Dmitri Mendeleïev : l'« inventeur de la vodka »

Dessin de Natalia Mikhaylenko

Dessin de Natalia Mikhaylenko

Parcours d'un chimiste qui se considérait poète

Dessin de Natalia Mikhaylenko

Le célèbre chimiste russe Dmitri Mendeleïev est principalement connu pour son travail sur la classification périodique des éléments, dont l'impact sur la science est comparable à celui produit par l'invention de l'électricité. Mais bizarrement, dans le folklore russe, il est également considéré comme l'inventeur de la vodka : il aurait, selon la légende, calculé que la meilleure vodka titrait à 40 dégrées, ce qui est devenu la norme pour cette boisson.

Il est à noter, que Mendeleïev ne se considérait pas comme un chimiste, car à l'époque ce mot signifiait un « escroc » en russe. Le verbe khimitchit (« faire de la chimie ») veut d'ailleurs toujours dire « tricher ».

Mendeleïev était vraiment un homme à multiples facettes : un inventeur (sa création la plus célèbre, outre la vodka, fut la poudre sans fumée), un maroquinier (il confectionnait des valises en cuir), un aéronaute. Il donnait parfois des conseils au ministre des Finances Serge Witte et était un « gourou » de poésie pour le célèbre poète Alexandre Blok. Quand ce dernier est venu chez lui pour demander en mariage sa fille Liouba, Mendeleïev s'est mis à lui lire le conte Le Petit Cheval bossu de Piotr Erchov. Puis, il dit à Blok, sous le choc : « Peux-tu écrire de telles choses ? Si non, alors tu ne dois pas te considérer comme un poète ».

Quant à ses exploits dans les airs, il ne manquent pas d'anecdotes. Un jour, le savant a décidé d'observer une éclipse solaire depuis un aérostat. À ces fins, les autorités ont octroyé à Mendeleïev le ballon stratosphérique portant le nom Rousski (« russe »). Le jour de l'éclipse, malgré un temps bouché, Mendeleïev décide d'entreprendre le voyage. Avec M. Kovanko, un lieutenant de l'armée russe chargé d'accompagner le scientifique, il monte dans la nacelle et coupe la corde, mais le ballon ne bouge pas. Le scientifique décide d'alléger un peu la nacelle, en jetant tout dehors, mais en vain : l'aérostat reste au sol. Il dit donc au lieutenant : « Sortez ! J’y vais seul ». Juste une minute plus tard, le ballon disparaît dans les nuages.

Les ténèbres descendus sur Terre ont eu un impact sur les spectateurs : l'épouse de Mendeleïev tombe malade et l'on l'emmene chez elle. L'ambiance oppressante ne fait que s’intensifier lorsqu’un télégramme arrive : « Le ballon a été aperçu, mais Mendeleïev n'est plus à son bord ».

Et il y avait effectivement de quoi s'inquiéter. Après avoir observé le soleil noir dans un ciel vacillant, Mendeleïev a décidé d’entamer la descente, mais il n'a pas pu le faire : la corde contrôlant la valve de gaz de son aérostat s'était emmêlée. Essayant de ne pas regarder vers le bas, le savant est monté sur le bord de la nacelle et s'est mis à la démêler. Son manteau lourd, qu'il avait mis pour ne pas attraper un rhume, et ses bottes hautes le dérangaient beaucoup ; pris de vertige, il réussissait à peine à se maintenir en équilibre. Mais, finalement, le savant parvient à fixer la corde, et le ballon commence à descendre.

Après que l'aérostat descend dans un village, son chef se présente tout de suite. En fixant des yeux Mendeleïev il demande d'un ton suspect : « T'es un espion ? ». « Non, je suis un scientifique ». « Ah, bon », répond le chef de village. « Va-t'en, et moi, je vais surveiller ton ballon ».

Les historiens se disputent toujours pour savoir si cet homme était sous l’emprise d'une certaine boisson, « inventée » par Mendeleïev...

 

Réagissez à cet article en soumettant votre commentaire ci-dessous ou sur notre page Facebook


Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies