La Russie tient à conserver son indépendance économique

Outre les Russes, le Forum de Sotchi a attiré environ 500 participants venus de 38 pays. Source : service de presse

Outre les Russes, le Forum de Sotchi a attiré environ 500 participants venus de 38 pays. Source : service de presse

 « Le gouvernement compte « délier » le budget russe des prix du pétrole, a annoncé le Premier ministre Dmitri Medvedev, afin d’assurer la sécurité économique du pays ».


« La crise financière mondiale a montré qu'aucune grande économie ne sera épargnée en cas de problèmes globaux, quels que soient les efforts entrepris », cette déclaration a été faite par le premier ministre Dmitri Medvedev lors d'un forum d'investissement dans la ville côtière de Sotchi. Les années 2008-2009 l’ont confirmé : la mondialisation a atteint un stade tel que l'effondrement de banques aux États-Unis se répercute immanquablement sur les économies de presque tous les pays au monde. Ceci, selon le premier ministre, est l'un des principaux enseignements de la crise. « Il est aujourd’hui vain d’espérer que les problèmes de vos voisins ne vous affectent pas », a déclaré M. Medvedev.

Contexte

Le Forum d'investissemnt de Sotchi se tient pour la onzième fois. À l'origine, cet événement organisé sur le littoral de la mer Noire était destiné à attirer des fonds dans l'économie de la région de Krasnodar. Par la suite, le forum a commencé à attirer les régions voisines, principalement les républiques nord-caucasiennes. Peu à peu, il est devenu un événement national puis international. Cependant, l'idée principale a été conservée : un forum des régions russes avant tout. Cette année, plus de 300 contrats ont été signés à Sotchi pour près de 400 milliards de roubles (10 mds d’euros). Outre les Russes, l’événement a attiré environ 500 participants venus de 38 pays.

Actuellement, le monde en général et la Russie en particulier sont en attente d’une deuxième vague de crise. Il y a peu de doutes quant à la possibilité d’une nouvelle crise, la question est de savoir quand lle se produira.

Pour la Russie, le moment le plus douloureux est intervenu en 2009 lorsque le ralentissement de la production industrielle a entraîné une chute de la demande et donc des prix du pétrole. « C’est pourquoi, à partir de l'année prochaine, le budget sera « délié » des prix du pétrole », a annoncé M. Medvedev. Le premier ministre a expliqué que, dès l’année prochaine, la prévision des prix pétroliers ne serait pas inclue dans le budget. « Ce fut une décision difficile, mais nous l’avons prise et l’appliquons déjà », a déclaré le premier ministre. Il a ajouté que le bénéfice potentiel lié à des prix élevés du pétrole serait accumulé dans une réserve.

Les revenus pétroliers et gaziers ont constitué un peu moins de la moitié des revenus du budget de la Russie en 2012, 47,3% précisément. Lors de la planification budgétaire, les autorités se sont toujours appuyées en premier lieu sur le cours du pétrole et du gaz. Les ventes de gaz naturel sont faciles à prévoir car ce combustible est livré en vertu de contrats qui ne sont pas liés aux prix de la bourse. Mais pour établir les revenus liés à l’or noir, les experts doivent deviner et prévoir comment se comporteront les cours en bourse tout au long de l'année, ce qui est presque impossible. Par conséquent, le budget russe comporte toujours plusieurs prédictions. Il existe ensuite différents scénarios déterminant la façon de dépenser de l'argent public.

Dans son discours prononcé à Sotchi, Dmitri Medvedev a clairement indiqué que le gouvernement comptait renoncer à cette pratique. Toutefois, il n'a pas expliqué de façon précise comment le budget serait désormais calculé. Selon le projet pour 2013, les recettes publiques se composeront de pétrole et de gaz à 44%. C'est moins qu'en 2012, mais cela constitue néanmoins toujours près de la moitié du budget.

Apparemment, la « déconnexion du budget envers le joug pétrolier » s'exprimera par des coupes dans les dépenses publiques, estime l’analyste d’Investkafe Daria Pitchouguina. « En 2013, le ministère des Finances prévoit un déficit de 0,8% du PIB, et en 2015, le budget devrait être à l’équilibre. Cela suppose de diminuer les dépenses de 3%, en particulier pour réduire la dépendance du budget envers les prix pétrogaziers », précise l'expert. Cependant, l'année en cours, dont le budget a été calculé selon l’ancienne méthode (basée sur les cours pétroliers), doit être excédentaire. Du moins si l’on en croit les prévisions du ministère des Finances.

On ignore comment le gouvernement s’y prendra pour réduire la dépendance du budget envers les prix du pétrole, compte tenu du fait que les revenus provenant de l'industrie pétrolière et gazière devraient augmenter de façon substantielle pendant plusieurs années. Il y a quelques jours, le gouvernement a décidé de réviser le montant des droits d'exportation et de proroger les allègements de l'impôt sur l'extraction des ressources minières (IERM) pour les nouveaux gisements. Les taxes sur les projets en Sibérie orientale seront réduites de moitié, et les projets dans la région d'Irkoutsk, de Krasnoïarsk et de Iakoutie pourront bénéficier d’allègements de l'IERM jusqu'en janvier 2017, sur le plateau continental arctique jusqu’en 2019, dans les mer Noire et d'Okhotsk jusqu'en 2020. Selon le ministère de l'Énergie, ceci va augmenter la rentabilité de l'exploitation des gisements ce qui, au final, rapportera au budget 15 milliards de dollars supplémentaires par an.

« Il existe aujourd’hui 13 champs d’hydrocarbures soumis à des allègements des droits d’exportation, souligne Denis Borissov de Nomos-bank, mais ils sont fournis selon un modèle spécifique qui fonctionnera au cours des années à venir ». Selon l’analyste, ceci permettra d’augmenter les investissements dans les projets et le niveau de production, ce qui fournira des garanties afin de réaliser la deuxième étape du pipeline : Sibérie orientale – océan Pacifique.

Afin de réduire la dépendance du budget vis-à-vis des prix du pétrole, le gouvernement doit de toute évidence réduire ses dépenses, de façon à ce que même en cas de baisse des prix du pétrole sur les marchés mondiaux, le budget reste excédentaire. Cela signifie qu’il conviendra de calculer le budget à partir d’un prix minimal du pétrole. L’ensemble du « surplus », comme l’a indiqué Medvedev, sera reversé dans des fonds de réserve.

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