Sergueï Ivanov : « Le G20 agit dans l'intérêt de l'économie mondiale »

Sergueï Ivanov Crédit : Itar-Tass

Sergueï Ivanov Crédit : Itar-Tass

Le 1er décembre marque le début de la présidence russe du G20. Quel est l’agenda commun qui réunit le monde, si dilaté et si serré ? Sergueï Ivanov, chef de l’administration du Président de la Russie et chef du comité d'organisation de la présidence russe du G20, a répondu aux questions du journal « Vesti ».

Vesti : Pourquoi est-ce si important pour la Russie de présider le G20 ?

Sergueï Ivanov : Le G20 est le forum informel des grandes économies mondiales. La « vingtaine » représente ou génère 90% du produit intérieur brut mondial et 80% du commerce mondial. Les pays du G20 sont le foyer de deux tiers de notre planète.

Nous parlons d'une vingtaine de pays, mais en fait, les 5 et 6 septembre, seront accueillies 33 délégations. De ce fait, nous élargissons le format et souhaitons montrer que le G20 n'est pas un club fermé et exclusif. Nous restons à l'écoute et agissons dans l'intérêt de l'économie mondiale qui affectera chaque pays quel que soit son niveau de développement.

En outre, nous invitons au sommet les responsables des principales organisations internationales. Par rapport au G8, l'agenda est plus chargé. Mais l'infrastructure de base, bien sûr, est déjà créée : le Palais Konstantinovski de Saint-Pétersbourg.

Vesti : Au sein du G20, il y a des pays qui n'ont pas l'habitude d'être à l'écoute des autres. La Russie occupe, selon les estimations des uns ou des autres, la troisième ou la quatrième place au monde en termes de réserves de change et peut, lors des pourparlers avec les États-Unis, faire prévaloir l'argument suivant : nous achetons vos certificats de dépôt et d'autres titres, nous finançons votre économie ; vous pourriez, peut-être, nous écouter, agir dans notre sens et pas dans un autre ?

S.I. : D'un côté, je ne peux pas être en désaccord avec vous. Bien sûr, les Américains n'aiment pas quand on leur donne des conseils. D’un autre côté, je ne peux pas affirmer qu'ils rejettent tout conseil. Les Américains jouent un rôle majeur au sein du FMI. Mais même lors du dernier sommet du G20, il a été convenu qu'il était nécessaire de modifier les quotas et la répartition des voix au sein du FMI en prenant en compte la croissance des économies des pays de l'ABRIC.

Vesti : Vu le contexte international qui a beaucoup changé, y a-t-il un espoir de parvenir à un accord sur les questions liées à l'énergie ? Est-il vrai que l'énergie, une fois de plus, est à l'ordre du jour du G20 ?

S.I. : Si nous parlons du troisième paquet énergétique, alors il faut constater qu'il existe un souci dans les relations entre la Russie et l'UE. Pourtant, ce n'est pas un problème mondial, et je ne pense pas qu'il soit abordé au G20.

Oui, il y a beaucoup de questions. Nous sommes fondamentalement en désaccord et nous ne le cachons pas : le Troisième paquet énergétique ne fait qu'empêcher la signature des contrats de long terme et l'Europe subit, tout bêtement, un manque de ressources. En fait, la prospection pétrolière et gazière devient de plus en plus coûteuse parce qu'elle s'opère de plus en plus dans le Nord.

Le transport, la transformation et la distribution. Si nous partons de la logique de l'Union européenne, tout cela devrait être divisé. Mais alors, la question se pose : qui va investir dans l'exploration et le transport ?

Vesti : Dans à peu près vingt ans, quel ensemble de monnaies de réserve voyez-vous ?

S.I. : Il est très facile de se tromper. Cela revient à prédire, par exemple, le résultat des matchs de football. De toute évidence, c'est le dollar. L’euro peut-être aussi. Il y a plusieurs autres devises, qui peuvent en partie être considérées de réserve. Le franc suisse est une bonne et très fiable monnaie, ainsi que la livre sterling.

Aujourd'hui, on parle beaucoup de la création d'une monnaie commune asiatique, et si elle est adoptée, cette devise sera, bien évidemment, le yuan. Ceci étant, le yuan n'est pas encore une monnaie pleinement convertible et ce processus prendra encore quelques années.

Il est aussi question de créer des monnaies régionales dans le monde arabe. Quant à la Russie, le rouble a une chance de devenir une monnaie de réserve régionale, notamment dans la CEI. Ce travail est en cours. Nous faisons du commerce au sein de l'Union douanière partiellement en roubles. Avec la Chine, nous avons également commencé à commercer en roubles pour éviter tout risque supplémentaire de volatilité des devises principales, à savoir le dollar et l'euro. Cela rend notre économie plus stable et plus fiable.

Version abrégée. Article original sur le site de Vesti.

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