Les gouverneurs russes tiennent tête au Kremlin

De g. à dr.: Vladimir Poutine et le gouverneur de la région de Kirov Nikita Belyrh. Crédit : Alexeï Nikolski/RIA Novosti

De g. à dr.: Vladimir Poutine et le gouverneur de la région de Kirov Nikita Belyrh. Crédit : Alexeï Nikolski/RIA Novosti

La dernière étude du Fonds Peterbourgskaïa Politika sur la situation socio-politique dans les régions russes révèle un revirement, ce dernier mois, dans le comportement des élites régionales. L’opposition au Kremlin sur des questions centrales devient de plus en plus marquée.

Ce dernier mois, on observe une nouvelle tendance : les gouverneurs semblent prêts à défendre publiquement leurs positions sur des thèmes centraux, quitte à aller à l’encontre des autorités fédérales. Les exemples les plus marquants concernent les élections régionales et l'adoption.

Le renouveau des débats en novembre-décembre 2012 sur une possible annulation des élections directes pour les régions (ou du moins pour les républiques) s’est déroulé sous le regard compatissant (voire indifférent) des autorités fédérales. Les déclarations de Poutine sur les « schémas particuliers » concernant les élections dans les républiques sonnaient plutôt comme une volonté de revenir sur les concessions accordées dans le cadre des réformes politiques de 2011. Nombre de gouverneurs s’y sont opposés, y voyant un acte hostile et pouvant avoir des effets négatifs sur leur influence dans la région. Ainsi, les chefs du Tatarstan et du Bachkorstan n’étaient pas les seuls à s’élever contre l’annulation des élections, rejoints, notamment, par le président du Daghestan, pourtant considéré comme l’une des républiques encline au retour à la nomination. Le seul à se prononcer en faveur de l’annulation des élections directes  est le chef de la république d’Ossétie du Nord Taïmouraz Mamsourov, révélant d’autant plus la faiblesse des autorités locales n’ayant pas réussi à obtenir des résultats satisfaisant pour Russie unie aux élection régionales d’automne dernier.

Autre surprise : la réaction des élites régionales face à leur implication dans la campagne médiatique sur la nouvelle loi sur l’interdiction de l’adoption des enfants russes aux Etats-Unis. Officiellement, les parlements régionaux ont déclaré leur soutien mais c’est bien à contre cœur que les sénateurs et députés locaux se sont vu impliqués dans une campagne sur un sujet aussi fâcheux et impopulaire. Ainsi lors de l’assemblée de la Douma régionale de Pskov, le soutien fut prononcé en deuxième lecture seulement avec un minimum de voix. Une partie des sénateurs ont choisi de minimiser les risques pour leur réputation en évitant, sous divers prétextes, de participer au vote. Et un groupe de gouverneurs a même été jusqu’à remettre publiquement en doute le bien fondé de cette loi. Dans ses rangs, il n’y avait pas seulement Nikita Belykh (région de Kirov) mais aussi les gouverneurs de l’oblast de Kaliningrad et de Novossibirsk, Nikoaï Tsoukanov et Vassili Ïourtchenko, qui ne s’étaient jamais fait remarquer par de tels actes publics auparavant.

Si l’on en croit les faits de fin 2012 (et ceux de début 2013 qui n’ont pas été pris en compte par l’étude), dans les prochaines semaines, on devrait observer une autre tendance : la volonté des gouverneurs à se joindre à l’appel « patriotique » lancé par le président Poutine dans son discours annuel. Si en décembre, l’invitation de Gérard Depardieu par Ramzan Kadyrov en Tchétchénie semblait une bizarrerie, la Mordovie et ses velléités à accueillir le célèbre acteur français a reçu un net soutien de l’Etat.

Retrouvez le texte original (en russe) sur le site de Peterbourgskaïa politika.

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