Les lance-roquettes américains inquiètent l’armée russe en Syrie

CROW VALLEY, PHILIPPINES - APRIL 14: U.S. Marines Expeditionary commander in the Pacific Lieutenant General John Toolan (C) stands behind a High Mobility Artillery Rocket System (HIMARs) during joint military exercises on April 14, 2016

CROW VALLEY, PHILIPPINES - APRIL 14: U.S. Marines Expeditionary commander in the Pacific Lieutenant General John Toolan (C) stands behind a High Mobility Artillery Rocket System (HIMARs) during joint military exercises on April 14, 2016

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Les lance-roquettes High Mobility Artillery Rocket System (HIMARS) déployés par les Etats-Unis dans la ville syrienne d’At Tanf menacent l’armée syrienne, et la Russie n’est pas en mesure de les neutraliser sans provoquer une escalade dramatique du conflit. Cependant, le déploiement des lance-roquettes n’affectera pas la dynamique de l’offensive de Raqqa menée par les forces soutenues par les Etats-Unis et la Russie contre Daech.

Crédit : Getty ImagesCrédit : Getty ImagesLe seul moyen pour la Russie de neutraliser les lance-roquettes américains HIMARS , déployés récemment à At-Tanf, est de « le détruire lorsqu’il est préparé pour le lancement », nous indique Dmitri Litovkine, un expert militaire russe.

Il n’existe effectivement aucun autre moyen, d’un point de vue technologique, pour la Russie ou l’armée syrienne soutenue par la Russie, de contrer la menace que représentent les lance-roquettes qui auraient été déployés au sud de la Syrie. « Les obus de ce système ne sont pas guidés : ils atteindront leur destination s’ils sont largués du lance-roquette, indique Litovkine. Cela n’aurait aucun sens de tenter d’abattre ces missiles à l’aide des systèmes de défense antimissiles, car les roquettes du HIMARS sont beaucoup moins onéreuses que celles du système de défense utilisé pour les parer », affirme l’expert.

Cependant, le déploiement militaire au sud de la Syrie ne semble pas menacer gravement les intérêts russes à Raqqa, ville qui se trouve au cœur des campagnes militaires tant américaine que russe dans le pays.

« Instrument de génocide »

Le champ de tir du HIMARS peut atteindre un maximum de 300 km, ce qui laisse Raqqa et la zone environnante hors de portée du système. Le principal objectif des Américains est ainsi de renforcer la « zone de désescalade », déclarée de manière unilatérale dans la région, afin d’empêcher l’Iran d’envoyer des ravitaillements à l’armée syrienne.

« En déployant le HIMARS, les États-Unis envoient un signal clair à Moscou et à Damas indiquant qu’ils ne laisseront pas la frontière entre la Syrie, l’Irak et la Jordanie sous le contrôle du gouvernement syrien et des forces iraniennes », nous explique Alexeï Khlebnikov, spécialiste du Proche-Orient au Conseil russe des affaires internationales.

L’expert indique que le déploiement des systèmes de lance-roquettes de forte capacité n’a sans doute rien à voir avec la prochaine offensive de Raqqa. « Les États-Unis cherchent à empêcher les forces gouvernementales pro-syriennes d’occuper la ville stratégique d’At-Tanf et à prendre le contrôle de la route reliant Damas, Bagdad et Téhéran. Dans le cas contraire, cela signifierait que l’Iran serait capable d’envoyer des armes et du matériel directement à l’armée syrienne. C’est pourquoi les Etats-Unis ont décidé d’instaurer leur propre « zone de désescalade » », affirme M. Khlebnikov.

Si le HIMARS ne semble pas impacter la zone entourant la ville stratégique de Raqqa, tenue par les combattants de Daech pris en tenaille entre les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis et l’armée syrienne (FAS) soutenue par la Russie, il affaiblit sérieusement la capacité de l’armée syrienne, car il bloque la région sud du pays.

« Le HIMARS brûle des hectares entiers de terre. Selon les missiles, il peut détruire les troupes de l’adversaire, mais aussi éparpiller des mines anti-personnel et anti-char à travers une vaste zone. C’est un instrument économique et efficace de génocide total », précise M. Litovkine.

L’offensive de Raqqa

Pourtant, malgré le désaccord apparent entre Moscou et Washington sur les moyens de conduire cette guerre, les experts n’excluent pas une éventuelle coopération entre les forces soutenues par les États-Unis et la Russie afin de libérer Raqqa des combattants de Daech.

Il est possible que « l’armée syrienne et les FDS se partagent des zones de responsabilité et coordonnent leur offensive pour la libération de Raqqa », indique Khlebnikov, qui souligne que cela « réduira certainement le nombre de victimes pendant l’offensive » et fournira « un bon exemple pour les opérations futures contre Daech ».

Néanmoins, on ne peut pas exclure un scénario dans lequel les FAS et les FDS entreraient dans une guerre d’influence à Raqqa une fois la ville libérée.

« Le rôle de la Russie et des États-Unis y sera essentiel. Si Moscou et Washington acceptent de coordonner leurs efforts pendant l’offensive de Raqqa, cela se traduira ensuite au niveau des FAS et des FDS. Sinon, l’escalade entre les forces soutenues par la Russie et les Etats-Unis est tout à fait possible », affirme M. Khlebnikov.

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