La cathédrale de l’Assomption commémore la résistance héroïque de la ville aux Polonais. Crédit photo : Lori / Legion Media
Interrogez les habitants de Smolensk sur ce qu'ils estiment être le problème numéro un de leur ville : ils vous désigneront sûrement les routes. Surtout au début du printemps et vers la fin de l’automne. « L’état des routes est terrible. Elles ne sont pas nettoyées du tout ! », se plaint la vendeuse d’un kiosque à journaux de la gare.
1
On trouve à Smolensk l’un des plus longs murs fortifiés au monde (6.5
kilomètres) avec la Grande Muraille de Chine (4.500 à 6.700 kilomètres
selon les sources) et les Murailles de Constantinople (5.6 kilomètres).
2 Il existe plusieurs versions sur l'origine du nom de la ville de
Smolensk. Une version prétend que la ville tire son nom de la tribu
antique Smolyan. Une autre mentionne
«
La route des Varègues aux Grecs
»
. La ville se trouvait au bout de la route, là où ils portaient les
navires depuis la Dvina occidentale jusqu'au Dniepr. Le portage se
faisait sur le site d'origine de Smolensk (aujourd'hui Gnezdovo) où les
artisans locaux couvraient les bateaux de résine (
«
smola
»
en russe).
3 Le 30 septembre 1933, en montant à 19.000 mètres, le ballon stratosphérique soviétique
« URSS-1 »
battait le record du belge Albert Picard qui avait atteint les 16.300
mètres l'année précédente. La cabine du ballon stratosphérique a été
construite à Smolensk et le commandant de l'aéronef Gabriel Prokofiev
venait également de la ville.
Mais cette ville située à 60 km de la frontière biélorusse n’a rien perdu de sa fierté, et ses habitants espèrent que la célébration du 1150e anniversaire de Smolensk en 2013 donnera lieu à d’importantes améliorations. De fait, la Mairie a prévu de restaurer les vieux immeubles et de réparer les routes en vue du jubilé.
Les origines de
Smolensk prennent racine dans le commerce. La légende veut que la cité
se trouvait sur la route commerciale utilisée par les Vikings et les
Grecs et qu'elle a été fondée à l’endroit même où les marchands tiraient
leurs navires du fleuve Dvina au Dniepr. La première grande bataille de
l’histoire de Smolensk date de 882, quand la ville fut prise par le
prince russe Oleg et intégrée à la Rus de Kiév.
De 1127 à 1243,
Smolensk fut la capitale de la Grande principauté de Smolensk, l’une des
plus puissantes en Russie. Au tournant du XIIIe siècle, la ville
abritait plus d’églises en pierre que n’importe quelle autre cité russe.
Deux d’entre elles, érigées au XIIe siècle, sont encore en bon état
aujourd’hui : l’église de l’Archange Michael et celle de Saint Pierre et
Paul.
Smolensk a été prise par un prince lithuanien au XIVe siècle puis
conquise, en 1514, par la Grande principauté de Moscou. En 1611, après
un siège de 20 mois, la Pologne s’en est emparée pour l’annexer
à
la République des Deux Nations. Mais la Russie a réussi à la récupérer
en 1654. La cathédrale de l’Assomption élevée alors commémore la
résistance héroïque de la ville aux Polonais.
L'Église de Saint Pierre et Paul. Crédit : Lori/Legion Media
Smolensk est à 6h30 en train de Moscou. Le billet coûte 21 euros en 3ème classe et 48 euros en compartiment. L’horaire le plus pratique quitte quotidiennement Moscou à 23h54 et arrive à Smolensk à 6h35. Cela vous permet de dormir une bonne partie de la nuit sans perdre une journée à voyager.
En 1812, la plus grande partie de la ville a été détruite par des combats féroces qui ont duré deux semaines, lorsque Napoléon battait en retraite de Moscou. Un monument de 1912, dans le Parc mémorial des Héros, commémore la bataille, avec deux aigles perchés sur un rocher qu’escalade un guerrier avec une épée.
Et la guerre de nouveau,
quand les troupes nazies ont envahi la ville, en chemin vers Moscou, à
380 km au nord-est. Les combats à Smolensk et dans les environs ont duré
de juillet à septembre 1941, retardant l’armée d’Hitler de deux mois et
demi sur son parcours vers la capitale.
Malgré cette longue
histoire guerrière, Smolensk reste plus connue aujourd’hui pour ses
origines marchandes. La ville est souvent appelée la capitale russe des
diamants, et Kristall, un important producteur de diamants européen (et
le plus grand de Russie) y est d'ailleurs installé.
Que voir en deux heures ?
Prenez un taxi ou un bus de la gare pour rejoindre en dix minutes la
cathédrale de l’Assomption (Ouspenié), au 5, oulitsa Sobornaïa Gora. C’est le joyau de la ville. Construite entre 1677 et 1772 pour
honorer la résistance de la cité aux Polonais, cette église magnifique
est restée intacte en 1812 et pendant la Deuxième guerre mondiale. Elle
s’élève à 70 m, des fondations au sommet de la croix. Après avoir
escaladé le grand escalier qui mène aux portes principales, n’oubliez
pas de vous retourner pour une vue époustouflante sur la ville.
