La dernière interview télévisée du président sortant russe

Dmitri Medvedev répond aux questions de cinq chaînes de télévision russes. Crédit photo : Itar-Tass

Dmitri Medvedev répond aux questions de cinq chaînes de télévision russes. Crédit photo : Itar-Tass

Le 26 avril 2012 le président Medvedev a donné une interview à cinq chaînes de télévision russes.

Répondant à la première question d’une interview télévisée, Dmitri Medvedev a déclaré qu'au cours de sa présidence, la Russie avait fait de sérieux progrès sur la voie des libertés civiles. « Certes, peut-être que certains jugeront ces avancées timides, et que d'autres, au contraire, les trouveront formidables, en affirmant qu'il n'était même pas nécessaire d'aller si loin, et que tout allait bien. Mais, à mon avis, nous avons avancé, et avancé sérieusement ».

Medvedev a admis être insatisfait du rythme de la diversification de l'économie russe : « Je n'avais aucune illusion, je ne pensais pas qu'en quatre ans nous renoncerions aux exportations de pétrole et de gaz. Ce serait d'ailleurs néfaste, simplement parce que nous sommes réellement une grande puissance énergétique et que nous fournissons des hydrocarbures à un très grand nombre d'Etats ». Selon lui, le travail sur la diversification de l'économie a avancé, globalement, « pas trop lentement ».

La grève de la faim d'Astrakhan, de l'avis du Président, est une action politique bien calculée. « Je ne condamne personne, mais ces jeux liés à la faim m'ont rappelé une superproduction hollywoodienne assez médiocre », a déclaré M. Medvedev. Il a ajouté que de telles actions étaient normales, si elles sont maintenues dans le cadre des lois existantes.

Refusant de se prononcer sur le procès de Pussy Riot (des activistes ayant organisé une action anti-Poutine dans une église, ndlr) d'un point de vue juridique, M. Medvedev a cependant noté que les participantes avaient obtenu précisément ce qu’elles escomptaient : la popularité.

Evoquant l'affaire de MM. Khodorkovski et Lebedev, M. Medvedev a souligné que, conformément à la Constitution, ils devaient faire une demande de grâce. « Si le président gracie quelqu'un sans demande ad hoc, il viole son droit à la réhabilitation », a déclaré M. Medvedev.

Le président sortant a évoqué les manifestants qui se sont rendus en décembre et en mars sur la place Bolotnaïa et l'avenue Sakharov : « Les gens qui sont venus pour afficher leur position méritent le respect. Je crois que les décisions qui ont été annoncées en septembre ont été confirmées par la pratique politique ».

Evoquant les fraudes lors des élections, Dmitri Medvedev a promis que tous les bureaux de vote seraient équipés de machines à voter, avec lesquelles toute manipulation est impossible. « C'est un objectif du gouvernement les années à venir : créer une situation où les violations seront réduites au minimum », a dit le président.

La question de la censure sur les chaînes de télévision a été soulevée par le journaliste de NTV Alexeï Pivovarov. Il a noté qu'en tant que journaliste d'une chaîne fédérale, il était régulièrement confronté à des limitations qui ne lui permettent pas « d'exercer pleinement ses obligations professionnelles ». Ces restrictions, a-t-il expliqué, sont liées à ce qu'on appelle communément le « bon sens politique ». Dmitri Medvedev estime que la présence de censure dans les médias est un motif d'intervention de l'Etat : « La censure, je vous le rappelle, est interdite par notre Constitution, et si elle apparaît quelque part, il y a un motif pour que l'Etat intervienne ».

Pendant l'interview, le président a été interrogé sur la responsabilité personnelle du ministre de l'Intérieur Rachid Nourgaliev sur la récente réforme de son ministère. « Le ministre de l'Intérieur porte la totale responsabilité de l'état du ministère, tout comme moi. Le 7 mai, tous les ministres présenteront leur démission », a répondu Dmitri Medvedev. Toutefois, a-t-il dit, la démission des ministres au moindre faux pas pourrait entraîner l'effondrement du système. Selon le président, la réforme du ministère de l'Intérieur en est à ses débuts, et certaines infractions ne permettent pas de juger de l'état de la légalité dans son ensemble.

M. Medvedev a également expliqué que des changements se produisaient actuellement dans la configuration de l'armée. Selon lui, dans six ans, 85% des troupes serviront sous contrat, l'Armée de terre ne comptera que 15% des recrues. « Nous devons nous diriger vers une armée professionnelle, tout en maintenant un appel partiel », a déclaré M. Medvedev.

S'exprimant sur ​​les relations avec la Géorgie, Medvedev a déclaré qu'à titre personnel, il n'avait aucune antipathie pour ce pays. « Le peuple géorgien nous est proche et cher. Saakachvili, ce n'est rien, c'est un nul. Nous sommes prêts à construire des relations avec ceux qui occuperont son poste à l'avenir », a dit le président. En ce qui concerne les États-Unis, a-t-il dit, la question de la défense antimissile n'est pas close, et il reste cinq à sept ans pour sa résolution.

Les ressources du journal Kommersant ont été utilisés lors de la préparation de cet article.

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