« Nous avons convenu de renforcer la coopération dans le domaine militaire et la sphère de l'application des lois et de la sécurité », a déclaré le président Hu Jintao lors d'une conférence de presse commune avec Vladimir Poutine à Pékin. Crédit phot
La réunion russo-chinoise au sommet du 5 juin, qui concluait la première visite à l'étranger de longue durée de Vladimir Poutine depuis son investiture en mai, a montré que Moscou et Pékin progressaient avec de plus en plus de confiance vers la création d'une union politique. Le volet économique de l'alliance russo-chinoise s'intensifie également. De son côté, l'ampleur de la composante militaire dépend dans une large mesure de... Washington.
Coopération renforcée
A l'issue du sommet de Pékin, les parties ont signé une « Déclaration conjointe sur l'approfondissement ultérieur des relations de partenariat global, équitable et de confiance et de l'interaction stratégique », ainsi que 16 documents spécifiques sur la coopération dans divers domaines, de l'énergie atomique au tourisme. Tout cela permet aux dirigeants des deux pays de prédire une intensification de la coopération politique et une hausse des échanges à 100 milliards de dollars d'ici 2015, contre 83 milliards de dollars actuellement.
« Nous avons convenu de renforcer la coopération dans le domaine militaire et la sphère de l'application des lois et de la sécurité », a déclaré le président Hu Jintao lors d'une conférence de presse commune avec Vladimir Poutine à Pékin. Dans le même temps, M. Hu a souligné que les parties avaient l'intention de porter la coopération entre les forces armées de la Russie et la Chine « à un niveau inédit ».
De son côté, le président russe Vladimir Poutine a souligné que la Russie et la Chine conféraient un rôle important à l'initiative conjointe visant à renforcer la sécurité dans la région Asie-Pacifique. « Dans ce contexte, nous soutiendrons bien entendu les relations entre nos départements militaires », a déclaré le chef de l'État russe.
M. Poutine a rappelé que la Russie prônait la formation dans la région « d'une architecture de sécurité et de coopération ouverte et équitable, sur la base des principes du droit international ». Ce n'est pas seulement le reflet de la position coordonnée de la Russie et la Chine sur les questions clés de l'ordre du jour international (l'Iran, la Corée du Nord, la Syrie). Avant tout, il s'agit du blocage visant à assurer la sécurité fondamentale des deux États.
Un renversement de régime plus ou moins précis, visé par les sanctions économiques et la pression politique de l'Occident sur l'Iran et la Corée du Nord, est susceptible de faire pencher l'équilibre régional des forces dans un sens contraire aux intérêts de la Chine et de la Russie. L’éventuel évincement des deux pays hors des sphères traditionnelles de coopération économique, déjà survenu avec les sociétés russes et chinoises en Libye, est un thème particulièrement sensible. Cependant, les menaces militaires constituent l'aspect le plus important.
Menace américaine
Pour la Russie, cette menace provient aujourd'hui du bouclier antimissile déployé par les États-Unis. Ce système de défense antimissile dévalue le potentiel russe de dissuasion russe à la fois techniquement et psychologiquement. Moscou est contraint non seulement de réagir de façon résolue, mais aussi de rechercher et de prendre soin de ses alliés. Parmi ces derniers, le principal est la Chine, dont les forces stratégiques sont également prises en considération par Washington lors du déploiement de sa défense antimissile en Asie-Pacifique.
Ce n'est pas un hasard si le vice-ministre chinois Cheng Guoping a déclaré à la veille de la visite de Poutine : « La Chine est opposée à ce qu'un pays ou une organisation menace la sécurité d'autres pays à travers le déploiement d'un système de défense antimissile. » « Nous nous y opposons catégoriquement », a souligné le diplomate, qui a ajouté: « Sur cette question, la position de la Chine et de la Russie coïncident totalement ».
De son côté, la nouvelle stratégie de défense dévoilée en janvier par le président américain Barack Obama ne fait pas de cadeau à Pékin. La région Asie-Pacifique y est qualifiée de principale région concentrant les intérêts nationaux américains. Récemment, le secrétaire américain de la Défense, Leon Panetta, a annoncé que Washington comptait déployer dans la région 60% des forces navales des États-Unis. Les Américains sont de retour au Viêt-Nam et aux Philippines, qui entretiennent des litiges territoriaux avec la Chine. La Chine ne peut pas s'abstenir de réagir.
Comme l'a déclaré très diplomatiquement le 4 juin le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Liu Weimin, le déploiement d'un grand nombre de forces armées et le renforcement des alliances militaires dans la région Asie-Pacifique sont « déplacés ».
Un voisin et partenaire stratégique
En avril, la Russie et la Chine ont tenu en mer Jaune d'importants exercices navals, avec la participation des vaisseaux amiraux de la flotte du Pacifique des deux États. Les déclarations sur la nécessité de former une alliance russo-chinoise résonnent aussi bien au niveau des experts que dans les pages du journal officiel Renmin Ribao.
Il est évident que la position ferme des États-Unis sur la défense antimissile et les déploiements militaires dans la région Asie-Pacifique contribue au rapprochement militaire entre la Russie et la Chine. Mais il convient de noter que Moscou semble juger préférable de renforcer l'alliance avec la Chine avant tout dans au format multilatéral de l'Organisation de coopération de Shanghai. Voici ce qu'a dit à ce sujet Vladimir Poutine à la veille de son départ pour Pékin : « Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine est un facteur puissant qui renforce la stabilité régionale et mondiale. C'est précisément dans cette logique que nous travaillons également à renforcer la coopération au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai ».
La logique est claire : le concept de monde multipolaire exige une politique étrangère multi-vectorielle plutôt que la simple création d'un deuxième pôle. Le tout en compagnie d'un bon voisin et partenaire stratégique.
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