«Ornithorynque russe»: le Su-34, entre bombardier et chasseur

Vadim Savitsky / Global Look Press
Ce canard poids lourd contient une mini-cuisine, des lieux de repos et même des toilettes, alors que ses «grands» frères Tu-95 et Il-76 se contentent d’un simple seau.

Appartenant à la catégorie des avions polyvalents, le nouvel appareil Su-24 peut aussi bien exécuter des acrobaties aériennes qu’atteindre des cibles bien protégées avec ses armes de précision.

Pour la forme aplatie de son nez, l’armée russe a baptisé le Su-34 (Code OTAN Fullback – « Défenseur ») « Petit canard » ou « Ornithorynque ». Plus d’une centaine de ces appareils sont déjà en service dans les unités des forces aériennes et spatiales, une partie d’entre eux sont activement utilisés en Syrie.

« Le Su-34 n’est pas un avion ordinaire. De l’extérieur, il ressemble beaucoup à un chasseur avec ses formes rapides et ses bouteurs. Par ses capacités, c’est un véritable gros porteur capable de soulever huit tonnes de bombes de précision et de missiles de croisière », nous explique l’analyste militaire d’Izvestia Dmitri Safonov.

Par ailleurs, l’appareil est capable de parcourir sept mille kilomètres sans ravitaillement complémentaire et d’atteindre une cible « face contre face » en brûlant tout sur son passage. Au sein de l’armée de l’air russe, le Su-34 remplace deux types de bombardiers à la fois : l’avion de combat Su-24 et l’avion de longue portée Tu-22M3, beaucoup plus grand.

« Par ses capacités de combat, il n’est pas simplement meilleur, il est radicalement supérieur. Il est créé sur la base du légendaire Su-27 – le bombardier en hérite la forme rapide de son fuselage, qui garantit une exceptionnelle capacité de manœuvre à cet appareil lourd ; cependant, il a perdu en vitesse », précise l’expert.

Contrairement au Su-27, le nouvel avion n’est capable d’atteindre qu’une vitesse de 2 000 km/h. En revanche, il peut transporter des charges très lourdes, ce qui lui permet d’exécuter des manœuvres inaccessibles à tous les autres bombardiers du monde.

Les astuces du « canard »

Crédit : Vadim Savitsky / Global Look PressCrédit : Vadim Savitsky / Global Look Press

Contrairement au prototype, les pilotes ne se trouvent pas l’un derrière l’autre dans la cabine, mais sont assis « côte à côte », comme dans un bombardier classique. Cette solution améliore considérablement l’ergonomie du poste de travail et facilite la communication entre les membres de l’équipage dans les vols longs.

« Comme dans les +grands+ bombardiers, la cabine du +Canard+ est équipée d’autres astuces qui rendent les vols longs plus confortables. Par exemple, elle dispose d’une cuisine équipée d’un four à micro-ondes et de toilettes. Paradoxalement, les avions de combat sont loin de tous en disposer », souligne Safonov.

Il précise que seul le bombardier stratégique Tu-160 « Cygne blanc » peut se vanter de posséder un tel confort. « Les avions de moindre portée, les grands Tu-95 ou l’avion de transport Il-76 doivent se contenter d’un simple seau », ajoute Safonov.

Autre avantage du Su-34 : comme les grands appareils, il dispose de suffisamment de place dans la cabine pour que les membres de l’équipage puissent se tenir debout ou encore se reposer couchés si besoin. Il y a suffisamment d’espace pour cela entre les sièges des pilotes.

Les caractéristiques du Su-34

Cependant, ce ne sont là que des bonus, quoi qu’agréables. La principale capacité du « Canard » est de bombarder et éliminer tout type de cible avec une efficacité maximale.

Le bombardier peut agir de jour comme de nuit, dans des conditions météorologiques très difficiles et en recourant à des contre-mesures électroniques.

Pour la première fois dans l’histoire de l’aviation, la cabine du bombardier se présente sous la forme d’une capsule blindée monolithique très résistante. L’équipage et les systèmes vitaux de l’avion sont protégés par un blindage en titane de 17 mm d’épaisseur. Cela permet à l’équipage de prendre littéralement d’assaut des cibles d’attaque frontale protégées par du béton et du blindage sans craindre les tirs de représailles. La cabine du Su-34 est capable de résister aux coups directs d’obus de 30 mm.

L’avion est équipé d’un complexe ultra-puissant d’impact radioélectrique sur l’ennemi. Son utilisation neutralise complètement les capacités des systèmes de défense antiaérienne et des armes de précision.

« Rien ne peut arrêter un Su-34 qui plonge sur sa cible. Même s’il est attaqué +dans le dos+, comme l’a fait l’armée de l’air turque quand elle a abattu le Su-24 russe en Syrie. Le Su-34 se distingue notamment par sa station radar de vision arrière. Elle surveille ceux qui attaquent l’avion à l’arrière.

En cas de danger, la station donnera le signal d’alarme et déploiera les missiles air-air. Elle tire et le sort de l’assaillant est scellé », nous explique Viktor Mourakhovski, rédacteur en chef de la revue Arsenal de la Patrie.

Les armes de l’ornithorynque

Mourakhovski souligne que le Su-34 est équipé de 12 suspensions externes capables de transporter jusqu’à huit tonnes de munitions. « Ce sont des bombes à chute libre et des blocs de missiles non-guidés. Outre ces engins, les Su-34 peuvent être équipés de bombes aériennes guidées et de missiles air-sol. Ces armes peuvent également être remplacées par des bombes radioélectriques, des réservoirs de carburant supplémentaires ou des armes de combat aérien, comme pour le Su-27 », ajoute Mourakhovski. Par ailleurs, le bombardier est équipé d’un canon de 30 mm. 

Crédit : Artyom Anikeev / Global Look PressCrédit : Artyom Anikeev / Global Look Press

Iouri Borissov, vice-ministre de la Défense chargé des armements, indique que l’armée de l’air russe devrait recevoir au moins 200 bombardiers Su-34.

Le « Canard » d’attaque remplacera deux types de bombardiers à lui seul et apportera de nouvelles qualités à l’aviation russe. En effet, outre les bombes et les missiles air-sol, l’appareil peut également utiliser des armes antinavires – les missiles de croisière X-31/35 ou les missiles ultra-modernes Oniks.

C’est la raison pour laquelle les passages de Su-34 dans le ciel de la Baltique ou de la mer de Barents provoquent autant de réactions.   

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