Même combat !

Anna, Yana, Alexandra et Oksana devant une fresque de la cathédrale Mikhaelovski de Kiev. Crédits photo : Sergueï Kozmin

Anna, Yana, Alexandra et Oksana devant une fresque de la cathédrale Mikhaelovski de Kiev. Crédits photo : Sergueï Kozmin

Après les Pussy Riot en Russie, les FEMEN pourraient bien avoir le même genre d'ennuis en Ukraine. Plusieurs de leurs activistes topless sont ainsi accusées – entre autres – de hooliganisme et d'incitation à la haine religieuse. Dernier fait d'arme en date : le tronçonnage d'une croix à Kiev.

Jusqu'au mois d'octobre, les FEMEN peuvent se balader seins nus sans problème. Jusqu'au mois d'octobre seulement. À cette période aura lieu l'élection du nouveau Parlement ukrainien. Et semble-t-il, les autorités locales ont décidé de ne pas toucher aux FEMEN avant l'issue du scrutin : l'éclosion d'une éventuelle affaire d'atteinte aux droits de l'homme est trop risquée.

« Ce n'est que dans un mois et demi, mais tout le monde sait déjà qui va gagner ! », assène Inna Shevchenko. « Bien sûr, ce sera le parti de notre président. Personne ne veut voter pour eux, et pourtant, ils gagneront. Je pense qu'après l'élection du Parlement, tout peut arriver nous concernant. Nous pourrons être arrêtées. Pas maintenant ».

La jeune femme qui tient ces propos est à l'origine du dernier coup d'éclat des FEMEN. Le 17 août dernier, jour du verdict dans le procès des Pussy Riot, Inna Shevchenko n'a pas hésité à tronçonner au petit matin une immense croix (catholique) aux abords de la place de l'indépendance de Kiev. Seins nus, bien évidemment. 

 

FEMEN à Paris

Depuis ce jour, elle a fui à l'étranger pour éviter les représailles et se trouve ces jours-ci à Paris où doit s'ouvrir le 17 septembre un centre européen FEMEN (un groupe FEMEN parisien existe déjà).

Contactée sur Skype fin août, Inna Shevchenko explique son geste en ces termes : « L'Église répand des valeurs misogynes. Je crois que là où commence la religion s'arrête le féminisme. Il ne peut y avoir aucune liberté pour les femmes dans ces conditions. L'autre motivation de cet acte du 17 août était bien sûr que le verdict dans le procès des Pussy Riot était rendu ce même jour. Elles sont nos homologues russes et nous ne pouvions évidemment pas manquer ce rendez-vous ».

Qualifié de vandalisme en Ukraine, le tronçonnage de la croix à Kiev par les FEMEN leur a quand même valu une descente de police dans leur QG kiévien, à une centaine de mètres seulement de la Place de l'Indépendance. Mais pas d'arrestations. C'est ici, chez elles, que nous les rencontrons pour la première fois, ce mardi 28 août.

Accueillante, Anna Hutsol, fondatrice et chef des FEMEN depuis toujours (la création du groupe remonte à 2008), nous fait pénétrer dans l'antre de leur organisation : un deux pièces bigarré de logos évoquant des réseaux sociaux Internet (leur fer de lance), de fresques murales à leur effigie, de couronnes de fleurs (semblables à celles du costume traditionnel ukrainien) auxquelles elles accrochent des rubans multicolores les jours de manifestation. 

 

Sur les pas de la Russie

Réunies autour d'une table, les principales activistes FEMEN répondent à nos questions. Leur discours est bien rôdé. Dans un bon anglais, Alexandra Shevchenko (qui n'est pas la sœur d'Inna) nous énumère leurs dernières actions, nous prévient qu'il va bientôt y en avoir d'autres mais, bien sûr, elle ne nous dévoile rien. Ce qui est sûr, c'est qu'elles ne comptent pas en rester là. Pas question pour elles que l'Ukraine devienne comme la Russie, car « leur pays en prend le chemin », estiment-elles.

Crédits photo : Sergueï Kozmin

« Même si nous avons pour l'instant plus de droits que les Russes, notre président n'est pas Ianoukovitch, notre président est Poutine. Ianoukovitch tente de construire exactement le même modèle de gouvernance que le président russe », explique Alexandra, peut-être la plus médiatisée des FEMEN. « En Ukraine, nous pouvons encore manifester librement, continue-t-elle. Mais ça ne durera pas ».

Le deuxième jour de notre visite aux FEMEN dans leur local de la rue Mikhaelovskaya, deux agents des services secrets ukrainiens sont postés devant la porte et observent les allées et venues des visiteurs des FEMEN. Lorsque la télé débarque, il n’y a plus personne.

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