« L’État porte l'innovation à bout de bras »

Oleg Fomitchev Crédit : Ruslan Krivobok/RIA Novosti

Oleg Fomitchev Crédit : Ruslan Krivobok/RIA Novosti

Aujourd’hui, en Russie, c’est le gouvernement qui porte à bout de bras le secteur de l’innovation et ce sont les compagnies publiques qui investissent le plus dans la recherche et le développement. Le vice-ministre du développement économique Oleg Fomitchev explique pourquoi le secteur privé reste frileux.

Lors du Forum international « Innovations ouvertes » qui vient de se tenir à Moscou, les représentants de l’État assuraient que le gouvernement doit stimuler les innovations. Mais l’expérience d'autres pays montre que ce n’est pas la seule ni la meilleure voie. Qu’est ce qui peut faire avancer le progrès en Russie ?


Par stimulation de l’innovation par l’État, ils sous-entendent que la réalisation d’un système d’innovation passe par plusieurs étapes et à chacune de ces étapes chacun a son rôle déterminé : l’État, les entreprises et, plus rarement, les établissements scientifiques universitaires.

Nous nous trouvons malheureusement à un stade où les entreprises ne sont pas prêtes à remplir leur fonction principale de stimulateur d’innovation. Leur activité en matière d’innovation est très limitée, la demande d’innovation est faible, les investissements en recherche et développement minimes et durant cette période de transition ou tout est en train de se mettre en place, la participation de l’État apparaît indispensable.


Nous prévoyons néanmoins qu’au fur et à mesure que le secteur des innovations se développe, les entreprises se chargeront de cette mission. Pour l’instant, les dépenses en recherche et développement sont à 70% assurées par l’État contre 30% par les entreprises, alors que ce devrait être l’inverse.


Pourquoi les entreprises n’investissent-elles pas dans l’innovation ?


Tout d’abord, c’est lié aux particularités du marché russe. Pour l’instant, la Russie, étant donné son niveau d’avancement technologique, peut encore se contenter d’une modernisation basée sur l’utilisation des technologies étrangères qui ont déjà fait leurs preuves. Dans beaucoup de secteurs, par exemple la construction automobile, nous avons un tel niveau que la moindre avancée technologique demandant peu d’investissement peut apporter un résultat et une rentabilité visible.


Ainsi, tant que nos entreprises n’atteindront pas un niveau suffisant pour se positionner sur le marché international, ils n’auront aucune motivation pour investir dans la R&D.


D’autre part, cela tient également au fait que pour le moment le climat d'investissement est loin d’être idéal, à cause des douanes, du fisc, du régime des charges sociales et de l’infrastructure. Beaucoup d’efforts ont été faits (création des zones économiques spéciales, de technopoles), mais cela reste insuffisant.

 
La Russie doit-elle cesser de baser son économie sur l’exploitation des ressources naturelles ?

 
Je n’irais pas jusqu’à préconiser l’abandon de notre modèle économique. Mais il faut s’efforcer d’y ajouter une même part provenant des autres secteurs, du secondaire, du tertiaire, de l’informatique. Le secteur primaire semble énorme à cause du retard des autres secteurs. Nous devons moderniser le secteur primaire, y apporter des innovations technologiques afin de réduire les frais de production.


Comment rester concurrentiel dans un monde de plus en plus tourné vers les énergies alternatives ? 


La situation est en train de changer, la part de l'énergie renouvelable et des énergies alternatives augmente, même s’il m’est difficile de faire des prévisions concrètes. Dans tous les cas, nous devons investir dans ce domaine, car même si les secteurs traditionnels resteront dominants, nous serons toujours en demande de savoir-faire, de connaissances technologiques, d’écoles scientifiques.  

Le secteur énergétique traditionnel et le développement des innovations dans ce secteur restent notre grande priorité et nous avons mis en place un programme de soutien de l’innovation au sein des grosses compagnies pétrolières. Rosneft, Transneft, Gazprom, RusHydro ont augmenté leurs dépenses destinées aux nouvelles technologies en matière de production et transformation du pétrole.

Ces programmes ont été élaborés par les compagnies elles-mêmes sur demande et avec le soutien méthodologique du gouvernement, ils sont en phase de réalisation, et nous en assurons la supervision pour en contrôler la transparence.

 
Ce secteur sera-t-il le moteur de la modernisation ?


Oui, il est déjà porteur de l’économie, mais à un niveau limité. Le rythme de croissance du secteur énergétique étant limité à 2% par an à peu près, la croissance du secteur traditionnel sera limitée à ces 2% par an.

Si nous voulons accroître le rythme de croissance de l’économie et sa diversification, nous devons l’obtenir grâce aux autres secteurs. Surtout si l’on prend en compte que la majeure partie de la population ne vit pas dans les régions pétrolières.

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