La Russie honore les traducteurs étrangers

Crédit photo : Elena Potchetova

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Des spécialistes en littérature russe venant du Royaume-Uni, d’Espagne, d’Italie et de France ont été récompensés par l’Institut de traduction lors du deuxième congrès des traducteurs littéraires à Moscou

« Je me suis toujours intéressé à l’œuvre de Biély. Il y a plusieurs années, j’ai tenté une première fois de traduire le roman « Pétersbourg »,mais je n’y suis pas arrivé. La principale difficulté était de trouver un style similaire en anglais. C’est pour cette raison que j’ai abandonné. Mais après quelque temps, j’ai compris que je devais l’inventer moi-même, le créer en quelque sorte… ».

John Elsworth (Royaume-Uni), professeur émérite à l’Université de Manchester, a reçu le prix « Read Russia » de la meilleure traduction littéraire du russe vers une langue étrangère dans la catégorie « Littérature russe du 20ème siècle ». Sa traduction est disponible dans un nombre limité d’exemplaires aux éditions Pushkin Press.

« Biély ne sera jamais connu », a expliqué Elsworth à correspondant de La Russie d’aujourd’hui. « Tous ceux qui s’intéressent à son œuvre le savent. Pourtant, Vladimir Nabokov a déclaré dans les années 60 que « Pétersbourg » figurait parmi les quatre œuvres les plus remarquables du 19ème siècle. Les lecteurs anglais connaissent cette citation, mais ne connaissent pas le roman. Et les traductions qui existaient jusque-là n’étaient apparemment pas assez convaincantes pour attirer l’attention d’un plus grand cercle de lecteurs. C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de retenter le coup ».

Dans la catégorie « Poésie », c’est Alessandro Niero (Italie) qui a été primé. Il a présenté au concours une traduction du livre « 33 textes » de Dimitri Prigov (éditions Terra Ferma), poète et artiste qui fut un des fondateurs du conceptualisme moscovite. Niero, auteur de l’anthologie « Huit poètes russes », s’était déjà vu décerner un prix de traduction par le ministère italien de la Culture et du Patrimoine (2006) et avait également remporté le prix Lerici Pea (2008) pour avoir aidé à populariser la poésie contemporaine russe. Aujourd’hui, Alessandro Niero enseigne la littérature russe à l’Université de Bologne.

Hélène Henry-Safier (France) a été récompensée dans la catégorie « Littérature contemporaine russe » pour sa traduction du livre « Pasternak » de Dmitri Bykov (éditions Fayard). Hélène Henry-Safier enseigne l’histoire de la poésie russe à la Sorbonne, et donne des séminaires sur la théorie et la pratique de la traduction littéraire. Elle a étudié et traduit la poésie russe du 20ème siècle (Pasternak, Mandelstam, Annenski, Nabokov, Akhmatova, mais aussi Brodski, Rubinstein et Schwarz), et a notamment été faite chevalier de l’ordre des Arts et de Lettres en 2005.

Dans la catégorie « Littérature russe du XIXème siècle », probablement la plus importante du concours, c’est l’Espagnol Victor Gallego Ballestero qui est sorti du lot grâce à sa traduction d’« Anna Karenine » de Léon Tolstoï (éditions Alba).

Victor Gallego Ballestero est diplômé de l’Institut d’État de langue russe « Pouchkine » et spécialiste en littérature du 20ème siècle. Il a traduit vers l’espagnol des œuvres de Tchekhov et de Tolstoï, des poèmes de Pouchkine, des nouvelles de Tourgueniev, le « Journal d’un écrivain » de Dostoïevski, ainsi que « Mirgorod » et « Le Manteau » de Gogol. Il a consacré les deux dernières années à la traduction d’Anna Karenine.

Chaque traducteur a reçu une médaille pour sa participation, un diplôme et une récompense de 5 000 euros. Les maisons d’édition des vainqueurs recevront un chèque de 3 000 euros pour la traduction d’une autre œuvre de la littérature russe (en accord avec l’Institut de traduction, fondateur du prix, et sous l’égide de l’Agence fédérale de la presse et des communications de masse).

Le directeur de cette agence, Mikhaïl Seslavinski, qui a remis le prix à Victor Gallego Ballestero pour sa traduction de « Guerre et paix » de Léon Tolstoï, a déclaré dans un court discours que les activités de son ministère s’apparentaient à « une guerre perpétuelle avec le ministère des Finances », avant d’ajouter qu’il n’était pourtant pas difficile de « remplacer ne fût-ce que deux chars par des prix littéraires ».

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