Crédit : Itar-Tass
Une semaine après les élections régionales du 14 octobre, un nouveau scrutin s'est tenu, celui-là sans relation avec la direction du pays: l'élection des membres du Conseil de coordination (CC) de l'opposition russe. La vocation de cet organe est de mettre au point une idéologie commune, de coordonner les actions de l'opposition et d'assurer des fonctions de représentation des citoyens mécontents ayant pris part aux manifestations qui ont éclaté suite aux élections législatives de décembre 2011.
Les visages de l’opposition
Au total, le CC doit selon les organisateurs compter 45
membres : 30 sont élus à partir d'une « liste citoyenne », où toutes
les personnes désireuses peuvent se porter candidates, et cinq représentants
chacun pour la gauche, les libéraux, et les nationalistes, considérés comme les
trois grandes familles de l'opposition russe. Les membres du Conseil sont élus
pour un an.
« Cette formule peut ne pas sembler être la plus simple et la plus compréhensible de prime abord, mais c'est le résultat d'un large compromis de forces politiques très différentes », soulignent les organisateurs des élections sur le site officiel du Comité électoral central de l'opposition.
200 personnes se disputaient ainsi les 45 sièges en jeu. Parmi les prétendants figuraient les figures de proue des manifestations, mais aussi des candidats beaucoup moins connus du grand public : hommes d'affaires, journalistes, militants et simples citoyens engagés possédant des ambitions politiques.
Parfum de scandale
Au départ, les élections du Conseil de coordination étaient fixées aux 20 et 21 octobre, et devaient se dérouler simultanément en ligne et dans des bureaux de vote spécialement mis en place pour le scrutin. Toutefois, l'opposition n'est pas parvenue à achever la procédure dans les temps : samedi, le site du comité électoral central a fait l'objet d'une attaque informatique, cessant d'être disponible pour les électeurs potentiels. En conséquence, le scrutin a été prolongé d'une journée, jusqu'au lundi soir.
Les élections se sont en outre accompagnées d'un scandale financier. Conformément au règlement, la principale source de fonds pour les élections était une cotisation de 10.000 roubles (environ 250 euros) versée par tous les candidats inscrits. Cependant, peu de temps avant l'élection, une partie des personnes enregistrées ont accusé les organisateurs d'escroquerie et exigé d'être remboursés. Sur la base de leurs déclarations, la police a ouvert une enquête criminelle pour « escroquerie ». Cependant, les organisateurs du scrutin ont d'ores et déjà déclaré que l'argent serait restitué à toutes les personnes ayant changé d'avis.
Opinions contradictoires
Le président du parti d'opposition Russie Juste Nikolaï Levitchev considère que ces élections ne dépassent pas le cadre du projet virtuel en réseau. « Je ne comprends pas très bien le battage médiatique autour de cette histoire. Dieu sait qu'on crée toute une série de communautés sur Internet, selon différents principes. Cela relève de la vie virtuelle, une vie à mon avis très éloignée de la vie réelle », a déclaré M. Levitchev à RIA Novosti.
« Bien sûr, l'élection en elle-même ne changera rien », reconnaît le commentateur politique du journal Kommersant Pavel Cheremet. « Mais depuis de nombreuses années, c'est la première expérience d'auto-organisation de personnes différentes exigeant une même chose: le changement », estime M. Cheremet.
Le Kremlin a commenté avec réserve les perspectives du Conseil de coordination. « Nous ne comprenons pas pour le moment ce qu'est cette structure, qui en sera membre et qui sont ces gens, c'est pourquoi nous ne pouvons rien dire à leur sujet », a déclaré dans une déclaration citée par le magazine Kommersant-Vlast le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov. Selon lui, Vladimir Poutine est prêt à rencontrer tout le monde sans exception, ce qu'il a fait savoir à plusieurs reprises.
Article basé sur les publications des journaux Kommersant et Kommersant-Vlast, de l'agence RIA Novosti et du site Gazeta.ru.
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