Des mannequins et des légumes

Cette fête de la mode dans le marché Danilovski ne s'est pas limitée aux intersections culturelles russo-italiennes : tous les invités du festival se sont vus offrir des chapeaux typiques de l'Asie centrale (tioubeteïki). Crédit photo : Alexeï Smirno

Cette fête de la mode dans le marché Danilovski ne s'est pas limitée aux intersections culturelles russo-italiennes : tous les invités du festival se sont vus offrir des chapeaux typiques de l'Asie centrale (tioubeteïki). Crédit photo : Alexeï Smirno

Le 12 septembre, un défilé rétrospectif présentant les collections passées de la célèbre maison de mode italienne Etro s'est tenu au milieu des étals du marché Danilovski de Moscou. Une façon de marquer le 10e anniversaire de l'arrivée de la marque en Russie.

Le podium improvisé dans le marché Danilovski de Moscou s'étendait parmi les rangées de légumes mûrs et les montagnes colorées de fruits secs, qui ont servi de décor bigarré à la collection traditionnellement saturée de couleurs d'Etro. Prunes et abricots, tomates et carottes, aubergines et poivrons mettaient parfaitement en valeur les collections à l'humeur ocre, dorée et violette constituée de robes longues de soirée, de tuniques asiatiques stylisés combinées avec des pantalons pour les femmes et des chemises aux motifs espiègles pour les hommes.

Un plaisir particulier a été suscité par les vastes installations en plumes d'oiseaux, ces dernières apparaissant parfois sur la tête des modèles. L'idole russe de la pop Philippe Kirkorov a déclenché un tonnerre d'applaudissements en présentant un long manteau et des bottes en peau de vache blanches et marron tachetées de la dernière saison automne-hiver. Soit dit en passant, cette collection a constitué l'une des plus intellectuelles de la marque : baptisée « Ma copine est une vache », elle défendait hardiment le style tyrolien, par opposition à celui des cow-boys.

Ce défilé campé dans le marché était accompagné d'une performance en direct de l'Orchestre symphonique d'État dirigé par Pavel Kogan. La musique a été spécialement composée pour cet événement par le musicien de jazz italien et compositeur Pico Cesare, qui a également participé à la performance dans le marché Danilovski en jouant du piano. Certaines photos ont ainsi montré le Maestro Kogan dirigeant son orchestre au-dessus d'une montagne de pastèques.

Ceci rapprochait le format inhabituel de ce fashion-show d'une mise en scène théâtrale dans l'esprit absurde de Federico Fellini. Le défilé s'est terminé par la parade de tous les maquilleurs et assistants impliqués dans l'organisation du spectacle, dans une scène rappelant le film « Amarcord ». Compte tenu du fait que la bande son du défilé faisait clairement écho aux  mélodies joyeuses de la plupart des films de Fellini, composées par Nino Rota, l'effet en était décuplé.

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Grand amateur du beau, y compris des toiles raffinées, Gerolamo Etro a fondé son entreprise en 1968. Après un de ses voyages en Inde, il a commencé à utiliser le modèle « paisley », qui est devenu la carte de visite et le symbole de la marque. Actuellement, l'entreprise familiale est dirigée par les quatre enfants de son fondateur : Veronica,  designer créatif des collections femmes, Kean, directeur artistique des collections hommes et des campagnes publicitaires, Jacopo, responsable de la création des lignes Etro Casa et des tissus, et Ippolito, qui est directeur exécutif.

Les auteurs de la collection rétrospective pour le défilé moscovite étaient Kean et Veronica Etro. Les tenues les plus emblématiques créées pour les lignes féminine et masculine de la marque ont notamment été portées sur le podium du marché Danilovski par des célébrités russes : sportifs, musiciens, présentateurs et présentatrices télévisées.

L l'esprit ironique et multiculturel d'Etro s'insère parfaitement dans la composante multinationale de la vie russe. Cette fête de la mode dans le marché Danilovski ne s'est pas limitée aux intersections culturelles russo-italiennes : tous les invités du festival se sont vus offrir des chapeaux typiques de l'Asie centrale (tioubeteïki), et à l'entrée du marché Mikhaïl Kousnirovitch, PDG de la compagnie de Bosco di Ciliegi, et Kean Etro, fils du fondateur de la marque et designer des collections hommes, puisaient dans une marmite en demandant avec l'accent Asie centrale : « Qui d'autre prendra une assiette de bon plov ouzbèk? ».

Une déclaration de Kean Etro pourrait servir d'épigraphe à ce défilé-rétrospective : « Pour mettre de la joie dans la vie, il faut y ajouter un peu de couleur ». Le dernier moment lumineux de la soirée a été constitué par les pastèques mûres de 10 kg distribuées à chaque invité quittant le marché Danilovski sous les harangues joyeuses des commerçants : « mais achetez au moins quelque chose ! ».

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