Crédit photo : Paul Duvernet
Le constructeur français PSA compte combler son retard en terme de ventes sur les autres grands groupes étrangers en augmentant fortement ses cadences de production. L’usine d’assemblage de Kalouga, baptisée PCMA Rus, passe la cinquième vitesse pour porter progressivement sa production à 125 000 véhicules par an (fin 2013) sur le site industriel inauguré en 2010. PCMA Rus a nécessité un investissement de 500 millions d’euros, partagé entre PSA (70%) et Mitsubishi (30%). L’alliance avec le constructeur japonais s’est faite « parce que nous avions en commun d’être parmi les derniers grands groupes à rentrer sur le marché russe », explique le directeur financier de l’usine PCMA Rus Jean-Pascal Viatte.
La production va basculer par étape de l’assemblage en semi cycle complet (SKD) vers le cycle complet (CKD). Premier modèle à emprunter la nouvelle ligne de production : la 408, déclinée en trois versions sur le marché russe. Le suivant sera l’Outlander de Mitsubishi en novembre prochain, puis deux autres modèles non encore dévoilés (on sait juste qu’il y aura un autre X4X) passeront sur la chaîne dans le courant de l’année 2013. C’est le groupe d’ingénierie industrielle Fives (également présent à l’usine AvtoVAZ de Togliatti) qui a conçu la nouvelle ligne de production de PCMA Rus. Lors d’une visite de l’usine à la fin juin, des dizaines d’employés de Fives étaient présent pour assurer la formation des ouvriers de PCMA Rus. Le degré d’automatisation de l’usine semble être à la pointe de ce qui se fait aujourd’hui, avec par exemple un robot installant le pare-brise sur les véhicules.
Jusqu’ici, l’usine PCMA Rus assemblait cinq modèles en SKD (les Citroën C4 et C-crosser, les Peugeot 308 et 4007 et le 4X4 Mitsubishi Outlander), avec une cadence de 44 000 véhicules par an. La journée de travaille ne fait que huit heures (une équipe) avec une cadence de 18 véhicules par heure. Deux autres équipes s’ajouteront à mesure de la montée en puissance pour fonctionner en trois huit. PCMA Rus emploie actuellement 1700 personnes (dont 200 expatriés) et prévoit de recruter 800 personnes supplémentaires d’ici la fin 2013, date prévue pour la cadence maximale de 125 000 véhicules par jour. Jean-Pascal Viatte souligne que le recrutement de personnel est facilité par la présence d’un marché du travail favorable. « Nous pouvons trouver d’excellent ingénieurs formés par la filiale de l’Institut Bauman à Kalouga » note-t-il, ajoutant que la région de Kalouga a mis en place un centre de formation dédié à l’industrie automobile. Lequel a déjà formé 7000 personnes sur les six dernières années pour un coût entièrement pris en charge par la région de Kalouga. Les principaux bénéficiaires, Volkswagen (dont l’usine est située à un jet de pierre) et PCMA Rus ont eux fournis quelques véhicules au centre et participent à la formation des enseignants. Jean-Paul Viatte loue les efforts de la région pour accommoder les industriels, mais remarque que le voisinage avec Volkswagen a toutefois un inconvénient : « la concurrence est évidemment beaucoup plus forte au niveau du recrutement ».
Une visite consécutive des usines de Volkswagen, passée en cycle complet dès 2009, et de celle de PCMA Rus permet de faire des comparaisons. Mais pour le non-spécialiste, la similarité est frappante. Même degré de robotisation, même type d’équipement (de fabricants différents). La taille inférieure de l’usine PCMA Rus est le signe distinct le plus évident.
« L’usine de PCMA Rus a été construite en tenant compte des meilleures pratiques de PSA en matière d’implantation et en suivant les principes du « Lean Engineering » et du « Lean Manufacturing », explique Jean-Pascal Viatte. « L’usine de Kalouga est l’une des plus compactes du groupe PSA. Une attention particulière a été portée à la réduction des stocks et à l’optimisation des flux logistiques. Nous avons ainsi limité les coûts et amélioré l’efficacité ». Le groupe Volkswagen a investit davantage dans son usine de Kalouga, (774 millions d’euros), pour une capacité de production légèrement supérieure (150 000 véhicules par an).
PSA compte sur sa nouvelle ligne de production pour trouver un deuxième souffle sur le marché automobile le plus dynamique d’Europe. Les ventes du groupe avaient déjà connu un bond de 20% en 2010 grâce au démarrage de l’assemblage à Kalouga. Mais PSA reste loin derrière les constructeurs entrés sur le marché plus tôt durant les années 2000. L’alliance AvtoVAZ-Renault-Nissan domine le marché devant Volkswagen (avec Skoda et Audi), GM, Kia, Hyundai, Toyota, Ford et Daewoo. En terme de marques, sur les ventes de mai publiées par l’Association of European Business, Mitsubishi est 14ème, Peugeot est 17ème et Citroën 19ème. Si PSA envisage de rattraper les leaders, il va falloir rajouter des capacités de productions locales, car le marché devrait atteindre 4 millions de véhicules par an vers la moitié de la décennie et devenir le plus gros d’Europe.
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