Le spectre d'une intervention occidentale en Iran effraie les riverains. Crédit photos : Itar-Tass
Du 17 au 23 septembre, les manœuvres militaires russes Kavkaz-2012 se sont déroulées à proximité de la mer Caspienne. Le 18 septembre, l'Iran a tenu dans la partie sud de cette mer des exercices de mise en place de mines. Le Turkménistan a terminé ses exercices navals il y a une semaine, fignolant une stratégie visant à repousser un ennemi ayant pénétré dans le pays en raison de la détérioration de la situation dans la région.
En avril, ce sont les gardes-frontières azerbaïdjanais qui s'entraînaient, leur mission consistant à protéger les infrastructures pétrolières. Enfin, le Kazakhstan a mis à l'eau ce printemps un navire d'artillerie lance-missiles de 250 tonnes, construit par l'usine de l'Oural Zenit. À l'avenir, ce pays prévoit le lancement de deux autres navires lanceurs d'engins. Quelle est la raison d'une telle démonstration de force ? Dans cette région, on observe deux points de crispation : la question non résolue de la division de la mer Caspienne, liée aux ressources naturelles du plateau continental, et le problème iranien.
« L'incertitude autour de la délimitation constitue l'aspect le plus grave », estime le professeur Vladimir Sajine, de l'Institut d'études orientales. La partie sud de la mer fait effectivement l'objet de litiges depuis des années. Seuls la Russie et le Kazakhstan ont résolu le problème de leur frontière de façon bilatérale en 2002, en divisant le fond et en laissant les eaux pour un usage commun. Pour les autres pays, les cartes regorgent de territoires litigieux.
La raison principale, ce sont les ressources naturelles, en particulier les hydrocarbures. Azerbaïdjan, Iran, Turkménistan - chaque pays cherche à s'assurer les conditions les plus favorables. L'Iran, par exemple, propose de diviser la mer de façon « juste », c'est-à-dire en fournissant à chaque pays 20% de la surface totale de la mer Caspienne.
L'intention de Téhéran est claire : dans tous les cas, le pays ne sera pas en reste, la côte méridionale possédant des réserves prouvées de pétrole (pas encore exploitées). Rien que cet été, les Iraniens ont découvert dans leur secteur un gisement de 2 millions de barils de pétrole et environ 50 milliards de mètres cubes de gaz. À cela, il convient d'ajouter l'esturgeon iranien, une autre richesse de la République islamique.
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Le conflit entre l'Azerbaïdjan et le Turkménistan autour du champ de pétrole « Kapaz » constitue un autre point sensible. Les gardes-frontières azerbaïdjanais ont arrêté au début de l'été un navire scientifique battant pavillon turkmène, qui menait des recherches sismologiques dans la zone. L'UE tente de concilier les intérêts de Bakou et Achkhabad, en proposant de construire un gazoduc transcaspien. Mais en vain jusqu'à présent.
Sur le problème iranien, ses voisins de la mer Caspienne tentent à se prémunir contre une possible attaque militaire Occidentale.
« Si l'Iran fait l'objet d'une frappe, Dieu nous en préserve, cela affectera toute la région, explique Vladimir Sajine. Les voisins - l'Azerbaïdjan et le Turkménistan - vont bien sûr prendre des mesures pour profiter de la situation ».
« Surtout compte tenu des divergences entre Téhéran et Bakou, liées au fait qu'Israël pourrait utiliser le territoire de l'Azerbaïdjan pour frapper l'Iran », ajoute Jeen Natalia Kharitonova, expert de l'Eurasie.
La Russie, dans ce cas, est dans la meilleure position, au moins en raison du fait qu'elle possède la marine la plus puissante de la mer Caspienne. En témoigne la mise en exploitation, en août de cette année, de la corvette Daghestan, équipée de technologies furtives. Dans l'ensemble, la flottille de la Caspienne compte environ 30 navires de différentes classes - des dragueurs de mines aux patrouilleurs.
« La flottille de la mer Caspienne est utilisée en premier lieu pour soutenir notre groupe dans le Caucase du Nord », précise l'expert militaire Dmitri Litovkine. Cependant, l'accroissement des forces russes dans la mer Caspienne n'est pas uniquement lié au Caucase et aux tentatives de mettre fin à la pêche illégale de l'esturgeon. Étant donné que ses voisins renforcent leur puissance militaire, Moscou, habitué à se considérer comme le leader dans la région, est contraint d'en faire autant. Les perspectives incertaines de l'Iran ne font qu'aggraver cette tendance.
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