Les routes russes en disgrâce chez les constructeurs étrangers

Les sociétés étrangères installées en Russie prennent souvent part à des projets de construction en tant que sous-traitants. Crédit photo : Kommersant Photo

Les sociétés étrangères installées en Russie prennent souvent part à des projets de construction en tant que sous-traitants. Crédit photo : Kommersant Photo

À la demande du président russe Vladimir Poutine, les administrateurs ont tenté d'établir pourquoi, en l’absence de tout empêchement, des sociétés étrangères n’étaient pas intéressées par la construction de routes en Russie.

Dans l’un de ses premiers décrêts, M. Poutine a chargé le gouvernement de dresser d’ici décembre prochain la liste des mesures en vue d’attirer en Russie des sociétés étrangères possédant des « technologies avancées et des compétences de gestion », pour participer à la construction de routes dans le pays. D’après les données fournies par l’Agence fédérale des routes Rosavtodor, à l’heure actuelle, les entreprises étrangères ne participent pratiquement pas à la construction de routes en Russie. Après avoir évalué les restrictions imposées aux compagnies étrangères opérant dans ce domaine, Rosavtodor a remis une liste de propositions au ministère russe des Transports, a indiqué un représentant de ce département gouvernemental sans pour autant être en mesure d'indiquer au quotidien Vedomosti à quelle étape de réalisation se trouvait l’ordre présidentiel.

Un fonctionnaire chargé de l’infrastructure routière a dévoilé dans une interview à Vedomosti la nature des restrictions mises en lumière par Rosavtodor. Formellement, rien n’empêche les compagnies étrangères de participer aux appels d’offres pour la construction de routes lancés par Moscou, a-t-il indiqué. Toutefois, ce sont les technologies, la disponibilité de nouveaux matériaux et la procédure de passation des marchés publics qui posent des problèmes.

Ainsi, pour pouvoir utiliser des technologies innovantes et des matériaux ne figurant pas dans les règlements russes, il est nécessaire de confirmer leur « aptitude à l’usage » dans le pays.

L’arrêté gouvernemental sur la pertinence des nouvelles technologies, ayant pour but de « protéger le marché intérieur du pays de l’utilisation injustifiée de nouveaux matériaux et (...) technologies », date de 1997. En vertu de ce document, les constructeurs désireux d’utiliser en Russie des matériaux et des « élements d’aménagement » innovants doivent en soumettre des échantillons à l’examen du Centre fédéral russe de certification scientifique et technique. La même mesure s’applique aux nouvelles conceptions de la construction de ponts et de tunnels. Relevant de la compétence du ministère russe du Développement régional, l’examen des requêtes prend trois mois.

Les lois encadrant les achats publics figurent parmi les autres obstacles auxquels sont confrontées les sociétés étrangères : le système d’enchères inversées, pratiqué pour trouver les exécuteurs pour des projets publics, accorde sa préférence aux sociétés proposant les prix les plus bas, tandis que les sociétés étrangères offrent une meilleure qualité, mais à un prix plus élevé, a expliqué le responsable. Par ailleurs, la conception et la construction ne pouvant pas être réunies actuellement à l'étape de l’allocation des fonds, l’entrepreneur est contraint de travailler avec un projet préconçu, ajoute l’interlocuteur de Vedomosti.


Un employé d’une société de construction interviewé par le quotidien a cité d’autres obstacles entravant le travail des entreprises étrangères en Russie : en raison d’une faible connaissance du marché russe et des particularités administratives du pays, les étrangers tendent à surestimer les risques, ce qui gonfle les coûts de projets. En outre, les entreprises étrangères s’attendent à une rentabilité d’au moins 18%, tandis que les sociétés russes se contentent de 7%.


Néanmoins, les sociétés étrangères installées en Russie prennent souvent part à des projets de construction en tant que sous-traitants. Ainsi, la société française Freyssinet a livré des haubans pour le pont traversant la baie de Zolotoï Rog et pour celui reliant Vladivostok à l'île de Rousski (Extrême-Orient). Autre exemple : l’italien Rocksoil a fourni une technologie pour la construction de tunnels dans le cadre de la création de l’infrastructure routière pour les Jeux olympiques de Sotchi, rapporte un représentant de la société russe Transstroy, contractant du projet. Selon l’intéressé, les sociétés de construction sont toujours intéressées par des technologies innovantes. De plus, pour les Italiens, le projet représente une occasion pour exposer leurs performances sur un nouveau marché, et ils suivent de près toutes les étapes de la construction.


La construction et la gestion de routes à péage reste le secteur le plus attrayant pour les groupes étrangers. De tels projets ont été réalisés par le portugais Brisa en coopération avec le russe Leader, le français Vinci avec les actionnaires du russe N-Trans et l’autrichien Kapsch coopérant avec Mostotrest. Tous ces projets sont cofinancés par l’État et les sociétés privées et prévoient la répartition de risques parmi les participants, rapportent les analystes de Goldman Sachs.


En Russie, la préparation du terrain et le transfert des communications relèvent souvent de la compétence du contractant, ce qui oblige ce dernier à avoir affaire à de nombreuses institutions gouvernementales, les sociétés étrangères n’ayant pas beaucoup d’expérience en la matière, concluent les experts de Goldman Sachs.

Le texte original disopnible sur le site du journal Vedomosti.

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