Initialement prévu le 18 juillet dernier, le vote a été reporté après qu'un attentat terroriste perpétré mercredi au siège de la Sécurité nationale syrienne a coûté la vie à plusieurs ministres et hauts responsables de la sécurité syrienne. Crédit ph
Jeudi, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité prévoyant des sanctions contre le régime syrien et l'opposition en cas de poursuite de la violence. Les délégations de Moscou et Pékin ont voté contre le projet proposé par la Grande-Bretagne, et soutenu par les autres pays occidentaux.
La Russie et la Chine exigent la mise en place d'un dialogue politique et s'opposent à des sanctions, qui, selon différentes déclarations, seront en réalité dirigées uniquement contre le gouvernement syrien, étant donné que l'opposition est composée de groupes disparates, dont beaucoup ne sont soumis à aucune autorité.
Une doctrine Brejnev pour Washington
Le vote était initialement prévu pour mercredi, mais il a été reporté d'une journée dans l'espoir de parvenir à un compromis à la demande de l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. La Russie a immédiatement averti qu'elle ferait usage de son droit de veto. La Chine s'est ralliée à cette position.
Comme l'a indiqué quelques minutes avant le vote le représentant permanent de la Russie à l'ONU Vitali Tchourkine, le Conseil de sécurité a échoué à atteindre un compromis sur le projet de résolution. Au Conseil de sécurité, il existait un projet de résolution alternatif préparé par la Russie: il contenait la proposition de proroger de trois mois le mandat des observateurs dans l'espoir de lancer un processus politique.
Le document a été présenté au Conseil sécurité de l'ONU mardi. Le même jour, le président russe Vladimir Poutine, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial de l'ONU et la Ligue arabe Kofi Annan, a déclaré que Moscou était prêt à faire tout son possible pour contribuer à atteindre un règlement du conflit syrien. En particulier, les autorités russes ont proposé de convoquer fin juillet à Moscou une réunion du « Groupe d'action » sur la Syrie.
Mais les pays occidentaux ont refusé de travailler sur le texte du projet de résolution russe, raison pour laquelle Moscou ne l'a même pas soumis au vote du Conseil de Sécurité, a déclaré M. Tchourkine jeudi. « Nous pensons que la poursuite de la confrontation au sein du Conseil de sécurité est inutile et contreproductive. Nous nous abstiendrons de soumettre au vote notre projet », a-t-il dit lors de la réunion du Conseil sécurité de l'ONU, rapporte l'agence Interfax.
Commentant les résultats du vote, l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU Susan Rice a jugé que Bashar al-Assad, ainsi que la Russie et la Chine étaient responsables de la poursuite de la violence en Syrie. « La responsabilité pour la situation inacceptable repose non pas sur le secrétaire général, Ban Ki-Moon, ni sur l'envoyé Kofi Annan, ni sur les observateurs. (...) La faute revient à ce régime terrible et aux États membres (du Conseil de sécurité, ndlr), qui continuent à ne pas prendre de mesures fermes contre le régime », a-t-elle dit.
La diplomate a également qualifié la journée de jeudi de « nouvelle journée noire au Conseil de sécurité ». Selon Mme Rice, « les deux premiers vetos étaient tout simplement dévastateurs, et le veto actuel est encore plus dangereux et cause un énorme regret ». Elle a ajouté que les États-Unis ne compteraient pas sur la mission d'observation des Nations unies en Syrie pour résoudre la situation dans ce pays, les membres de la mission n'étant pas armés. Au lieu de cela, Washington s'efforcera de résoudre la crise syrienne avec ses partenaires en dehors du Conseil sécurité de l'ONU.
Une opinion similaire a été exprimée par le représentant permanent du Royaume-Uni à l'ONU Mark Lyall, qui a déclaré sa profonde déception suite à la décision prise par la Russie et la Chine. « La Russie et la Chine ne remplissent pas leurs fonctions de membres permanents du Conseil de sécurité pour arrêter la crise en Syrie », a-t-il dit après le vote sur le projet de résolution de l'Ouest.
À son tour, M. Tchourkine a déclaré que les pays occidentaux, sans penser à la population syrienne, avaient fixé leurs propres objectifs géopolitiques, condamnant ainsi la Syrie à une escalade du conflit armé.
« Au lieu d'émettre des insinuations grossières contre la politique de la Russie, qui tout au long du conflit n'a pas un seul instant affaibli ses efforts en faveur du règlement politique, et a fourni un appui essentiel pour la mise en place de la mission de Kofi Annan, les membres occidentaux du Conseil, qui ont émis aujourd'hui des déclarations inacceptable et indignes, pourraient au moins faire quelque chose pour faciliter le dialogue entre les parties syriennes, éviter la militarisation ultérieure de la crise syrienne, et ne pas encourager les extrémistes, notamment ceux issus de groupes terroristes », a-t-il dit.
« Le fait que ces pharisiens aient fixé leurs propres objectifs géopolitiques, qui n'ont rien à voir avec les intérêts du peuple syrien, a de fait condamné le conflit à une escalade qui a atteint des proportions aussi tragiques », a déclaré M. Tchourkine.
Pendant ce temps, la situation en Syrie s'est détériorée. Mercredi, dans le centre de Damas, un kamikaze s'est fait exploser près du bâtiment du Service de sécurité nationale. L'explosion s'est produite pendant une réunion conjointe des chefs des services de sécurité et des ministres dans le bâtiment.
L'attaque a tué les dirigeants des principaux organes de sécurité syriens et des parents du président Assad. Ainsi, les insurgés syriens ont mené, de leur propre avis, leur opération la plus réussie depuis le début de la confrontation avec les troupes gouvernementales.
Jeudi, des informations indiquaient que les rebelles syriens se trouvaient à
l'entrée du palais de Bachar el-Assad, où ont lieu des combats avec les unités
fidèles au président. Avant cela, on a appris la tenue de combats entre les
rebelles et les troupes du gouvernement syrien dans différents quartiers de
Damas. Dans ce contexte, la Russie a l'intention d'augmenter le nombre de ses
militaires au sein de la mission d'observation en Syrie, en envoyant dans la
république arabe 30 représentants supplémentaires, selon un décret signé jeudi
par le président russe Vladimir Poutine.
Version complète de l'article sur le site vz.ru
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.