L’art de la djiguitovka

Crédit photo : Ruslan Sukhushin

Crédit photo : Ruslan Sukhushin

A l’occasion de l’année du Jubilé de diamant qui souligne le couronnement d’Elizabeth II, les cavaliers de l’Ecole d’équitation du Kremlin présenteront un programme de voltige cosaque, ou l’art de la djiguitovka. La Russie d’Aujourd’hui s’est rendue dans le petit village de Poutilkovo, à 70 km de Moscou, où les maîtres de la voltige équestre russe se préparent à cet événement de marque.

 

En ce jour de représentation, à quelques kilomètres de la capitale russe, le temps a revêtu des tons anglo-saxons. Le ciel est gris, nuageux, accompagné d’une légère bruine. Par chance, le spectacle a lieu sous un chapiteau. Avant d’entrer en scène, athlètes et chevaux s’échauffent, se préparent, et l’entraîneur donne les dernières instructions. A l’occasion du festival équestre The World comes to Windsor, donné du 10 au 13 mai 2012 en l’honneur du 60e anniversaire du couronnement d’Elizabeth II, une équipe conjointe militaire de l’Escorte de la cavalerie d’honneur du régiment présidentiel et de l’Ecole d’équitation du Kremlin se rendra en Grande-Bretagne, au château de Windsor, la résidence des monarques britanniques. Au total, treize cavaliers (dont deux femmes) et douze magnifiques chevaux de races russes, du Don et de Boudiony, seront du spectacle. A noter : l’Europe sera représentée par trois pays, la France, l’Italie et la Russie.

 

L’Ecole d’équitation du Kremlin

est un centre équestre moderne, créé pour faire renouer la jeunesse russe avec la tradition et la culture de l’équitation et promouvoir le sport équestre en tant que mode de vie sain. En 2011, l’équipe de l’Ecole d’équitation du Kremlin s’est illustrée lors du festival international des fanfares militaires Tour Spasskaïa, sur la place Rouge à Moscou, où elle a été repérée par les organisateurs du festival équestre britannique.

L’équipe de Russie a préparé pour la Reine d’Angleterre un programme éclectique. Selon le directeur général de l’Ecole d’équitation du Kremlin Boris Petrov, la représentation « doit refléter la culture et les traditions de notre pays ». Par conséquent, le programme ne sera pas un numéro de voltige habituel, mais contiendra des figures de djiguitovka (acrobatie et voltige cosaque traditionnelle), des chorégraphies et de l’escrime à cheval.

 

Au son de la cloche, les cavaliers font leur entrée dans l’arène, vêtus de costumes traditionnels et de la tcherkesska rouge, l’uniforme du régiment de la garde impériale (tunique masculine sans col), coiffés d’une toque en fourrure blanche. C’est au grand galop que les jeunes cavaliers se renversent de tout leur corps, à la verticale, jambe au ciel et tête à terre, remontent en selle, pour finir en équilibre sur le cheval, les mains libérées des rênes. Les cavalières exécutent des figures gracieuses comme « l’hirondelle » où, munies d’un long sabre cosaque, elles fendent avec précision piques de bois et bouteilles d’eau. Autre numéro qui frappe particulièrement le public : deux cavaliers, un homme et une femme, retenus par une corde, l’un allongé perpendiculairement sur le dos de l’animal, l’autre, sous son ventre, tandis que les chevaux galopent de plus belle. La djiguitovka est sans doute la partie la plus spectaculaire du programme, et fait la spécificité des athlètes russes. Il fût un temps où cet art était utilisé par les Cosaques dans les combats. Mais aujourd’hui, les cavaliers russes comptent bien créer la surprise de Windsor.

 

Au milieu de l’arène, les cavaliers organisent un combat de précision contre des pics en bois, montrant ainsi leur parfaite maîtrise du sabre cosaque. Et dans cette compétition aux allures viriles, la belle Ioulia à la longue chevelure blonde brandit son épée aussi lestement que la gente masculine.

 

Et puis brusquement, un moment de tendresse. La manifestation d’une confiance totale entre le cavalier et son cheval : trois hommes dessellent les chevaux, ne laissant autour de leur coup que de simples lanières de cuir tressées, tout en continuant leur show.

 

Difficile de dire qui, de l’animal ou de l’homme, est le plus éloquent, car les deux protagonistes montrent le meilleur d’eux-mêmes. Angélina, une des participantes, explique que pour que le cheval et le cavalier s’habituent l’un à l’autre et atteignent une confiance mutuelle, il ne faut pas moins d’un an de travail. Ce programme, l’équipe l’a réalisé en 4 mois. « A Windsor, se produiront les meilleurs ! », déclare le capitaine de l’équipe Pavel Poliakov.

 

Mais il leur reste encore un long chemin à faire : 2 500 km les séparent de Londres, deux ferries et deux jours de route. Les chevaux voyageront à bord de véhicules spéciaux, sous le contrôle rigoureux des vétérinaires. Avant le grand jour, l’équipe passera 5 jours sur place, afin de s’adapter et de se préparer à la grande fête royale.

 

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