Règlement syrien : Moscou pourrait formuler de nouvelles propositions

À en juger par le ton des déclarations émises lors de la rencontre, Moscou et Annan ont une compréhension mutuelle complète, mais aussi le désir de travailler main dans la main. Mikhaïl Klimentiev / RIA Novosti

À en juger par le ton des déclarations émises lors de la rencontre, Moscou et Annan ont une compréhension mutuelle complète, mais aussi le désir de travailler main dans la main. Mikhaïl Klimentiev / RIA Novosti

Le risque de transformation du conflit syrien en guerre civile de grande ampleur mettant aux prises les parties sur une base confessionnelle rapproche les positions des différents pays s'efforçant de trouver une issue à la situation. La Russie soutient les efforts de paix de Kofi Annan et recherche une alternative à une intervention militaire dans ce pays.

Les communiqués dressant le bilan de la réunion d'une heure et demie tenue entre le président russe Vladimir Poutine et l'envoyé spécial de l'ONU Kofi Annan ont été assez laconiques. Toutefois, cette retenue mutuelle en pleine reprise du bras de fer diplomatique autour de la Syrie semble démontrer que Moscou et Annan planchent toujours sur une nouvelle version du plan de paix, dont certains détails ont été rendus publics lors de la visite de l'envoyé spécial à Moscou. Le principal est l'octroi de fonctions de médiation à la mission de l'ONU.

La visite en Russie a été précédée d'une rencontre entre Kofi Annan, le président syrien Bachar al-Assad et les dirigeants d'Iran, qui, en tant qu'allié le plus proche de Damas, est étroitement impliqué dans la situation en Syrie. Aucune percée n'a eu lieu, une avancée n'étant possible qu'en cas de négociations entre les parties en conflit.

D'autre part, Moscou, en tant qu'acteur de premier plan, a rencontré les principales forces de l'opposition syrienne, en particulier les dirigeants du Conseil national syrien. Bien que les parties n'aient fait que confirmer que leurs positions étaient diamétralement opposées sur la question de la démission d'Assad et d'une ingérence extérieure dans les affaires de la Syrie, la Russie a jeté les bases d'un dialogue avec cette force influente du conflit syrien.

À l'issue de sa réunion avec le président Poutine, M. Annan s'est contenté face aux journalistes d'exprimer sa confiance dans la possibilité d'un compromis entre les membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur la question du règlement futur. M.Lavrov s'est lui aussi prononcé en faveur d'un compromis. « Nous avons trouvé un compromis difficile à Genève, lors de la conférence convoquée par M. Annan le 30 juin. Le document de Genève est le fruit d'un consensus. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas tomber d'accord sur les mêmes bases au Conseil de sécurité », a déclaré le ministre russe après les entretiens au Kremlin.

À en juger par le ton des déclarations émises lors de ce point-presse éclair, Moscou et Annan ont une compréhension mutuelle complète, mais aussi le désir de travailler main dans la main. « J'espère que le Conseil de sécurité enverra un message clair affirmant que ce qui se passe en Syrie aujourd'hui est inacceptable, et qu'il faut mettre fin à la violence », a déclaré l'émissaire spécial de l'ONU, soulignant qu'à ces fins « nous ferons pression ensemble ». Il est cependant clair que le plan Annan, qui a nourri tant d'espoirs ces derniers mois, n'a pas apporté les résultats escomptés : le conflit en Syrie se transforme en guerre civile dont les parties s'affrontent sur des bases religieuses.

Ainsi, le problème auquel sont confrontés les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ne concerne pas la prorogation de trois mois du mandat des observateurs, comme le prône la Russie, ou de 45 jours, tel que proposé par la Grande-Bretagne et les États-Unis. Le problème est de parvenir à un cessez-le-feu, sans lequel le dialogue politique entre les parties en conflit, que cherchent à atteindre aussi bien Moscou qu'Annan, est impossible.

Après la réunion d'hier au Kremlin, Moscou a corrigé son projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, dont le vote est prévu avant la fin de la semaine, c'est à dire avant l'expiration du mandat actuel des observateurs.

« Il comporte un certain nombre d'éléments concernant la situation humanitaire, la situation des droits de l'homme et un mécanisme de cessez-le-feu local », a déclaré le représentant permanent adjoint de la Russie à l'ONU, Alexander Pankine. Le diplomate russe a rappelé que l'initiative de cessez-le-feu progressif avait été évoquée par Kofi Annan à Damas avec les dirigeants syriens. « Cette idée semble tout à fait efficace, c'est pourquoi nous l'avons proposée ».

L'idée est décrite plus précisément dans un communiqué du service de presse du président russe émis avant les pourparlers avec M. Annan. « Nous n'excluons pas un élargissement de la composante politique des tâches de la mission d'observation de l'ONU en Syrie, dans le cadre desquelles nous considérons indispensable de demander aux observateurs de l'ONU de concerter avec toutes les parties syriennes un plan concret de cessez-le-feu synchronisé et de retrait simultané des forces gouvernementales et des factions insurgées de chaque ville et localité où il y a un affrontement armé ».

Cela signifie que la Russie se propose de confier à la mission de l'ONU en Syrie des fonctions non seulement d'information, mais aussi politiques et de médiation : le droit de négocier un cessez-le-feu avec les parties belligérantes. C'est un élément nouveau qui peut donner une chance à un règlement pacifique de la crise syrienne. Il est peu probable que Moscou présenterait à l'ONU une nouvelle résolution comportant une telle proposition si Annan y était opposé.

Apparemment, c'est le principal résultat de sa rencontre de mardi avec Poutine. Simultanément, la lutte diplomatique pour la Syrie continue. On attend mercredi à Moscou le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont dépend en grande partie la position de l'Armée syrienne libre, qui est une des principales parties belligérantes dans le conflit entre l'opposition et le régime syrien.

En fin de semaine, une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie devrait voir le jour. Elle pourrait offrir une alternative à l'intervention militaire dans le conflit syrien, que cherchent à obtenir les opposants à Assad.

En outre

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan est venu le18 juillet à Moscou à l’invitation de Vladimir Poutine. Au cours des négociations, ils ont en particulier discuté de la Syrie. La Turquie critique durement le régime d’Assad et, comme la Russie, a intérêt à la stabilité de la région. Le dirigeant russe a déclaré que Moscou salue le soutien de la Turquie à l’accord de Genève. « Nous condamnons catégoriquement les atteintes à l’intégrité territoriale de la Syrie, a déclaré le premier ministre turc. L’accord de Genève est une feuille de route importante », a-t-il dit. Il croit qu’il est possible d’atteindre des résultats dans le cadre adopté à Genève. « Mais la prolongation du processus entraine des pertes humaines et des meurtres, a-t-il ajouté. La Turquie appelle à l’arrêt de ces massacres ».

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