Comment l’Extrême-Orient russe est défendu en pleine crise coréenne

Evgeny Yepanchintsev/RIA Novosti
Alors que les tensions montent sur la péninsule coréenne, le système de défense anti-missile russe est à un niveau d’alerte élevé, et un certain nombre de médias rapportent le déploiement de convois militaires à la frontière avec la Corée du Nord. La Russie envisage-t-elle de participer au conflit coréen?

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« La Russie suit très attentivement les événements en Corée du Nord », a déclaré Victor Ozerov, président du comité du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe), ajoutant que, pour le gouvernement, la Russie n’était pas une cible pour les missiles du voisin nord-coréen. « D’un autre côté, les armes sont les armes, et notre armée fait tout ce qu’elle peut pour empêcher qu’en cas de situation extraordinaire, des missiles tombent par erreur sur le sol russe », a-t-il déclaré.

À ces fins, le pays organise des exercices complémentaires en Extrême-Orient et contrôle l’état de préparation des effectifs en cas de guerre aux frontières russes. « Un missile nord-coréen peut être dévié chez nous par le vent, pour ainsi dire. Pour éviter cela, tous les officiers des unités de défense antimissile ont été rappelés de leurs congés et se trouvent à proximité immédiate de leur poste », nous indique l’analyste militaire du quotidien Izvestia Alexeï Ramm.

Ainsi, la Russie a déployé des complexes S-400 complémentaires dans la région : ils servent notamment à anéantir des missiles balistiques ennemis à une distance de 400 km.

Ramm précise qu’avant cela, les systèmes fonctionnaient en mode de veille sans lanceurs déployés – ils surveillaient le ciel et suivaient des cibles. Aujourd’hui ils sont prêts à abattre tout missile ennemi se dirigeant vers la Russie sur simple ordre.

Rumeurs sur le redéploiement de matériel à la frontière nord-coréenne

Fin avril, les habitants de l’Extrême-Orient ont fait circuler une vidéo sur laquelle on voyait des militaires convoyer du matériel dans le Primorié via Khabarovsk, à destination des frontières nord-coréennes.

« Vous dites que toutes les inquiétudes autour de la Corée sont exagérées. Eh bien, aujourd’hui, jour de Pâques (16 avril), c’est déjà le troisième convoi qu’on voit. Donc, ce n’est pas exagéré. Quelque chose se trame bien à la frontière coréenne », explique l’auteur de la vidéo.

Cependant, Alexandre Gordeïev, porte-parole du District militaire de l’Est, a précisé que le convoi était destiné à des exercices qui se sont achevés le 29 avril.

« Je ne peux pas parler de chaque convoi précisément, mais aujourd’hui, le matériel est transféré à travers les régions pour des contrôles programmés suite à la période d’exercices hivernale », a indiqué le représentant du ministère de la Défense, cité par les médias du Primorié.

La Russie participera-t-elle à la guerre ?

Les experts jugent peu probable l’utilisation des unités et des formations pour des combats directs, cependant il est important de contrôler la préparation des troupes à tout type de scénario sur les frontières.

« Ces vérifications sont multiples – il peut s’agir du positionnement sur les sites de déploiement, du déploiement de complexes, du lancement d’une surveillance massive des cibles aériennes et du transfert de données au poste de commandement pour décision ultérieure. C’est la routine militaire traditionnelle comme partout dans le monde pendant tous les exercices ou activités militaires à proximité des frontières d’un État », nous explique le professeur de l’Académie des sciences militaires Vadim Koziouline.

L’expert estime par ailleurs que même si l’armée est contrainte d’abattre un missile nord-coréen, Moscou ne s’engagera pas dans une guerre sur la péninsule coréenne.

« Nous exprimerons une note de protestation, qui sera suivie de la routine politique et diplomatique habituelle dans ces cas, mais nous ne nous engagerons pas dans une grande guerre », ajoute Vadim Koziouline.

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