Crédit photo : Elena Hénaff
« Nous sommes ravis d’accueillir à nouveau le Sedov, après l’histoire de 2000. Dorénavant, il n’a rien à craindre », a déclaré le maire de brest François Cuillandre lors du discours d’inauguration du village russe, faisant allusion à l’incident qui a touché le voilier lors de sa participation au rassemblement Brest 2000. En effet, le navire avait été bloqué à quai en raison d’une saisie sur la requête de la société suisse Noga pour une dette russe impayée.
L’Ambassadeur de la Fédération de Russie Alexandre Orlov n’a pas manqué d’exprimer sa reconnaissance au maire, aux habitants de Brest et aux organisateurs et participants du festival pour leur soutien, il y a 12 ans, en faveur du Sedov et leur contribution au démêlement de cet imbroglio juridique.
« Perdre son navire, pour un marin, c’est comme perdre sa maison, son travail et son avenir. Nous étions au bord du gouffre », se souvient le colonel Sergueï Yagotine. Il raconte comment les habitants de Brest s’étaient mobilisés pour venir en aide au voilier. « Les gens apportaient des vivres, de l’argent et leur soutien moral. Ils étaient prêts à manifester dans la rue pour défendre notre navire », raconte-t-il, ému.
Durant sa visite de Mourmansk, ville partenaire de Brest, François Cuillandre a décidé d’inviter à prendre part au festival le flambant neuf brise-glace Saint-Pétersbourg. Sans cette invitation exceptionnelle, et au vu du réchauffement de la planète, ce géant de métal destiné à briser la banquise de 1 mètre d’épaisseur dans la mer Baltique aurait eu peu de chances de se retrouver sur les côtes bretonnes, si loin de sa base.
« La hauteur, la largeur, la taille du treuil, tout est impressionnant. Les dimensions sont gigantesques ! Nous ne regrettons pas d’avoir été au bout de l’exposition et d’être montés à bord du brise-glace. C’était une très bonne idée d’inviter la Russie. J’ai moi même travaillé dans la construction navale à Brest et à Saint-Nazaire, notre fils fait son service dans la Marine française et nous sommes vraiment impressionnés par les navires russe », a fait part de ses impressions un couple de retraités, venus de Nantes au festival pour la première fois. Après cette visite au village russe, ils comptent bien revenir l’année suivante.
Le grand navire de débarquement Kaliningrad de la Flotte de la mer Baltique était également présent. Lieutenant-chef Anton Orlov, accueillant le flux continu des visiteurs, raconte que le public est avant tout intéressé par l’exposition des armes organisée sur le pont. « Nous autorisons à les toucher et les manipuler, ce qui étonne les visiteurs. J’ai remarqué que les Français apprécient les Russes, j’aime bien parler avec eux, leur langue est tellement agréable ! », ajoute Anton, le sourire aux lèvres.
En une journée, le Kaliningrad a reçu plus de 11 000 visiteurs à son bord.
Guéorgui Degtiarev, capitaine au troisième rang, venu pour la première fois en France considère que la participation de la Russie a une telle manifestation est un évènement significatif et indispensable au vu de la coopération maritime entre les deux pays. « Notre objectif principal est de battre pavillon russe, mais ce n’est pas tout. Les habitants des quatre coins du monde viennent au festival et c’est une bonne occasion de leur faire connaître notre culture et nos traditions. À bord, nous avons un orchestre militaire qui joue très bien et attire un large public. » L’officier ajoute que l’ambiance est très détendue, ouverte, et c’est une occasion en or pour les militaires et le matelots de se montrer et aussi d’apprendre du nouveau.
Depuis le pont du Kaliningrad retentissent fanfares, orchestre militaire, charmantes joueuses de tambour, marche de l’Infanterie, airs virtuoses d’accordéon, chansons traditionnelles, tout celà pour le plus grand plaisir des visiteurs jouant, eux, de leurs appareils photos.
Mais ce qui saute aux yeux, c’est surtout l’interminable file de visiteurs attendant de grimper à bord des voiliers russe.
« Les voiliers sont toujours le clou du spectacle. Nos navires ont plus de 86 ans, c’est déjà du rétro, et puis, ils sont tout simplement très beaux. Bien qu’il ne soient pas en bois, il ressemblent aux vaisseaux anciens des XVII-XVIIIe siècles. Beaucoup ont lu les romans d’aventure, les histoires de pirates et apprécient ce côté romantique », explique Dmitri Chestakov, deuxième mécanicien sur le voilier Kruzenstern.
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Selon lui, la mission de représentation des navires-écoles est cruciale : « Nous montrons non seulement ce que nous sommes mais aussi la génération future de notre flotte. Dans une dizaine d’année, nos cadets devenus officiers feront la fiereté de notre flotte commerciale et militaire. Les diplômés des académies maritimes vont travailler sur différents navires et certains sous des pavillons étrangers. Faire leur service sur un voilier leur permet de mieux comprendre la mer et de prendre du poil de la bête. »
Anne Burlat, l’une des organisatrices principales de la manifestation maritime brestoise, « l’âme du festival » comme on l’appelle, explique pourquoi la Russie est l’invité d’honneur de cette édition 2012 : « Depuis longtemps, je souhaitais réunir en un même lieu les grandes puissances maritimes. La Russie a une tradition maritime très forte et sa présence va de soi. Mais, cette année la Russie était à l’honneur et le village russe est devenu le clou du festival. »
Anne Burlat est persuadée que lors de sa visite du festival, le président français François Hollande, après avoir fait un crochet en barque spécialement pour s’approcher des navires russes, en a gardé la plus forte impression.
« La participation de la Russie à ce festival donne une image très positive de votre pays, en révèlant sa puissance, son potentiel mais aussi en mettant en avant le côté sympatique et chaleureux de ses habitants », affirme l’organisatrice. « La mer rapproche les gens. Plus on donne au public accès aux différentes cultures, plus il devient humain », conclue Anne Burlat.
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