Le musée n'en reste pas moins le principal musée de Russie sur l'astronautique. Crédit : RIA Novosti
En avril 2011, une exposition spéciale a été organisée sur Gagarine, des invitations ont été envoyées aux cosmonautes vétérans pour la conférence « L'homme, la terre et le cosmos ».
Le musée a en outre été le premier au monde dans son genre : deux mois seulement après son vol, le pionnier de l'espace Gagarine a posé la première pierre du Musée de l'Astronautique. Mais pourquoi ici, à Kalouga, à deux cent kilomètres au sud-ouest de Moscou, dans ce paysage bucolique sur la rive escarpée de l'Oka ?
La réponse se trouve dans le musée lui-même. L'exposition commence par les premières tentatives de vol de l'homme, les modèles de machines volantes de Léonard de Vinci, les ballons des frères Montgolfier et les planeurs d'Otto Lilienthal. Puis on pénètre dans une salle au centre de laquelle se trouve une fusée argentée de plusieurs étages, qui fait beaucoup penser aux illustrations qui ornaient le roman de Jules Verne De la Terre à la Lune. Mais il s'agit d'un modèle imaginé par le visionnaire russe de l'exploration spatiale Constantin Tsiolkovski, un « aéronef entièrement métallique » avec différents compartiments et une propulsion sur plusieurs niveaux, conçu en 1892.
Tsiolkovski, né en 1857, a vécu la majeure partie de sa vie à Kalouga et dans des villes environnantes. Ce scientifique autodidacte gagnait sa vie comme professeur de mathématiques et de physique et pendant son temps libre, il construisait et testait des engins volants. Ses théories étaient certes publiées dans des magazines spécialisés russes, mais il était considéré par ses contemporains comme un original. « Il avait entrevu tellement de choses. Ses réflexions de 1882 sur le comportement de l'homme en apesanteur, par exemple, se sont ensuite confirmées dans la réalité », souligne le directeur du musée, Evgueni Kouzine. Ce n'est pas pour rien si, plus tard, des cosmonautes ont déclaré : « Le premier homme dans l'espace, c'était Tsiolkovski ». Celui-ci, décédé en 1935 et qui n'a donc pas vécu la réalisation de ses idées, est enterré sous un monument à quelques mètres du musée. On peut y lire sa citation la plus célèbre : « La Terre est le berceau de l'humanité, mais passe-t-on sa vie entière dans un berceau ? »
Les travaux du précurseur Tsiolkovski ont constitué le point de départ du Musée de l'Astronautique. Sa maison à Kalouga ainsi qu'un appartement situé dans la ville de Borovsk, où le scientifique a vécu quelques années, font également partie du musée.
Dans la plus grande salle d'exposition, on découvre comment l'humanité a mis en application les idées de Tsiolkovski dans la seconde moitié du XXe siècle. On y trouve une copie technique en métal brillant du Spoutnik 1, mis en orbite autour de la Terre en 1957. A la demande, un employé du musée déclenche le célèbre « bip-bip » que des radioamateurs du monde entier ont pu capter à l'époque pendant 26 jours. Une pièce de l'exposition fascine particulièrement les écoliers, qui viennent chaque jour en pèlerinage au musée : un appareil d'environ un mètre de long avec des tuyaux, surmonté d'une boule de verre. C'est dans de telles capsules que, dans les années 50, des chiens ont été envoyés pour des vols-tests dans l'espace. « Sur 52 chiens, seuls quatre ne sont pas revenus », précise Irina Seliunina, conceptrice des expositions du musée qui a l'habitude qu'on lui pose la question. Le planétarium, où un nouveau système de projection Zeiss a été installé l'année dernière, est également très populaire auprès des jeunes visiteurs.
Le musée montre en outre deux capsules spatiales originales dans lesquelles des cosmonautes ont fait l'aller-retour depuis la Terre, dont le Vostok 5, avec lequel Valeri Bykovski a réalisé un vol en 1963. Sur le revêtement extérieur de la capsule, on peut voir les traces de fumée laissées par l'entrée de l'appareil dans l'atmosphère terrestre. « Il est agréable d'être à nouveau assis dans cette capsule », peut-on lire sur un siège à l'intérieur. C'est le commentaire lapidaire laissé au feutre par Bykovski lors d'une visite du musée.
On peut également découvrir, au musée des scaphandres, des échantillons de sable lunaire, des marteaux et des tournevis spécialement conçus pour l'apesanteur, et bien sûr la nourriture de l'espace, qui jouit d'une si mauvaise réputation : des mini-pains, du café au lait, de la soupe russe aux herbes, le tout sous forme déshydratée, naturellement. « Mais les cosmonautes disent que ce n'est pas aussi mauvais que cela en a l'air », souligne Seliunina.
L'espace central du musée est quant à lui rempli de modèles de fusées, de moteurs et de véhicules lunaires. « Lors de la construction du musée, personne ne pouvait deviner à quelle vitesse l'astronautique allait se développer », explique le directeur en riant. Une extension du musée est toutefois prévue : la construction d'un nouveau bâtiment, qui multipliera la surface d'exposition par quatre, commencera peut-être dès l'année prochaine. Une réplique de la station spatiale MIR accessible au public devrait y trouver sa place. Kouzine explique que le nouveau bâtiment va coûter 40 millions d'euros. Il attend avec impatience le financement du Ministère russe de la Culture.
L'une des rares choses sur lesquelles le visionnaire Tsiolkovski s'est trompé est le temps qu'il allait falloir à l'humanité pour réaliser son premier vol habité dans l'espace : il le prévoyait pour l'an 2000, Gagarine l'a effectué 39 ans plus tôt.
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