L’hôtel « Novi » est situé dans l’un des pittoresques vieux quartiers de Smolensk et est l’endroit privilégié par de prestigieux visiteurs, dont le groupe de hard rock écossais Nazareth. « Smolenskhotel » propose 133 chambres de style européen dans le centre ville historique et le quartier des affaires.
« Smolenskaïa Krepost » sert des repas traditionnels russes préparés selon les recettes du Prince Dmitri Pojarski, libérateur de Moscou. La brasserie « Hagen » offre une large gamme de bières brassées sur place. Les habitants ont leurs préférences pour « Rousski Dvor » et de « Mandarinovi Gous ».
La surface de l’église couvre 2000 m² et l’iconostase luxueuse s’élève à 31 m. Les plus précieuses reliques sont un suaire du Christ du XVIe siècle et deux icones miraculeuses, Notre-Dame de Smolensk et Saint Séraphin de Sarov, ainsi qu’une croix de bois attribuée au célèbre artiste du XIXe siècle, Victor Vasnetsov.
L’icône de Notre-Dame de Smolensk est une copie de l’une des reliques
les plus vénérées en Russie. L’original aurait été peint par l’apôtre
Luc, du vivant de la Mère de Dieu. En 1101, le prince russe Vladimir
Monomakh a rapporté l’icône à Smolensk et a érigé la première cathédrale
de l’Assomption, sur le site de l’actuelle, pour honorer la sainte
image. Mais l’édifice a été presque entièrement détruit pendant le siège
de Smolensk par les Polonais en 1609-1611, et démonté dans les années
1670. L’icône originale a disparu en 1943 quand la ville a été libérée
des Allemands.
En sortant de la cathédrale, traversez la route et
tournez à droite jusqu’au premier carrefour, puis tournez à gauche et
longez le mur de la forteresse jusqu’au Musée de la vodka russe (4,
Stoudentcheskaïa oulitsa), qui exhibe de l’alcool de contrebande du début du XXe
siècle, des bouteilles de vodka soviétique, des affiches originales de
campagnes soviétiques anti-alcool et d'autres curiosités encore. Le
musée occupe une seule pièce et le ticket d’entrée coute moins d’un
euro.
Que faire si vous avez deux jours ?
Le village de Flionovo, à 18 km au sud de Smolensk, abrite les bâtisses
d’une ancienne école agricole et d’une bibliothèque pour les enfants
paysans, fondées et dirigées à la fin du XIXe et au début du XXe par la
princesse Maria Tenicheva, une éminente bienfaitrice locale. La
bibliothèque a été dessinée par le peintre Sergueï
Malioutine, au début du XXe siècle, en forme de « teremok », le palais
des contes russes. La partie inférieure est faite de briques et la
partie supérieure de rondins, décorés d’animaux et de frises de bois
sculpté et peint. L’école et la bibliothèque appartiennent aujourd’hui
au musée, tout comme l’église du Saint-Esprit (début du XXe siècle) et
ses icônes de la Sainte Face non faite de main d’homme.
Aucun office n’a jamais été célébré dans l’église car le c
é
l
è
bre peintre Nicolas Roerich a enfreint les canons de la construction et
le clergé a refusé de bénir l’édifice. Actuellement fermée pour
reconstruction, l’église vaut tout de même le détour pour ses extérieurs
impressionnants.
Au Teremok (nom officiel de la bibliothèque), les visiteurs peuvent
admirer les travaux sur bois exécutés par les élèves de Tenicheva et
créés par de peintres éminents du tournant du XXe siècle, dont Roerich,
Repine, et Vroubel.
Lisez sur la page 2 : Entretien avec Nikolaï Afanasiev, directeur général adjoint de Kristall, le plus grand producteur de diamants de Russie installé à Smolensk
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La Russie d'Aujourd'hui a posé quelques questions à Nikolaï Afanasiev, directeur général adjoint de Kristall - un important producteur de diamants européen et le plus grand de Russie.
Pourquoi l’entreprise Kristall est-elle installée à Smolensk ?
C’est le gouvernement soviétique qui en a donné l’ordre en 1961.
Premièrement, à l’époque, Smolensk n’avait que deux usines et pas assez
d’emplois pour tous les ouvriers. Ensuite, la ville est bien située
géographiquement, sur le chemin de fer de Moscou et l’autoroute
Moscou-Brest, avec un accès aux marchés de diamants européens. Enfin,
l’usine ne consommait pas beaucoup d’électricité, ce qui était important
dans ces années de pénurie énergétique.
Qui vous approvisionne en diamants ?
Notre principal fournisseur est Alrosa, qui nous procure les
deux-tiers de nos diamants bruts. Nous travaillons avec ces diamants de
Sakha depuis bientôt 50 ans et ne prévoyons pas de rompre cette
tradition. Le reste vient du marché secondaire.
Vos diamants sont-ils prisés à Smolensk ?
Bien sûr, les gens sont fiers de notre travail. Mais la plupart de
nos diamants sont vendus à l'étranger. Le plus gros de nos ventes russes
va à Moscou et Saint-Pétersbourg.. Mais les touristes viennent
spécialement à Smolensk pour visiter notre usine et nos boutiques de
diamants locales. Nous vendons aussi des diamants via Internet.
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