Image de Natalia Mikhaïlenko
Face aux élections de 2004, portées par la lutte contre le terrorisme et la guerre en Irak, ou bien celles de 2008, avec la nouveauté et les espoirs de changement incarnés par Barack Obama, les élections à venir ont de quoi paraître bien ternes aux yeux du monde.
Le thème dominant des débats entre démocrates et républicains sera l’état de l’économie et des finances du pays. Mais, à mon avis, le bras de fer entre Obama et Romney risque d’être passionnant. Le candidat républicain et son colistier Paul Ryan ont consciemment pris parti de défendre les valeurs du capitalisme classique, de l’économie de marché, du moindre interventionnisme de l’Etat dans l’économie et dans la vie des citoyens. En gros, ils vont promouvoir cette Amérique tant admirée et respectée dans le monde entier… du moins par ceux qui l’admirent et la respectent. Le pays de la liberté et de la responsabilité individuelle.
Obama et son équipe se trouvent pour le moment en position de défense. Car, depuis Franklin Roosevelt, soit déjà plus de 70 ans en arrière, l’Amérique n’a pas connu une telle influence de l’Etat sur l’économie et la vie sociale. Bien sûr, en 2008-2009, en pleine récession, cela allait de soi. Mais personne n’était préparé à ce que les mesures anticrise et la réforme de la sécurité sociale engagée par Obama creusent un tel trou dans le budget de l’Etat. La dette publique, d’ici la fin de l’année, se montera à 16 milliards de dollars, dépassant le PNB des Etats-Unis de 3%.
La dette publique n’a fait que croître ces dix dernières années, y compris sous la présidence républicaine, mais elle a atteint aujourd’hui un point critique. Et malheureusement, cet endettement massif n’a pas amené la croissance. Pas de chance pour Obama. Dans ces conditions, les républicains se font un plaisir d’en faire leur cheval de bataille idéologique : le capitalisme pur et dur contre... Contre quoi, au juste ?
Pour les Européens, la politique de Barack Obama serait considérée comme de droite modérée ou centriste, comparable, disons, à celle du conservateur britannique David Cameron. Mais pour les Américains, Obama passe quasiment pour un radical de gauche. Surtout après cette réforme de la sécurité sociale, qui reste floue pour toute personne ne vivant pas aux Etats-Unis. Ce qui est sûr, c’est qu’elle est rejetée en masse par l’électorat républicain, avant tout à cause de l’interventionnisme accru du gouvernement.
En résumé, pour ceux qui se demandaient si le débat d’idée est toujours d’actualité aux Etats-Unis, contrairement à une Europe où il n’est plus, cette campagne pré-électorale finira par les en persuader.
Konstantin von Eggert est politologue.
Article original sur le site kommersant.ru.
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