verriez-vous entre la banque de détail et commerciale ?

Bien que nous nous soyons lancés dans la banque de détail presque dix ans après l’établissement de notre activité commerciale, elle constitue  déjà à ce jour plus d’un tiers des recettes de Citibank en Russie. Ce secteur est en pleine croissance. Il y a une très forte demande de services bancaires et de produits internationaux, surtout de la part de la classe moyenne et aisée. Nous ne tendons pas vers une répartition fixe entre les services « aux particuliers » ou « aux entreprises », le mieux est d’éviter une trop forte dépendance à l’une ou l’autre de ces activités. Ainsi, dans notre banque commerciale, nous trouvons des filiales russes des grandes marques bien connues en Russie, comme de grosses compagnies  russes  du secteur primaire, des télécommunications, du secteur financier et autres. Nous « suivons » la plupart de nos clients à l’international.

Que pensez-vous de la nomination d’Elvira Nabioullina à la tête de la Banque centrale russe? Vous attendez-vous à de grands changements ?

La nouvelle présidente de la Banque centrale fait preuve d’autorité dans le secteur bancaire russe, qui a approuvé cette nomination, tout en escomptant que les règles du jeu resteront prévisibles.

Le gouvernement russe souhaite à tout prix faire de Moscou un centre de la finance internationale. Y parviendra-t-il ?

Moscou est déjà un centre financier régional, si l’on en croit le volume et de la qualité de son activité. Pour devenir un centre financier au niveau international, il lui faudra faire des efforts dans plusieurs directions et prendre son temps. Il faut que la base législative, juridique, le système de contrôle et fiscal soient axés vers le soutien et le développement des entreprises et prennent en compte l’expérience d’autres pays.

Fin juin à Saint-Pétersbourg se tiendra le 17ème Forum économique international ? Quels thèmes comptez-vous aborder ?

C’est l’un des plus importants forums économiques internationaux et l’un des événements les plus attendus par le milieu des affaires en Russie. Le Forum donne la possibilité, en peu de temps, de rencontrer un grand nombre de partenaires potentiels et de passer en revue de nombreux thèmes. C’est pourquoi  beaucoup de dirigeants de compagnies internationales y fixent des rendez-vous et concluent des contrats. L’année dernière, nous avons signé avec la compagnie Sovkomflot pour un crédit de 140 millions de dollars. Les quatre dernières années,  le PDG de Citibank était présent au Forum. Vikram Pandit, puis, cette année, le nouveau PDG Mike Corbat, qui soulèvera la question de la réforme du secteur financier mondial.

La montée de protestation en Russie et les réactions du gouvernement ont-elles une influence sur l’image du pays auprès des investisseurs occidentaux ?

Les investisseurs internationaux risquent leur propre argent et celui de leurs clients, ils comprennent très bien ce qui se passe dans le pays. Les manifestations de l’opposition et les divergences de point de vue ne sont pas mal perçues en soi. Les investisseurs prennent en compte un grand nombre d’indicateurs qui rendent le marché plus ou moins attractif. Bien sûr, il y a de bonnes raisons d’espérer de conditions meilleures pour le business en Russie, ainsi que pour d’autres marchés émergeants.

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