En Russie, on accompagne souvent le thé de zestes de citron, de miel, de baranki (petits biscuits en forme d'anneaux) ou de noix. Crédit : Lori/Legion Media
La Russie a découvert le thé grâce à l'Orient. Si le thé chinois a atteint l'Europe grâce aux voies maritimes, des caravanes qui transitaient par la ville mongole de Kiakhta et la Sibérie le délivraient aux moscovites. En effet, la capitale de la Russie était et restera le centre des traditions russes tournant autour de thé. Les Russes ont bien entendu découvert le thé en Chine. Au XVIIe siècle, le tsar Mikhaïl Romanov reçut en cadeau des ambassadeurs chinois des caisses de thé que l'on cultivait à la frontière des provinces actuelles de Khounan et Hubeï.
Contrairement aux habitants de Saint-Pétersbourg, capitale de l'empire, qui préféraient boire du café, les moscovites adoptèrent le thé qui devint un élément essentiel des traditions culinaires.
Le samovar, récipient utilisé pour faire bouillir l’eau, était bien-sûr indispensable. S’il existe également en Chine (火锅,« huo guo », pot chaud), son utilisation et sa forme diffèrent cependant du modèle russe.
Le samovar est l'âme du thé : il fut conçu et perfectionné dans le seul but de réchauffer l'eau nécessaire à la préparation de cette boisson. Lorsque l’on déguste le thé, le samovar se dresse toujours au centre de la table aux côtés d'une théière. Cette dernière renferme un thé très concentré. Chaque hôte en verse la quantité nécessaire dans sa propre tasse avant de la diluer en ajoutant de l'eau brûlante.
Le thé est toujours sucré : de nos jours, chacun ajoute la quantité de sucre qu’il souhaite dans sa tasse. En revanche, à l’origine, on gardait des brisures de sucre raffiné dans sa bouche afin de sucrer chaque gorgée de thé que l'on avalait. Cette habitude est d'origine sibérienne. En effet, ni les Chinois, ni les Anglais, pourtant grands amateurs de thé, ne connaissent cette tradition. Seuls les Russes s'y adonnent. Une autre tradition persiste en Russie : on accompagne souvent le thé de zestes de citron, de miel, de baranki (petits biscuits en forme d'anneaux) ou de noix. Des bonbons, des pains d'épice, de la confiture ou des sucettes peuvent également être appréciées.
Le thé doit être brûlant. À l’époque, les visiteurs se voyaient offrir une serviette qu'ils utilisaient pour s'essuyer le visage lorsque le thé les faisait transpirer. S’il était vraiment trop chaud, on le versait en petite quantité dans une tasse aux bords relevés. Celle-ci pouvait également accueillir un verre ou une tasse. Aujourd'hui, peu de gens respectent encore cette tradition, mais les tasses sont toujours vendues avec leur soucoupe.
Les Russes n’observent pas un rituel strict. Le thé ne doit pas être bu à une heure donnée, comme en Angleterre. Il n’y a pas non plus d’étapes à respecter, tandis que la tradition chinoise l’exige. Les Russes se retrouvent souvent autour d'une tasse de thé, à deux ou en groupe, en famille, avec des amis ou de bons copains pour se reposer, se détendre, discuter tranquillement et parler de la vie. Au temps de la Russie tsariste, les marchands pouvaient boire du thé pendant des heures autour d'un samovar de dix litres et discuter des transactions, d'affaires financières ou fixer des accords. Dans la célèbre galerie marchande d'époque « Gostiny Dvor », située en plein cœur de Moscou, les samovars ne refroidissaient jamais.
On commence à boire du thé après le déjeuner, au moment du dessert. Il est accompagné de douceurs et de fruits. Si l'on a convié des amis, il est accompagné de zakouskis : des sandwichs au fromage, au saucisson et au poisson seront proposés aux invités, ainsi que des gâteaux. Si vous êtes un jour attendu pour le thé, un accueil chaleureux vous sera réservé. Viendront ensuite de longs récits, des discussions intimes, peut-être même des chansons auxquelles se mêleront de joyeux et agréables souvenirs.
Histoire
L'empereur Pierre 1er aurait introduit en Russie le premier samovar. Selon d'autres sources, cet ustensile serait apparu sur le territoire cinquante ans après sa mort. Il serait originaire de l'Oural. Vers 1778, l’on commença à produire les fameux samovars de la ville de Toula, non loin de Moscou. Elle constituait le centre du commerce du thé du XVIIe au XIXe siècle. Des gisements de fer s'étendaient non loin de la ville. Voilà pourquoi on décida d'y produire ces surprenants objets. Au milieu du XIXe siècle, il existait déjà 28 fabriques de samovars à Toula. Chaque année, 120 000 samovars étaient fabriqués. Comme le souligne le proverbe, « Inutile d'aller à Toula avec son propre samovar » ! Au XIXe siècle, différents types de samovars se sont développés: des modèles coûteux ou pratiques côtoyaient des formats familiaux. C'est à cette époque que sont apparus les samovars en nickel qui font la fierté de leurs propriétaires.
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