Armada de l’avenir : les ambitions de la marine russe

Le sous-marin Iouri Dolgorouky a été mis en service le 10 janvier. Crédit : Pavel Kononov/RIA Novosti

Le sous-marin Iouri Dolgorouky a été mis en service le 10 janvier. Crédit : Pavel Kononov/RIA Novosti

Deux événements très importants pour la défense russe sont survenus dans la ville de Severodvinsk (région d’Arkhangelsk, nord) juste avant le début de l’année 2013.

Le premier sous-marinnucléaire lanceur d’engin (SNLE) de classe Boreï doté de 16 missiles Boulava-30 (nouvel missile russe à propergol solide, équipé de 6 à 10 ogives nucléaire) a été mis en dotation de la Marine russe le 30 décembre 2012 avant de finalement être mis en service le 10 janvier.

Le sous-marin a été baptisé Iouri Dolgorouky, en l’honneur du fondateur de Moscou. En outre, le troisième sous-marin de cette classe, Vladimir Monomakh, a été mis à l’eau le jour même, tandis que la construction du quatrième navire du même type, Saint-Nicolas, doté d’une coque légèrement allongée, débutera prochainement. 

Il est à noter que, grâce à cette coque remodélée, Saint-Nicolas et tous les SNLE de classe Boreï qui seront construits  dans l’avenir, seront capables à porter pas 16, mais 20 missiles Boulava. Compte tenu de la prochaine mise en service du deuxième navire de cette classe, Alexandre Nevski, et du début des tests de Vladimir Monomakh, les forces stratégiques nucléaires russes recevront d’ici trois ou quatre ans quatre SNLE portant 68 missiles nucléaires.

Et en 2020, l’« équipe » de Iouri Dolgorouky comprendrait 8 navires de classe Boreï, dotés de 148 missiles. Ces sous-marins compléteront donc la Marine russe avec ceux de classes Kalmar et Delphine (Delta III et Delta IV selon l’Otan). 

D’après l’amiral Viktor Tchirkov, commandant-en-chef des forces navales russes, les navires mentionnés, ainsi que les sous-marins de classes Iassen (le premier navire de la classe, baptisé Severodvinsk, sera mis en service opérationnel en 2013) et Granit (navires modernisés, dont le K-141 « Koursk » qui a fait naufrage en 2000) et les croiseurs à propulsion nucléaire porteurs de missiles de classe Kirov (dont le navire amiral de la flotte russe du Nord, Pierre le Grand) constitueront la base des forces russes de dissuasion.

Dans une récente interview, M. Tchirkov a noté que le noyau de ces forces devait se composer de porte-avions. « Outre le porte-hélicoptères de production étrangère [il s’agit de navires français de classe Mistral, ndlr], la base de ces forces comprendra dans l’avenir un porte-avoins de nouvelle génération », a déclaré l’amiral avant d’ajouter que, contrairement aux porte-avions des générations précédentes (comme L’Amiral Kouznetsov, navire amiral de la marine de guerre russe), il devrait s’agir d’un grand navire de guerre polyvalent, complètement neuf.

Ce porte-avions devra être doté d’outils de combat pilotés et robotisés, opérant dans les airs, sur la mer, sous l’eau et même dans l’espace. Parmi ces engins figureront des avions de surveillance et de guidage, ainsi que des drones de reconnaissance et d’attaque, ce qui garantira l’efficacité de leur utilisation.

M.Tchirkov a souligné que la création de navires de ce type n’inclurait pas uniquement la conception et la construction de porte-avions.

« On envisage de créer un système militaire complet pour des portes-avions, comprenant, outre les navires, des bases avec une infrastructure nécessaire (y compris sur le plan social), des aéronefs, un centre de formation d’équipages et de pilotes de l’aviation embarquée, et d’autres éléments. La base pour ce système sera mise en oeuvre avant 2020 », a déclaré l’amiral. 

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Mais, selon l’officier,  outre les grands navires, les forces navales russes de surface, opérant en zones océanique et littorale, comprendront également des frégates et des corvettes de projets 22350 et 20380 et les modifications de ces derniers, dont certains sont déjà en pleine construction dans les chantiers navals de Saint-Pétersbourg et de Kaliningrad.

« Ceux-ci seront à leur tour remplacés par des navires modulables, dotés d’une vaste gamme d’outils de robotique », a en outre déclaré M. Tchirkov, en ajoutant qu’un nouveau destroyeur avec un haut potentiel d’attaque et de défense sera développé pour occuper à moyen terme la position du navire de guerre principal des forces navales russes de la zone océanique. 

Le commandant-en-chef de la marine a fait remarquer que la Russie réalisait déjà ces concepts en développant une nouvelle corvette de protection portuaire.

« Ce navire sera utilisé pour accomplir un ensemble très diversifié de missions, assignées habituellement dans les zones côtières à des bâtiments et d’autres engins : il s’agit de missions de lutte anti-sous-marine, anti-mines, anti-navires et antiaérienne, de minage et de l’appui-feu des troupes de débarquement et des forces terrestres près de la côte de la mer », a précisé M. Tchirkov.

L’amiral a également noté que le projet de la nouvelle corvette était considéré comme une étape qui permettrait aux constructeurs russes d’acquérir de l’expérience pour lancer dans l’avenir la construction modulaire de plus grands navires.

Les concepts de la modularité et de la modularisation seront donc employés d’abord dans la construction de la corvette de protection portuaire, avant d’être étendus sur d’autres bâtiments, façonnant ainsi l’image de la future flotte russe. 

L’avenir des forces navales russes, tel qu’il a été présenté par M. Tchirkov, se présente comme très intéressant : selon l’amiral, après 2020, la Russie pourrait lancer la construction de submersibles non-habités et de systèmes spéciaux robotisés, ainsi que la conception de divers équipements de fond, déployés principalement par des sous-marins, tandis que durant la deuxième étape du développement (de 2021 à 2030), la marine créerait des armes utilisant des nouveaux principes physiques et des armements de nouvelle génération pour les forces navales. Durant la même période, l’aviation navale recevra des avions de surveillance radar, des drones embarqués et un nouveau système d’aviation embarquée. 

L’amiral russe a déclaré qu’« au cours de cette période, la marine fera transition vers des avions optionnellement pilotés [des soi-disant « OPV », constituant des hybrides de drones et d’avions conventionnels - ndlr], y compris ceux créés sur la base des avions modernes, tandis que la flotte aérienne ancienne sera complètement remplacée par des nouveaux aéronefs polyvalents, y compris des drones ». 

Bien évidemment, prédire n’importe quoi pour une période si éloignée est un peu facile. L’industrie navale russe, pourra-t-elle atteindre des objectifs si ambitieux ? 

L'avenir le dira. Mais la chose la plus importante pour l’instant, c’est que les autorités russes ont finalement compris que le pays a besoin d’une marine de guerre puissante et efficace. Et cela signifie que les propos de l’amiral Tchirkov sur l’avenir de la flotte russe dépasseront le simple fantasme.  

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