Pourquoi la Russie conçoit un nouveau missile nucléaire

La production du missile balistique intercontinental Sarmat lancée en 2018.

La production du missile balistique intercontinental Sarmat lancée en 2018.

Sergeï Kazak / TASS
À partir de 2018, la Russie lancera la production de son nouveau missile balistique intercontinental Sarmat, qui remplacera son prédécesseur âgé de 25 ans, le SS-18 Satan.

Le ministre russe de la défense Sergueï Choïgou a déclaré que l’usine chargée de la production du nouveau missile balistique intercontinental russe (ICBM) Sarmat travaillait « pratiquement jour et nuit » pour développer le nouveau système d’armements. Une déclaration démontrant que le développement de cette nouvelle arme et des techniques de dissuasion est d’une importance stratégique pour la Russie.

Le Sarmat, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un missile RS-28 intercontinental lourd à carburant liquide, d’un poids total de 100 tonnes et d’une charge utile de 10 tonnes. Il doit commencer à équiper les forces nucléaires stratégiques russes après 2020 et remplacera le missile stratégique SS-18 Satan, d’un poids de 211 tonnes, et capable d’emporter 8,8 tonnes de charge utile.

« Le RS-28 se distinguera de son prédécesseur non seulement par son poids bien plus léger, mais aussi par sa portée. Si le Satan avait une portée de 11 000 kilomètres, le Sarmat peut parcourir jusqu’à 17 000 kilomètres. Les ingénieurs ont choisi de le faire voler vers sa cible en passant par le Pôle Sud, là où personne ne l’attend et où il n’existe pas de systèmes de défense antimissiles », a déclaré à RBTH Viktor Litovkine, analyste militaire de l’agence TASS.

Selon lui, le Sarmat ne transportera pas dix têtes nucléaires, mais au moins quinze têtes individuelles, disposées en grappe. Chacune d’entre elles, d’une puissance de 150 à 300 kilotonnes, se détachera de la « grappe » lorsque son ordinateur de vol intégré lui indiquera qu’elle doit se diriger vers sa cible.

De plus, le général-colonel en retraite Viktor Essine, ancien commandant des forces nucléaires stratégiques, souligne que le Sarmat volera vers sa cible à une vitesse hypersonique (supérieure à Mach 5, ou 6120 km/s), changeant en permanence son cap et son altitude, ce qui rendra complètement impossible son interception par des systèmes de défense antiaériens.

« Aucun système de défense antimissiles existant ou en projet ne pourra l’intercepter. Que la cible soit défendue ou pas ne fera aucune différence », a déclaré Essine. Les premières troupes à recevoir ces nouveaux missiles seront les divisions des forces nucléaires stratégiques basées à Krasnoïarsk (4150 km à l’est de Moscou) et Orenbourg (1450 km à l’est de Moscou).

Combien de Sarmat seront mis en service

Il reste au moins 154 rampes de lancement de missiles Satan (154 autres ont été détruites aux termes du traité START-1). Et même si le nouveau missile ne les équipera pas toutes, leur quantité devra rester dans le cadre de l’accord START-3, qui prévoit que la Russie et les USA ne déploieront d’ici le 5 février 2018 que 700 missiles porteurs de 1550 têtes nucléaires.

« Chaque Sarmat emporte 15 têtes nucléaires. À l’heure actuelle, les données disponibles indiquent que la Russie possède 521 missiles emportant 1735 têtes nucléaires. (Les États-Unis en possèdent respectivement 741 et 1481) », déclare M. Litovkine.

Pourquoi la Russie développe un nouvel ICBM

Selon les experts, cette nouvelle arme sera mise en service à l’expiration du traité START-3 (en 2021). À ce moment-là, le Satan aura dépassé sa durée de service garantie.

« Parallèlement, les États-Unis lanceront en 2020 une modernisation de leur triade nucléaire (bombardiers stratégiques, missiles balistiques et sous-marins), avec un budget de plus de mille milliards de dollars. Le nouveau missile servira de dissuasion, compte tenu de la confrontation actuelle entre les deux pays », ajoute Essine.

Les tests du Sarmat ont commencé en 2016. Les missiles sont encore à l’état d’esquisse : leur compatibilité a été vérifiée avec les rampes de lancement et les algorithmes de tir. Cependant, les experts affirment que le complexe militaro-industriel est prêt à produire en série les pièces du missile, et donc à passer à des essais en vol.

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