Les Russes saluent la vie à crédit

Il semble que les citoyens pris au piège du crédit n’aient pas remarqué que les prêts à la consommation sont devenus au cours de l’année précédente considérablement plus chers. Crédit : Maksim Bogodvid/RIA Novosti

Il semble que les citoyens pris au piège du crédit n’aient pas remarqué que les prêts à la consommation sont devenus au cours de l’année précédente considérablement plus chers. Crédit : Maksim Bogodvid/RIA Novosti

De nombreux Russes souscrivent à des crédits sans vraiment comprendre les coûts associés. Selon les analystes, même la croissance des taux d’intérêt ne sera pas suffisante pour les dissuader : c’est seulement le resserrement du crédit qui arrêtera cette « fièvre de consommation ».

Une nouvelle voiture, le dernier iPhone, un voyage en Europe pour Noël : de telle ou telle façon, les Russes aiment s’adonner aux plaisirs, particulièrement s’il s’agit d’un achat à crédit. Et d’après le rythme de la croissance de l’octroi de prêts à la consommation, ce dernier éprouvant en Russie pour la deuxième année consécutive un véritable boom, les Russes ont pris l’habitude de vivre à crédit, ce même mode de vie dont les conséquences hantaient l’Europe durant toute l’année 2012.

Or, le montant total des crédits à la consommation, octroyés de janvier à octobre 2012, s’est chiffré, selon la Banque de Russie, à 7.400 milliards de roubles (près de 183 milliards d’euros). Cela veut dire que du 1er janvier au 1er novembre, le portefeuille de prêts des banques russes a augmenté de 38%, dépassant le niveau de tous les 12 mois de l’année 2011, et la croissance totale devant atteindre à la fin de 2012 40%, d’après les estimations du vice-président de la Banque de Russie, Mikhaïl Soukhov. Dans ce sillage, les prédictions de Standard & Poor's selon lesquelles le bénéfice net des banques russes atteignerait en 2012 1.000 milliards de roubles (près de 24,8 mds EUR), se présentent comme assez réalistes : de janvier à novembre 2012, les banques ont déjà gagné 930 milliards de roubles (23,04 mds EUR), les revenus pour l’année 2011 s’élevant à 850 milliards de roubles (21,06 mds EUR).

Il est à noter que l’octroi de crédits corporatifs n’a grimpé en 2011 que de 20%, tandis que celui de prêts personnels a augmenté durant la même période de 40%. Le vrai champion, quand même, c’était le secteur de crédits à la consommation sans garantie, augmentant, quant à lui, de 60%, a rapporté la Banque centrale de Russie. « Les citoyens sont prêts à souscrire à des crédits. Mais il s’agit largement de prêts inférieurs aux crédits logement en termes de la durée », explique le vice-président de la banque Rennaissance-Credit, Denis Vlassov. « D’après notre base de données, contenant des informations sur 60 millions de clients, soit 80% de la population active du pays, on peut dire que presque tous les ressortissants russes avaient pris des crédits. Et, selon nos estimations, on peut constater la naissance d’une classe de « créditomanes » : la part des emprunteurs ayant plus de 5 prêts à la fois a atteint en 2012 plus de 8% contre 5% auparavant », rapporte pour sa part le directeur général du Bureau national russe des historiques de crédit (NBKI), Alexandre Vikouline.

Il semble que les citoyens pris au piège du crédit n’aient pas remarqué que les prêts à la consommation sont devenus au cours de l’année précédente considérablement plus chers. Ainsi, à la fin de mars 2012, Sberbank, la plus grande banque du pays, a augmenté les taux d’intérêt sur ses prêts à la consommation de 0,65 – 2% (les taux atteignant 15,5-20% par an). En septembre, la banque a de nouveau initié une forte hausse des taux d’intérêts, qui ont augmenté en moyenne de 2% suite à l’augmentation du taux de refinancement par la Banque centrale de Russie (de 8 à 8,25%). Cependant, en général, les offres des banques russes à la fin de 2012 n’étaient pas vraiment différentes de celles proposées au début de l’année : les taux d’intérêt dans le secteur des crédits de caisse se chiffraient entre 15 et 25% (en fonction de la qualité de l’emprunteur), tandis que ceux des cartes de crédit fluctuaient entre 20 et 40% et ceux dans le secteur des crédits immédiats atteignaient 70% par an.

Paru sur le site de Kommersant le 14 janvier 2013.

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