Après l’arrivée de Isossimov à Vimpelcom (opérateurs de réseau russe), la société est devenue un acteur mondial sur le marché des télécommunications. Crédit photo : Kommersant Photo
En septembre 2011, la plus grande chaîne de vente au détail au monde, Wa-Mart, a embauché, pour la première fois dans son histoire, un top-manager russe. Lev Khasis est devenu le vice-président du détaillant international, responsable de dossiers essentiels : expansion internationale, synergies mondiales d’achat, innovations. À l’heure actuelle, Khasis vit dans une petite ville de l’Arkansas, où se trouve le siège de Wal-Mart.
Les représentants de Wal-Mart ont démarché Khasis dès qu’il eut quitté le poste de directeur du plus grand détaillant russe, le groupe X5. À l’époque, les analystes avaient été interloqués : Wal-Mart venait de fermer son bureau en Russie, sans s’être décidé, après dix ans d’hésitation, à sortir sur le marché russe. Pourquoi la chaîne était-elle allée chercher un dirigeant qui avait l’expérience de la Russie ? Selon certaines données, à la veille de cette décision les Américains avaient envisagé d’acheter la chaîne de superettes « Kopeïka », mais X5, sous la direction de Khasis, la leur avait littéralement piquée sous le nez. Ce qui avait beaucoup impressionné ses futurs employeurs.
Presque les deux tiers des managers russes auraient aimé être à la place de Khasis, comme le montre une étude de l’entreprise de recrutement Antal Russia : ils sont prêts à quitter la Russie si on leur propose un poste intéressant à l’étranger.
Pour les managers russes, le moyen le plus répandu pour briguer des postes clés en Occident est de faire leur carrière dans des groupes internationaux qui travaillent en Russie. Selon Igor Chekhterman, partenaire dirigeant de l’entreprise de conseil RosExpert, ce type de compagnie investit beaucoup dans le développement de ses employés. C’est dans le secteur de la finance que le plus grand nombre de cadres supérieurs russes sont embauchés. Et comme les flux monétaires sont essentiellement concentrés à Londres, New York et Hong-Kong, c’est là qu’ils sont envoyés le plus souvent, qu’il s’agisse d’entreprises russes ou étrangères, qui ont des bureaux dans le monde entier. Au début, les dirigeants russes qui sont transférés au siège gèrent surtout les dossiers russes, mais ils ont la possibilité d’évoluer vers d’autres responsabilités, dans la mesure de leurs talents directoriaux.
C’est ce qui est arrivé, par exemple, à Vitali Kouznetsov, un banquier senior de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement. Il travaille depuis sept ans à la BERD, dont cinq dans le bureau russe et deux à Londres, au siège. En Russie, la BERD se spécialise entre autres dans le cofinancement des grands projets d’infrastructure. C’est une affaire compliquée, qui exige, selon Kouznetsov, « la capacité de relier deux mondes, en maitrisant bien toutes les nuances ». « Le déménagement était indispensable pour conduire des projets plus complexes en Russie et diriger moi-même des équipes. Au début je travaillais en « régime de la navette », je vivais pratiquement dans les hôtels et les avions. Et puis j’ai compris que ma recette du succès n’est pas applicable qu’a des projets en Russie. Le temps était venu de travailler dans d’autres pays. »
Un poste à l’étranger sert aussi de tremplin pour rentrer en Russie et occuper une fonction d’un tout autre niveau. La ligne « expérience à l’international » dans le CV se traduit en un avancement accéléré de carrière et une augmentation de salaire de 20-30% en moyenne. Les managers russes revenant de l’étranger sont très demandés parce qu’ils cumulent cette expérience à l’international et une bonne connaissance des processus et de la culture entrepreneuriale russe (dont les expats sont souvent dépourvus).
L’exemple de l’ancien directeur général de « Vimpelcom » (l'un des plus importants opérateurs de réseau mobile de Russie,ndlr), Alexandre Isossimov, est très représentatif à cet égard. Avant de rentrer au pays, Isossimov a longtemps été dans la direction du groupe Mars, dans lequel il est arrivé en 1996, quand l’entreprise cherchait un manager avec des racines russes, capable de prendre la tête de la filiale à Moscou. Quelques mois après avoir été embauché, Isossimov a été nommé directeur financier, et après la crise de 1998, directeur des ventes. Ayant surmonté avec succès la crise, il a pris la direction du bureau de Moscou de Mars, et en 2001 il est devenu président régional pour la CEI, l’Europe Centrale et la Scandinavie. Tout le monde y a gagné. Après l’arrivée de Isossimov, la capitalisation boursière de Vimplecom à New York a été multiplié par 33, tandis que les contrats conclus sous sa direction ont propulsé Vimplecom en sixième place pour sa base d’abonnés et l’entreprise est devenue un acteur mondial sur le marché des télécommunications.
L'article est publié dans sa version courte. Trouvez le texte intégrale sur le site de Kommersant.
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