Réconcilier Anciens et Modernes

Crédit photo : Pauline Narychkina

Crédit photo : Pauline Narychkina

C'est ce que propose le festival « Art contemporain dans les musées traditionnels » au public pétersbourgeois, pour la 11ème année consécutive

« Saint-Pétersbourg : ville-musée », les guides touristiques sont unanimes. La cité de Pierre le Grand s’est confortablement installée dans son rôle de capitale culturelle, vitrine du grand art classique avec des géants tels que l’Ermitage ou le Musée russe. Dans ces conditions, l’art contemporain peine à trouver son public, qui reste assez traditionnaliste, malgré ces derniers temps, l’apparition de nouveaux espaces comme des musées privés (Erarta, Novyi museï) ou des plateformes créatives consacrés au nouvelles formes d’art (Loft project Etaji, Tkachi, Taïga). Dans une ville qui compte plus de 200 musées en tout, on a tendance également a oublier les « petits musées », moins connus et peu visités qui méritent pourtant qu’on s’y intéresse davantage. Le festival s’efforce justement depuis maintenant 12 ans de rapprocher l’art traditionnel et contemporain et de réconcilier leurs publics respectifs. Le logo, facilement reconnaissable, annonce la couleur : une gardienne de musées, cette mascotte intemporelle de l’espace muséal russe, relookée en coloris flashy. Attrayant et ludique, à l’instar de l’évènement.

 « Avec ce projet, nous faisons d’une pierre deux coups. Nous rendons accessible l’art contemporain et amenons un nouveau public dans les petits musées », explique Elena Kolovskaïa, directrice de la Fondation pour l’art et la culture Pro Arte à l’origine du festival.

Cette année, le festival s’est ouvert avec le cirque finlandais burlesque Race Horse. Un départ sur les chapeaux de roues pour le plaisir des petits et des grands. « L’art, c’est aussi pour rire. C’est bien de le dédramatiser, de vouloir le rendre plus accessible dans une ville qui est très traditionnaliste », commente Olesia, 23 ans, étudiante qui veut devenir galeriste.

Après le spectacle, le public était invité à monter dans les navettes gratuites qui les conduisaient sur le lieux des expositions. Cette année, neufs musées traditionnels ont joué le jeu et ont mis à disposition leur espace pour accueillir des artiste contemporains russes mais aussi finlandais, canadien, allemand. Seule condition : que leur oeuvre s’inspire du thème du musée.

Au musée de l’histoire politique, chacun pouvait s’essayer à reconstituer le portrait d’un homme politique « idéal » grâce au jeux de cubes de Vichnevskaïa et Tsvetkov, puis découvrir les plans de métro brodés par l’artiste finlandaise Heidi Hankaniemi au musée du métropolitain, passer au musée de l’optique écouter le concert d’ampoules électriques par l’Allemand Michael Vorfeld, observer un tas de déchets se transformer en ville vue de haut la nuit dans une casemate de la forteresse Pierre et Paul, puis se poser confortablement dans des poufs en forme de cellules humaine au musée appartement du scientifique Ivan Pavlov. Et ce n’est qu’un aperçu de ce qui est proposé au public pétersbourgeois durant ces trois semaines.

L’installation Métropolis de Victor Seleznev, plasticien d’Ekaterinbourg, a provoqué des réactions très contrastées. Un tas de déchets qu’il a enduit d’une peinture phosphorescente, une fois la lumière éteinte, se révèle être Saint-Pétersbourg la nuit vue d’en haut. Les réactions ont été très variées, allant de l’indignation (« des ordures dans ce lieu historique ! ») à l’enthousiasme (« on peut faire du beau avec tout »), en passant par la perplexité et l’incompréhension. « Nous étions méfiants tout d’abord lorsque la salle emplissait de bouteilles plastiques et autres résidus. Mais le résultat nous a bluffé. C’est un peu la citrouille qui se transforme en carrosse », raconte la gardienne de la salle, Tatiana Mikhaïlovna.

Le festival se tiendra jusqu’au 14 octobre 2012 dans neuf musées de Saint-Pétersbourg.

Renseignements et programme détaillé sur le site officiel.

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