Les « dissidents » affamés d’Astrakhan

Crédit photo : Photoxpress

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Depuis le 16 mars, le candidat à la mairie d’Astrakhan, Oleg Cheïn, et ses partisans sont engagés dans une grève de la faim pour protester contre un scrutin qu’ils jugent frauduleux, et qui a été remporté par le candidat du parti du pouvoir, Mikhaïl Stoliarov. Plusieurs personnalités de l’opposition moscovite se sont rendues à Astrakhan pour lui apporter leur soutien.

Le droit de faim


Nikita Batalov
Kommersant


Le retentissement de l’affaire d’Astrakhan est inattendu. Une annulation du scrutin remettrait en cause la légitimité des élections fédérales, ce qui voudrait dire que le pouvoir recule. L’une des exigences des opposants est l’accès aux enregistrements vidéos des 200 bureaux de vote d’Astrakhan afin de prouver qu’il y a eu fraude dans au moins un quart des bureaux, ce qui permettrait d’annuler le scrutin, espère-t-on. Mais même quand ils auront récupéré les enregistrements et qu’ils saisiront la justice, Oleg Cheïn continuera de se battre : « Nous arrêterons la grève de la faim quand nous comprendrons qu’il y aura de nouvelles élections municipales ».

Mahatma Cheïn


Éditorial
gazeta.ru


Le cas d’Astrakhan teste l’évolution du langage politique en Russie. C’est aussi un test de la capacité de l’opposition à briser la « verticale du pouvoir », qui semble s’acharner à provoquer la désobéissance civile et la résistance pacifique. Cheïn n’exige que l’accès aux éléments qui lui permettront de porter plainte pour fraude. La verticale de Poutine rebute les gens par sa manière agressive et hautaine de s’adresser à la population mécontente. L’attitude du pouvoir donne des raisons à beaucoup de gens de le considérer comme un pouvoir d’occupation. Ce qui va finir par donner naissance à des Gandhi locaux partout en Russie, à Astrakhan, Volgograd et ailleurs.

Stop à la clownerie !


Leonid Berchitski
Snob


Je fais la grimace quand j’écoute les interviews de Cheïn. Il a commencé sa grève de la faim avant d’avoir rassemblé les éléments prouvant la falsification des élections municipales et de les avoir portés au tribunal. Mais ne pas manger, se battre, planter des tentes n’a de sens qu’une fois que la justice a refusé de jouer son rôle. Si nous essayons d’ébranler le système à l’aide d’une contestation pacifique, nos actions doivent avoir l’air raisonnable. La clownerie et la déraison, ce n’est pas ce dont nous aurons besoin quand les prisons disparaîtront et que la liberté nous ouvrira ses bras. À moins que nous ne renoncions déjà aux méthodes pacifiques.

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