Roskosmos souhaite augmenter ses effectifs

Crédit photo : Getty Images/Fotobank

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Les méthodes soviétiques de contrôle de la qualité et la responsabilité financière de tous les échecs de Roskosmos devraient empêcher une crise systémique de l’aérospatial russe, selon le Premier ministre Dmitri Medvedev. Au sein de Roskosmos, on est persuadé, que les problèmes peuvent se résoudre en augmentant le contingent des « gestionnaires de l’espace ».

La prochaine réunion entre le Premier ministre et les dirigeants de l’Agence spatiale russe et les dirigeants des plus grandes entreprises russes a été conçu pour répondre à la question de savoir comment faire évoluer la situation dans le programme spatial russe confronté à une crise systémique.

Les principaux thèmes discutés lors de la réunion concernaient le personnel et les éventuels changements dans le système de gestion. Les turbulences au sein du programme spatial russe ont déjà conduit à la destitution d’un certain nombre de dirigeants du secteur de la défense et de l’espace. Cependant, la tendance inverse n’est pas possible. Le Premier ministre Dmitri Medvedev a proposé quelques recettes  pour sauver l’industrie spatiale. L’une d’entre elles est l’augmentation de la qualité de production grâce à une discipline plus stricte.

« La discipline rigide demeure, elle était présente durant l’URSS, et l’est toujours aujourd’hui »,  a déclaré le chef du gouvernement. En outre il a suggéré que les structures de Roskosmos devraient assumer la responsabilité financière pour les échecs en tant qu’entités juridiques propres. La responsabilité des échecs doit être endossée non seulement par les dirigeants mais par toutes les équipes. « Il est question de responsabilité financière de personnes morales pour les produits de mauvaise qualité et les travaux connexes », a-t-il ajouté.

Le chef de Roskosmos, Vladimir Popovkine s’est plaint que dans son département sont employés 200 personnes, ce qui n’est pas suffisant pour contrôler l’industrie. En réponse, M. Medvedev a cherché à savoir si le fait d’augmenter par deux le personnel pourrait éliminer les problèmes de qualité. Popovkine a assuré qu’il n’y aurait pas de problème sur ces questions. Toutefois, le chef de Roskosmos a déjà indiqué que l’agence a besoin de gestionnaires qualifiés.

Le dernier échec majeur de l’industrie spatiale russe a eu lieu le 6 août cette année, lorsque, en raison de l’échec de l’amplificateur « Briz-M » du Centre de Khrunichev la connexion avec le satellite « Expresse MD2 » et l’indonésien « Telkom 3 » a été perdue. La perte de ces unités a engendré en 2011 une série de revers pour l’industrie spatiale russe. Deux des cinq dernières situations d’urgence de l’année passée sont dues à une défaillance du matériel, développé par le Centre Khrunichev. 

Face à cette série d’accidents, Roskosmos a réagi en proposant une vaste réforme de l’industrie. Selon le plan de l’agence, au lieu de l’industrie spatiale, sept structures intégrées remplaceront les 15 actuelles. Les auteurs du projet comptent sur le fait que la réalisation du plan de réforme autorise à éviter le doublement des fonctions au niveau du développement et de la production. En outre, les entreprises auront un fardeau supplémentaire, car à l’heure actuelle, il est en moyenne de 35%.

L’ancien directeur de Roskosmos, Anatoli Perminov avait essayé de créer des holdings, sans en limiter leurs fonctions clairement. Cela a conduit à la création de produits identiques. Par exemple, deux fusées similaires ont été créées, « Angara » et « Rus-M », ce qui a engendré une augmentation des coûts. 

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Les experts reconnaissent que l’efficacité de la réforme proposée dépend de la capacité de Roskosmos à tenir les engagements pris envers le Premier ministre et les ministres. A la fin du mois d’avril de cette année, Roskosmos a soumis au gouvernement sa « Stratégie de développement  de l’espace à l’horizon 2030 », qui contient un programme audacieux : créer une nouvelle gamme de techniques – à la fois habitée et automatisée, le développement de diverses technologies, l’expansion des services complexes spatiaux » ; vol des astronautes sur la lune, les stations de déploiement sur Mars, Vénus et Jupiter. En 2030, les appareils spatiaux russes serony nécessaires pour répondre aux besoins sociaux, économiques, scientifiques et de défense à 95% contre 40% en 2011.

Toutefois, une station sur Mars est en projet pour l’avenir. Alors qu’à Roskosmos, on craint évidemment une répétition de l’accident avec l’appareil « Phobos-Grunt », il a été décidé de fermer 15 programmes d’étude des planètes du système solaire. Au lieu de cela, le projet proposé de créer un système espace polyvalent « Arctic ». Il prévoit la création et le lancement de plusieurs satellites qui peuvent être utilisés pour surveiller en permanence les territoires arctiques.

Les experts se montrent toutefois sceptiques quant à la rationalité du projet Arctik. Le directeur de l’institut de politique spatiale Ivan Moïsev souligne qu’ « aucun système spécial pour surveiller les régions polaires n’est nécessaire, parce que tous les satellites de télédétection passent au-dessus des pôles. Si vous avez besoin de surveiller les régions polaires, il est possible de commander les informations provenant des unités existantes ».

Le financement est l’un des principaux problèmes de l’industrie aérospatiale. Un tiers des entreprises dans ce domaine ont fait faillite, les investissements dans la recherche et le développement en Russie sont 10 fois plus faibles que dans les pays développés. Cependant, les investissements en capital fixe et les coûts de formation sont 5 fois inférieurs.

« Plus de 70% des technologies assurant les besoins de la production, sont physiquement et moralement obsolètes. Plus de la moitié de l’équipement porté par les machines à 100%. L’âge moyen des travailleurs est supérieur à 50 ans, et dans les instituts de recherche du secteur de la défense, près de 60 ans », dit un ancien major général Vladimir Dvorkin, ancien directeur d’un des instituts de recherche du ministère de la Défense responsable de l’élaboration des programmes visant à améliorer les forces nucléaires stratégiques.

Si au lieu de se concentrer sur le plan technique et d’envoyer une sonde, même modeste sur la Lune, on s’occupe de politique et – à l’exemple de la réussite du programme spatial américain privé -, nous allons continuer à gonfler le personnel de gestion, pour envoyer des touristes dans l'espace et d’autres programmes « poudre aux yeux », alors l’industrie spatiale russe restera désespérément à la traîne. Que de réunions sans débouchés.

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