Le ruban d’or

Quand elle était petite, Evguénia Kanaeva admirait le sourire de Lady Diana. Elle collectionnait les posters et les autocollants de la « reine des coeurs ». Aujourd’hui, Jenia Kanaeva est devenue à son tour une idole : belle, ambitieuse, déterminée et adulée. Depuis les tribunes, ses jeunes fans scandent son nom, « Jenia ! Jenia ! », et se ruent pour avoir un autographe.

Crédits photo : Itar TASS, RIA Novosti, AFP/East News, Getty Images/Fotobank

Cette année, aux Jeux olympiques de Londres, cette athlète, 17 fois championne du monde de gymnastique rythmique, déjà sacrée à Pékin en 2008, a réussi à conserver son titre olympique. Elle a conquis le public avec un programme spectaculaire exclusif qui lui a valu la médaille d’or en concours individuel. « Un sportif doit évoluer constamment, sans cela il ne peut réussir. Il faut dépasser sa fatigue et regarder en avant, c’est le seul moyen de devenir un vrai professionnel », affirme Kanaeva.

L’année prochaine, la gymnaste va célébrer ses 10 ans dans le sport de haut niveau. Son chemin vers la réussite a été aussi foudroyant et brillant que ses prestations.

Elle a grandi dans une famille de sportifs : son père était arbitre de lutte gréco-romaine, sa mère, Svetlana Kanaeva, une surdouée en gymnastique rythmique, bien qu’elle ait interrompu sa carrière brutalement à 18 ans à cause d’une grave blessure au dos. Pourtant, c’est sa grand-mère, fervente admiratrice de gymnastique qui l’initie à ce sport à l’âge de 6 ans en la présentant à l’école de gymnastique d’Omsk. Elle était souvent la dernière à rester le soir dans la salle de sport déserte à répéter encore et encore les éléments complexes et ne rechignait jamais, malgré la fatigue, à reprendre le programme depuis le début pour le montrer à sa grand-mère.

Bien sûr, la chance a joué son rôle. À Omsk, elle s’est retrouvée à suivre les entraînements de Vera Chtelbaoums avec la future médaillée d’argent d’Athènes Irina Tchachina. « On dit que Kanaeva, c’est le mélange incarné de Tchachina et de Kabaeva », affirme Vera. En effet, Jenia cumule l’endurance d’Alina Kabaeva et l’ambition et l’assurance de Tchachina. « Je fais mon métier depuis assez longtemps pour vous assurer que le talent ne fait pas tout. Jenia a l’essentiel : le goût de l’effort ».

Note parfaite


Le 16 octobre 2011 lors de la finale du Grand-Prix de gymnastique à Brno, en Tchéquie, Evguenia Kanaeva a obtenu l’unanimité des juges : 30.000 sur 30.000 points pour sa performance au ruban.


Sa première victoire, Evguenia Kanaeva, l’a obtenu au Japon, en 2003, lors de la coupe du monde des clubs Aeon Cup, où elle représentaIt la société Gazprom. Elle remporte le titre junior et est tout de suite remarquée par l’entraîneur de l’équipe russe Irina Viner, qui l’invite à s’entraîner à Novogorsk, centre d’entraînement de l’équipe nationale, où Alina Kabaeva avait fait ses débuts.

Du fait d’une rude concurrence, Kanaeva a dû attendre quatre ans pour atteindre les rangs supérieurs et faire ses preuves au championnat d’Europe à Bakou. Blessée gravement, Kabaeva a dû renoncer à la compétition et Jenia a été appelée au dernier moment pour la remplacer aux cotés de Vera Sessina et Olga Kapranova. Viner lui confie un unique engin : le ruban. En finale, Kanaeva ne déçoit pas et bat toutes ses concurrentes plus expérimentées en décrochant l’or.

Aux J.O . de Pékin, Kanaeva est « à la tête » de l’équipe russe. Elle remporte l’or en multiple, devançant ses concurrentes de 3,5 points. Rien ne semblait pouvoir surpasser cette ascension fulgurante vers l’Olympe.

Mais Kanaeva a élevé la gymnastique à un niveau supérieur, allant toujours de l’avant. L’année qui suivit les Jeux, elle a été particulièrement brillante sur le tapis : elle a décroché cinq médailles d’or au championnat d’Europe à Bakou, et raflé tout l’or aux Jeux Mondiaux de Taïwan et à l’Universiade de Belgrade, où elle a été consacrée « Héroïne des Jeux ». Enfin, elle obtient six victoires au championnat du monde à Mie, au Japon. Elle a finalement battu le record en 1992 de la gymnaste russe Oksana Kostina, en remportant toutes les médailles d'or possibles à un concours international.

Kanaeva a toujours mis ses victoires de côté pour continuer de travailler encore et encore et prouver au monde entier sa suprématie. Et rien ne pouvait l’arrêter, ni les modifications dans le règlement, ni les blessures, ni l’épuisement. Et même ses rares défaites lui servaient de prétexte à parfaire les éléments loupés. 

Ainsi, au championnat du monde de Moscou en 2010, à cause d’une faute aux qualifications, Jenia ne parvint pas en finale au ruban et n’arriva que seconde à la corde. « Bien sûr, je suis extrêmement déçue, mais pas pour moi. Au contraire, je me réjouis toujours pour les autres filles. Elles travaillent beaucoup et, au même titre que moi, sont dignes de la victoire. Mais, je me reproche le fait d’avoir déçu tant de gens qui se sont investis pour moi. Lors de ma première prestation aux qualifications des J.O. de Pekin à la corde, j’ai fait tomber l’objet. Mais je suis quand même passée en finale. Cela devait se produire sans doute pour que le jour J je sois plus attentive, et ne commette pas d’erreurs de ce genre. Ce sont des signes, comme un test pour être encore plus fort », explique Jenia.

Aux Jeux de Londres, Evguenia Kanaeva s’est une fois de plus démarquée en devenant la première gymnaste en concours individuel multiple dans l’histoire à conserver son titre olympique.

Or, malgré toutes ces victoires, notre athlète n’a pas attrapé la grosse tête. Il lui arrive encore de rester la dernière dans la salle pour travailler un élément, comme par le passé.

« Lors de mes entraînements, de mes victoires, je n’ai jamais pensé au revers de la médaille : les prix, les présents, les médias et soirées mondaines. Parfois, c’est dur. Être tous les jours dans la même salle huit heures d’affilée. Mais je suis amoureuse de la gymnastique. C’est l’affaire de toute ma vie », confie Jenia.

Palmarès


Finale de la Coupe du monde, Benidorm, Espagne, 2008 : 3 médailles d’or

Jeux olympiques de Pékin, 2008 : médaille d’or (individuel)

Championnat du monde, Mie, Japon, 2009 : 6 médailles d’or

Championnat du monde, Moscou, Russie, 2010 : 4 médailles d’or, 1 médaille d’argent

Championnat du monde, Montpellier, France, 2011 : 6 médailles d’or

Jeux olympiques de Londres, 2012 : médaille d’or (individuel)

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